Si dans le narratif actuel de l'IA, le marché récompense actuellement les pelles et les pioches (Des entreprises qui fournissent l'infrastructure), investir dans Nvidia, Microsoft et consorts n'a plus de sens, dans la mesure où les énormes CAPEX (Dépenses d'investissement) atteignent des niveaux irréalistes. Là où je veux intervenir pédagogiquement, c'est de savoir si la demande mondiale va être au rendez-vous. Avons-nous besoin des puces les plus performantes pour toutes les applications personnelles et professionnelles ?
Plutôt d'être exposé dans la hype de l'IA qui a probablement fait son temps, il serait intelligent de s'intéresser à d'autres secteurs de la tech qui profiteraient indirectement de cette technologie à fort potentiel, à l'instar des logiciels, plus particulièrement spécialisés dans l'architecture et la conception du bâtiment et la perspective de surfer aussi sur la transition énergétique.
Oubliez Nvidia & Co, cap à présent sur les acteurs de la prochaine vague de l'IA !
Des outils hautement incontournables

Quand je travaillais dans le bâtiment, lors de mes premières années de vie active, l'usage de logiciels était indispensable pour la réalisation de diverses tâches de modélisation des données du bâtiment (BIM : Building Information Modeling). Ce sont plus que des simples outils, mais de vrais gadgets remplis d'options technologiques qui permettent de réaliser des économies d'échelle, et donc des gains de productivité pour répondre à des besoins spécifiques.
Pour les investisseurs à la recherche de performances régulières, ces entreprises proposent généralement leurs solutions sous une base d'abonnement. Non seulement, cela favorise une récurrence de revenus, et donc une meilleure visibilité pour leurs perspectives de croissance à moyen/long terme. Mais si ses services contribuent à la satisfaction client, vous avez affaire à des entreprises indispensables dans leur domaine. Ajoutez à tout cela, la renommée de leurs clients BtoB rassure au sujet de leur sensibilité à la conjoncture économique, et également sur leur capacité à les fidéliser.
Bien faire le tri pour trouver les bons candidats
Par le biais de mon expérience professionnelle dans le bâtiment, il existe plein de logiciels d'architecture et conception du bâtiment plus connus sous le sigle de CAO (Conception Assistée par Ordinateur). Chacun d'entre eux possède des spécificités bien distinctes. Nul doute que le cloud computing et l'automatisation de l'IA sont intégrés pour apporter une meilleure touche créative et des gains de productivité.
Autocad de l'entreprise américaine Autodesk est celui qui est régulièrement mis en avant. Pour bon nombre de spécialistes, il est la référence absolue en proposant de multiples options de modélisation pour tous les corps de métier du bâtiment (Architecture, génie civil, génie climatique, génie électrique, plomberie, etc).
De l'autre côté de l'Atlantique, l'Europe n'a rien à envier avec deux candidats qui sortent du lot. Le premier est DraftSight, un logiciel collaboratif de CAO, appartenant à Dassault Systèmes, qui regorge des fonctionnalités adaptées aux architectes et ingénieurs du bâtiment. Sa particularité est de cibler les besoins potentiels des clients via des offres flexibles, ce qui réduit sensiblement les coûts de licence réseau. Le second est allemand, à l'instar de Nemetschek, qui a bâti son empire à travers une série d'acquisitions (Graphisoft, Solibri, SDS/2, Vectorworks, GoCanvas). D'ailleurs, au cours de l'année 2024, l'entreprise allemande a noué un partenariat historique avec Autodesk pour rendre les licences interopérables, c'est-à-dire que certaines fonctions de Nemetschek pourraient être compatibles sur les logiciels de son concurrent américain et vice versa.
Gare au risque d'obsolescence
Sans la moindre contestation, les logiciels d'application, quel que soit leur usage dans un domaine précis, restent des pièces maîtresses. En ce sens, ces dépenses d'investissement seront difficiles à couper par les entreprises, au risque de perdre des parts de marché. Cependant, les investisseurs devront apprendre à distinguer leur positionnement. En ce qui concerne Nemetschek, l'entreprise allemande se spécialise concrètement dans le bâtiment. Dans le même temps, Dassault Systèmes ressemble plus à une entreprise passe-partout (Diversification dans beaucoup de domaines d'activité), si bien que le marché se pose la question de l'ADN de son modèle économique.
Autre menace à considérer dans la course à la technologie, l'obsolescence, très connue des spécialistes, entraîne des problèmes asymétriques pour les entreprises. D'une part, le manque de suivi des mises à jour d'un logiciel, génère des défauts de modélisation et surtout des failles de sécurité menant vers une possible cyberattaque. D'autre part, l'utilisation d'un logiciel obsolète amène d'autres problèmes comme le manque de coordination du projet, des délais prolongés, etc. Malheureusement, sur les marchés financiers, face à ce type de risque difficile à évaluer, les investisseurs sont souvent pris par surprise, ce qui explique des mouvements excessifs baissiers.
Que retenir ?
Investir dans le secteur du bâtiment ne se résume pas uniquement à des briques, du béton, des échafaudages, des kilomètres de câbles électriques, et les équipements CVC (Chauffage Ventilation Climatisation). L'old school peut s'allier avec la technologie grâce à l'usage des logiciels d'architecture et de conception. Toute comparaison gardée, les entreprises cotées dans ce segment, se démarquent avec des taux de croissance qui n'ont rien à envier aux mastodontes de la tech.
Les investisseurs s'attacheront à être attentif à la conjoncture du marché du bâtiment, et éventuellement celle de l'immobilier. Néanmoins, les entreprises de logiciels du bâtiment ont misé essentiellement leur modèle économique sur des services d'abonnement, ce qui les rend moins perméables au cycle économique et explique pourquoi elles se traitent sur des multiples de valorisation élevés.

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