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Et si on faisait l'inverse des mauvais traders, on deviendrait bon ?

Par Samuel Rondot

samuel rondot

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Lorsque j’ai débuté ma carrière de courtier en bourse j’étais fasciné par les clients qui perdaient. D’abord juste en tant que spectateur. Pour voir ce que les gens sont capables de s’infliger, financièrement et moralement. Ca vaut largement toute les télé réalité du monde, en moins léger malheureusement.

On ne va pas se lancer ici dans une analyse psychologique (dont je serais bien incapable) mais il est sûr que certaines personnes font exprès de s’auto détruire, c’est pas possible autrement.

Mais surtout en tant que technicien. Il est évident pour tout le monde que si on tombe sur une très mauvaise technique alors il suffit de faire l’inverse (si c’est possible) pour en avoir une bonne. J’étais donc très enthousiaste à l’idée d’étudier de près ce que font ceux qui perdent pour prendre leur pendant et développer une solide technique à profits.

Je dois vous le dire tout de suite, mes attentes ont été douchées et si j’avais réfléchi 5 minutes, j’aurai pu deviner ce que j’allais observer. Le premier constat est qu’il y a 2 façons de perdre, je les appellerai « être dans la pente » et « l’accident ».

Un client qui est dans la pente, voit son compte s’enfoncer jour après jour inéluctablement (il y a parfois des rebonds techniques mais ils sont rares). Alors que celui qui va croiser l’accident va « sauter » lors d’un seul (ou très peu) de trade.

Commençons avec le trader « accident ». Typiquement c’est celui qui va nous intéresser le moins si on envisage de faire l’inverse (à tord j’y reviendrai) puisque comme chacun d’entre nous cherche le confort, on veut une méthode avec un taux de réussite important pour gagner. Or ce trader n’est pas si mauvais (au sens comptable du terme), souvent même il gagne régulièrement parfois même pendant plusieurs semaines : il enchaîne les trades gagnants, son taux de réussite global dépasse souvent 70%.

En fait, tout le problème vient du fait que pour obtenir ce taux de réussite, il accepte dans son trading des choses qui le conduiront forcément à la ruine.
La constance de ces traders, c’est tant que je n'ai pas vendu, je n'ai pas perdu : ils passent tous un temps considérable en pertes sur leurs positions.

Ils entrent sur le marché, peuvent même parfois commencer par gagner, puis ils se mettent à gérer leur perte (ou plutôt l’observer car concrètement ils ne font rien). Ceux qui cherchent le plus les ennuis nous font une jolie moyenne de leur position en doublant ou triplant leur position après une perte déjà substantielle.

Et puis ils attendent, ils attendent, comptent leur perte, parfois même l’ignorent totalement (ils ne se connectent même plus sur leur compte) et puis si jamais elle repasse un jour en positif, ils coupent avec 3 centimes de gains.
On pourrait se dire que la leçon a du être douloureuse et qu’ils vont avoir tirer des enseignements. C’est généralement le cas de la première partie, ils ne tradent plus pendant quelques jours, mais quand ils reviennent, c’est pour reproduire à l’identique leur plan de trade.
Alors un jour, le marché va trop loin contre eux et le compte « saute ».

Evidemment, la vitesse de destruction dépendra de leur malchance a rencontrer un mouvement de marché violent mais surtout de la taille du levier engagé.
C’est simple, la règle de base, c’est que tous ceux qui tradent comme ça on une durée de vie inférieure à 6 mois s’ils ont un levier supérieur à 3 (oui vous avez bien lu « trois », ce n’est pas une faute de frappe).

Le client le plus prometteur c’est celui qui est dans la pente. Il perd régulièrement avec une constance déconcertante !! Alors si on fait l’inverse, on doit gagner régulièrement non ? Et bien malheureusement non.

Les pertes de ce type de trader sont dues à 2 facteurs : son manque total de méthode (difficile donc de faire l’inverse de n’importe quoi) et surtout la très haute fréquence de ses trades. La plupart du temps il dépense tellement en courtage et en spread que son histoire est écrite d’avance.

Chaque opération d’achat ou de vente implique du courtage et de faire un effort pour aller à la rencontre de la contrepartie (les vendeurs si on achète et réciproquement). Cet effort s’appelle la fourchette ou spread, c’est l’écart entre le prix offert et demandé sur le marché. Chaque fois que je passe un ordre, si je veux vraiment obtenir ce que j’essaie de négocier, alors je dois aller à la rencontre du prix marché.

Or il est impossible de profiter techniquement de cet écart puisqu’on ne peut pas être en première ligne du carnet au moment même ou ces traders vont passer leur ordre (sur tous les marchés du monde c’est la règle de celui qui est arrivé il y a le plus longtemps qui sera servi le premier). Il paraît qu’un certain Bernie était parvenu à développer une technique comme celle là mais quand on voit la note qu’il va devoir régler et depuis l’endroit ou il va passer les 150 prochaines années, ca vaut peut être pas la peine de se pencher sur le dossier.

Dans un précédent article j’ai déjà parlé de ceux qui gagnent. Quand on oppose leurs techniques à ceux qui perdent on se rend bien compte qu’ils font exactement l’inverse. La mauvaise nouvelle c’est que pour en profiter il faut vraiment être un gagnant et que ca ne servira a rien de faire l’inverse de ceux qui perdent.

Pour mémoire je rappelle très vite qu’un faible nombre parvient à appliquer avec succès à long terme la méthode qui mène à leur fin les clients accidents mais uniquement car ils ont un levier faible et une gestion du risque maximum qui les empêchera de « sauter ».

Quand au plus grand nombre de gagnants, ils font simplement l’inverse, c’est à dire qu’ils coupent un grand nombre de positions avec des petites pertes et qu'à de rares occasions ils vont porter une position pour produire des gains très très importants (dans le sens de la tendance). C’est donc eux qui gagneront le jour ou les clients accidents vont « sauter ».

Quand à ceux qui sont sur la pente, seul le courtier est le vrai gagnant, dommage pour moi qu’ils ne soient pas plus nombreux et qu’ils n’y restent pas plus longtemps...

Samuel RONDOT

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