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J’ai envie d’écrire cet article depuis très longtemps mais jusqu’à maintenant
je me suis toujours dit que les données dont je dispose n’étaient pas assez
anciennes et pas assez représentatives.
Aujourd’hui BestCFD.com, mon laboratoire personnel grandeur nature qui nourrit
mes réflexions sur l’art du trading et de la nature humaine, vient de passer un
cap important au niveau du nombre d’ordre mensuel.
Si je suis content de ce petit succès, il me permet surtout enfin d’avoir une
vision de comportement de masse pour le trading des particuliers sur le CAC 40.
Avec un tel volume d’ordre et des conditions de marché aussi différentes que la
crise en 2008 ou l’un des plus fort rally haussier des 10 dernières années, je
tiens enfin ma matière première pour vous faire partager cette analyse.
Voici le graphique du nombre d’ordre par résultat de l’ensemble de nos clients
sur un an pour toutes les opérations clôturées. (Pour des raisons de
concurrence, j’ai appliqué un multiple constant à tous les chiffres pour ne pas
révéler de détail concurrentiel).
Tout d’abords quelques explications pour faciliter la lecture :
- le zéro se situe au milieu des deux plus grandes barres au centre
- chaque barre représente le nombre de trades pour une tranche de 3.3333% (donc
ceux entre 0 et 3.33, puis ceux entre 3.33 et 6.66 etc)
- L’échelle du nombre de trades (à gauche) est logarithmique car la
représentation en nombre des plus petits trades rendrait totalement illisible le
graphique
Parlons bien, parlons chiffres (je vais exprimer le résultat en pourcentage à
chaque fois sauf pour les très petits chiffres) :
- 53.5% des ordres sont clos avec un gain de 0 à 3.3%
- 40.7% des ordres sont clos avec une perte de 0 à –3.3%
- 97.78% des ordres sont clos entre –6.6% et +6.6%
- les 53.5% d’ordres gagnants de 0 à +3.3%, représente en valeur cumulée la même
somme totale (à 2000 euros près sur une somme à 5 zéros) que les 40.7% d’ordres
perdants entre 0 et –3.3%.
Premier constat
Les clients maîtrisent plutôt bien leur risque puisque les sommes s’équilibrent
sur 97.78% des opérations.
Ils laissent leurs positions perdre un tout petit peu plus que leurs gains
(puisque 40.7% représente la même somme que 53.5%).
Ils coupent donc leurs gains plus vite que leurs pertes (observation pour
l’instant valable uniquement sur la tranche –6.6% a +6.6%).
Ils recherchent en priorité le taux de réussite (on a un nombre nettement plus
important d’opérations gagnantes que perdantes pour une somme identique).
Nouveaux chiffres pour les opérations générant des gros écarts
Passons maintenant au reste des opérations, les 2.22% restantes :
- 1.44% des positions sont perdantes, 0.78% sont gagnantes
- de 6.6% à 16.7% de gain nous avons 0.63% d’opérations
- alors que de –6.6% à –16.7% nous avons 0.99% des opérations
C’est 50% d’opérations perdantes en plus que celles gagnantes sur cette tranche
(6.6% a 16.7%). Cette observation est valable quelques soient les tranches que
l’on choisit.
Zoom sur les résultats extrêmes
Analysons la dernière tranche (au delà de +16.7% et –16.7%)
- les pertes de plus de 16.7% ne représentent que 0.45% des opérations
- et les gains de plus de 16.7% que 0.15%
Comme vous pouvez le constater, le rapport est de un à trois. Sur cette tranche
l’écart est donc très important, surtout si on doit considérer que c’est ce qui
va réellement faire la différence à long terme sur le résultat d’une année de
trading.
Bilan général
Au total c’est donc 56% des opérations de nos clients qui se soldent par un
résultat positif. Petite anecdote statistique, ce chiffre est extrêmement
stable, il arrive que plusieurs jours de suite nous ne varions pas à plus de 1
ou 2% au dessus ou en dessous de cette moyenne et plus encore, c’est le 6ème
mois consécutif que ce chiffre reflète le taux de réussite mensuel à 0.3% près.
Mon analyse
Tous ces chiffres confirment ce que j’observe chaque jour dans le trading de nos
clients.
Les gens privilégient le taux de réussite. Ils sont plus capables de supporter
des sommes perdantes que la fréquence des opérations perdantes.
Le nombre de forts gains est beaucoup trop faible par rapport au nombre de
pertes fortes pour que l’espérance mathématique de gain soit positive sur le
long terme. Ils sont condamnés à perdre au fur et à mesure que le temps passe au
fil des accidents de marchés.
Malgré une assez bonne gestion de leur risque, ils ont toujours tendance à
laisser leurs pertes se creuser légèrement au delà de leur gain.
A long terme, les sommes s’équilibrent car leur taux de réussite est meilleur,
mais ils leur suffiraient d’être un peu plus stricts sur la gestion de leurs
pertes pour passer d’un trading globalement neutre à une espérance positive de
gains sur le long terme.
Le manque de rigueur est la raison numéro un de l’échec. Nous venons d’observer
des moyennes et vous avez pu voir que ces moyennes sont très équilibrées,
pourtant l’arbre penche très légèrement du coté des pertes. En fait, vu le
nombre d’opérations, l’explication se tient dans le détail. Souvent c’est une
seule et unique opération ou deux sur une très longue période qui feront toute
la différence. Si ces deux opérations sont en perte, le client se retrouvera sur
les branches de gauche du graphique alors qu’avec un ou deux gains, il serait à
droite, l’endroit où tout le monde désire être...
Ce que vous devez conclure
Je n’arrête pas de le dire, le trading est simple et ces chiffres le confirment
avec force :
Le taux de réussite ne doit pas être un objectif.
Le ratio gain par rapport à la taille moyenne des pertes est bien plus
important.
La majorité sait gagner mais ne sait pas transformer les bonnes idées en gains
significatifs.
Et trop souvent, les clients se laissent emporter par le mode espoir laissant
leurs pertes se creuser en espérant qu’elles repasseront un jour en gain avant
finalement de se résigner quand souvent les dégâts sont déjà trop forts.
Mes surprises
A titre personnel, je suis surpris par deux choses supplémentaires qui ne
transparaissent pas dans ces statistiques.
Dans l’ensemble les clients sont bien meilleurs qu’ils ne le croient eux même.
Ils font peu d’erreurs mais toujours la même. Ils sont à un détail près
d’acquérir cette maîtrise du trading qui va leur permettre de rejoindre le camp
des gagnants à long terme mais souvent, ils ne l’obtiennent jamais ou bien ils
mettent un temps infini.
Ne me demandez pas ce qu’est ce détail, vous le savez très bien. Quand j’analyse
leur trading, je ne sers que de révélateur. Au moment de ma conclusion, ils me
disent tous : « je le sais, j’essaie de travailler ce point précis et pour le
moment je n’y arrive pas ».
La seule différence entre ceux qui gagnent et ceux qui perdent c’est la rigueur
dans leur suivi.
Les bons ne feront jamais la faute de trop et quand ils commencent à se mettre
en difficulté ils ont tous la sagesse de se retirer du jeu et souvent d’arrêter
pendant quelques temps avant de revenir.
J’ai déjà écrit : gagner en trading n’est pas amusant, n’est pas ludique, c’est
contraignant et castrateur. Au fond de moi, je crois juste que la différence
entre les gagnants et les perdants repose sur le fait que certains ont choisi de
s’amuser alors que les autres ont choisi de gagner et qu’ils en acceptent les
conséquences.
Si on faisait passer une annonce pour recruter un trader en décrivant uniquement
le travail à faire avec ces contraintes, nous n’aurions probablement quasiment
aucun candidat alors que devenir trader est le rêve d’une majorité. C’est bien
la preuve qu’on ne va pas au travail pour son job mais pour le salaire qui tombe
en fin de mois.