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Les années 1990 ont été l’apogée pour les top models starifiées et aux
salaires de star, etc. Les années 2000 sont celles du porte manteau standard sur
patte qui ne doit surtout pas sourire pour ne pas faire d’ombre au vêtement.
A croire que les banques font aussi leurs défilés.
Fini les stars de la gestion des années 1990, vive le produit et uniquement le
produit depuis les années 2000 !
A cela une raison toute commerciale, si le gérant star se trompe, les clients
changent de crémerie. Si en revanche, le client n’est pas sur le bon produit,
pas de problème dans la même banque il y en a au moins 50 autres pour le
satisfaire.
Plus encore, votre banquier censé vous conseiller avait une chance sur deux de
se tromper. Le risque était bien trop grand. Aujourd’hui, écoutez bien leur
discours commercial, c’est le client qui fait le choix. Si mauvais choix il
devait y avoir, il ne pourra s’en prendre qu’à lui même et surtout son sauveur
de banquier aura une palette bien assez large pour lui proposer une solution de
remplacement. Mais attention, une fois encore, il faudra bien veiller à ce que
ca soit lui qui en prenne la responsabilité.
Comme la ficelle commençait être un peu trop grosse, on a carrément retiré le
banquier de l’équation et maintenant votre banquier c’est vous comme dirait
l’autre !
Vive la banque privée, votre propre banque privée, ou vous êtes seul à prendre
vos décisions et à vous planter. Après tout avec internet, tout le monde a accès
à l’information, à toute l‘information c’est bien connu. Vous avez donc tout ce
qu’il vous faut pour prendre vos décisions.
Plus encore, quand on voit la performance des marchés sur les 10 dernières
années, on peut être certain que l’équation n’est pas prête de changer.
Face à ce diktat du marketing, il reste pourtant quelques solutions.
La principale d’entre elles, c’est tout ce qui est regroupé dans la gestion
alternative.
La terminologie n’est pas très flatteuse mais pourtant il s’agit bien d’une
alternative même si je suis convaincu que si vous essayez d’en parler à votre
banquier, il essaiera de vous convaincre du contraire et si ce n’est pas
suffisant de discréditer voire même de diffamer sans vergogne ces autres
solutions.
Et pourtant les temps sont durs.
En France les acteurs sont trop peu nombreux pour se faire une véritable idée de
leurs performances.
Il faut donc un fois encore traverser l’atlantique pour voir ce qu’il en est.
Barclay Hedge (à ne pas confondre avec la banque qui a un nom similaire) est une
société spécialisée dans la collecte d’information sur la gestion alternative.
Depuis plus de 20 ans, elle collecte sans relâche toutes les informations et les
performances que cette industrie rejettée dans l’ombre, veut bien communiquer.
Bilan, plus de 500 fonds sont audités et compilés dans chaque catégorie.
Les gérants alternatifs sont regroupés dans la catégorie CTA (Commodity Trading
Advisor) du nom de l’organisme qui est chargé de les autoriser, contrôler et
surveiller.
Deux grandes sous-catégories se distinguent, celle des traders diversifiés et
des traders systématiques, chacune avec plus de 350 fonds.
A noter que pour pouvoir être inclus dans les calculs de Barclay, un fonds doit
avoir une ancienneté minimale, des performances auditées et un encours minimum.
Ces 2 catégories dont les performances années après années sont assez proches,
termine l’année 2009 en recul de 3.2% avec un mois de décembre en baisse de 2%.
J’entends déjà votre banquier monter sur sa chaise et vous dire, vous voyez, je
vous l’avez bien dit, les marchés actions (si vous aviez acheté le fonds quand
personne n’y croyait du tout) ont réalisé une performance de plus de 20% en 2009
!
Sauf que voilà, 2009 est la première année en recul pour cette catégorie depuis
1999 !
Avec une performance cumulée de 61% depuis l’an 2000 (intérêt non composé en
plus), je n’ai pas besoin de vous faire un dessin pour la comparer avec celle
des marchés actions.
Sans parler de la quasi droite ascendante que la courbe de performance trace
depuis l’origine des publications de Barclay en 1987.
Et là il répond quoi notre ami le banquier ?
En général il se met à taper en dessous de la ceinture :
Oui mais voyez vous, ces fonds calculent eux même leurs performances, ils
peuvent donc afficher ce qu’ils veulent. (Sauf que le classement Barclay ne
tient compte que de fonds audités, donc qui ne calculent pas eux même leurs
performances).
De plus, ils sont basés dans des paradis fiscaux et avec tout ce qui se passe en
ce moment … vous m’avez compris ajoute t’il avec un sourire complice (sauf que
la plupart des gros fonds audités sont basés en UK ou en Suisse).
Et puis vous savez, votre argent ne sera pas vraiment en sécurité dans la banque
de la banane fraîche aux Caïmans…. (c’est pour cette raison que les dépositaires
des fonds sont presque toujours des majors internationales souvent 10 fois plus
grosses que celle ou monsieur le banquier prend son chèque à la fin du mois).
Pour autant il ne faut pas occulter le recul de 2009 même s’il est modeste car
il ne l’est pas chez tous.
Prenons par exemple les 18 fonds de tendance les plus connus (la plupart créés
par des traders issues du fameux programmes des Tortues) : le premier chiffre
donne la performance en décembre et le dernier celui pour l’année 2009 complète.
Abraham Trading -3.98% -5.56%
Aspect Capital -3.54% -9.11%
Chesapeake Capital 2.83% 0.41%
Clarke Capital -11.04% -29.78%
Drury Capital 0.08% 9.05%
Dunn Capital -5.84% -0.58%
Eckhardt Trading -5.95% -4.80%
EMC Capital -2.00% -14.29%
Hawksbill Capital -14.50% -15.32%
Hyman Beck & Co. -1.30% 3.96%
JWH & Co. -6.60% -17.28%
Man AHL Diversified -6.30% -16.40%
Millburn Ridgefield -2.28% -10.74%
Rabar Market Research -0.48% 6.93%
Saxon Investment -0.18% 10.37%
Superfund -8.31% -24.46%
Transtrend -4.79% -11.28%
Winton Capital -2.45% -4.63%
Avec une moyenne de –7.3% en 2009 la performance est significativement plus
mauvaise que la catégorie.
La taille n’arrangeant rien puisque les 3 fonds avec plus de 1 milliard
d’encours perdent plus de 10% (Transtrend gère même plus de 5 milliards).
Pourtant avec le rally qui a eu lieu sur les actions en 2009, difficile de
comprendre comment des fonds qui exploitent les tendances ont échoué si
lamentablement.
Pour côtoyer cette industrie de près, voilà les 2 raisons principales :
D’abord ces fonds travaillent en tendance sur tous les produits. Pour des
raisons de diversification ils ne peuvent pas se contenter de ne chasser que les
tendances sur les marchés actions. Or si 2009 a été marquante sur les actions,
c’est tout l’inverse sur les autres produits. Matières premières, devises et
taux n’ont jamais été aussi peu enclins à dégager des tendances de fond.
Mais bien plus problématique, tous les gérants interrogés remarquent la présence
bien plus fréquente par rapport aux habitudes historiques d’évènements de type
interventionniste. On pourrait débattre de cette remarque pendant des heures, le
fait est que les statistiques le prouvent, en faisant la même chose que sur les
10 dernières années ces fonds ont perdu de l’argent alors que globalement cela
ne leur était pas arrivé avant.
Il n’est de secret pour personne que les grands de ce monde y sont tous allés de
leur programme d’intervention pour lutter contre la crise. Je dois vous avouer
que devant les sommes rappelées dans de nombreux articles, ce n’est pas
totalement surprenant de voir de telles quantités d’argent créent des effets
secondaires comme ceux là.
Votre banquier vous dira surement que dans l’immense gamme de placements que sa
banque propose, il y en a forcément un qui sera en tête des palmarès à la fin de
l’année ou de la décennie.
Seul problème, il est incapable de vous dire lequel et espère surtout vous faire
endosser ce choix.
Aujourd’hui plus que jamais, choisir le bon produit d’investissement pour 1, 3
ou 10 ans est un exercice plus qu’incertain.
En faisant le choix de la gestion alternative, je peux vous assurer que dans 5
ou 10 ans, vos performances seront meilleures et surtout votre risque bien mieux
maîtrisé qu’avec toutes les autres alternatives. Je ne me fais guère d’illusions
sur le fait que la majorité des lecteurs de cet édito estimera que je prêche
pour ma paroisse et non par souci des autres. Pourtant, je suis vraiment sincère
quand je pense que la gestion alternative a une énorme probabilité de battre
toutes les gestions classiques au cours de la prochaine décennie.