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Faut il de la chance pour gagner en bourse ?

Par Samuel Rondot

samuel rondot

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Faut il de la chance pour gagner en Bourse ? Une question que de nombreux clients me posent régulièrement. A force d'y répondre par petits bouts, voici un papier synthèse.

De la chance ? Pas forcément. Il faut surtout être prêt à réagir le jour ou on aura de la malchance !

Chaque trader va un jour ou l’autre rencontrer une période noire dans son trading. Ce ne sera pas à ce moment là qu’il faudra réfléchir à la meilleure stratégie. Je suis convaincu que ce qui fait la différence entre ceux qui réussissent en trading et les autres, c’est leur façon de réagir dans l’adversité.

Je vois se répéter sur des centaines de comptes clients les mêmes "patterns" entraînant l'échec.

Si je devais formuler une synthèse de toutes ces expériences extrêmement intéressantes à analyser pour progresser, c'est que les débutants ou les candidats à la fortune dans le trading s'en sortent plutôt pas mal au niveau du timing : j'ai calculé au mois de mars le taux de réussite sur l'ensemble des opérations réalisées sur Forex et indices boursiers sur BestCFD. Plus de 30.000 au total. Je suis arrivé au chiffre incroyable d'un taux de réussite de 58% !


Pourtant, malgré cette bonne base, la majorité a perdu.

A chaque fois, il a pratiquement suffit d'une ou deux opérations pour mettre à mal tout l'édifice construit ! Voilà le secret de trading, le vrai.

J'ai récemment vu un reportage sur Michel Desjoyeaux qui a gagné une deuxième fois le Vendée Globe. Loic Peyron disait de lui qu'il a commis pratiquement aucune erreur humaine. Parti dernier avec 40 heures de retard suite à un problème mécanique sur la ligne de départ, il a fini premier avec 6 jours d'avance sur le second.

En matière de trading, c'est la même chose : il faut se préparer à l'avance à gérer les unes ou deux opérations par mois qui ont le pouvoir de laminer votre performance mensuelle.

OBTENIR UN AVANTAGE SUR LE MARCHE

Souvent on pense que le plus difficile pour réussir en bourse c’est de développer un avantage.
Sans avantage, trader c’est comme jouer au loto ou à la roulette. Sauf qu’en bourse, les intermédiaires sont bien plus gourmants que le casino ou la française des jeux. Si l’un se contente du 0 et l’autre de ne pas redistribuer tous les gains misés, les intermédiaires financiers multiplient les petites lignes pour faire fondre votre capital bien avant que vous n’ayez risqué le moindre centime en bourse. 

Développer un avantage, c’est mettre en place une technique qui permet de faire mieux que le marché contre lequel on se bat. 

De très nombreux traders sont convaincus qu’il suffit d’accompagner la tendance. Mais si cela aide à faire 20% quand le marché fait +20 ou souvent +25%, c’est aussi la route la plus sûre vers une performance de –20% quand il fera –15%. Si l’on se base sur la conviction qu’à long terme la bourse ne peut que monter alors dans ce cas, nul besoin de faire du trading et de multiplier les risques de ne pas suivre le marché et les frais, mieux vaut choisir le tracker le moins cher, le courtier le meilleur marché et ne plus bouger.

Le trading, c’est bouger pour essayer de faire mieux que le marché. On serait bien sur tous ravis de faire +50% quand le CAC fait +18% mais l’objectif pour beaucoup de traders c’est surtout de faire progresser son capital quelles que soient les conditions de marché. Que le marché fasse +15% ou –15% celui qui fait croître son capital, même de 4 ou 5%, fait toujours mieux que le meilleur produit disponible sur le marché. D’ailleurs si c’était si facile de faire mieux, vous ne croyez pas qu’il y aurait une myriade de produits pour vous offrir ce rendement ? Alors pour faire rêver, puisqu’il n’y a que cela qui retient l’attention, admettons que nous avons développé une méthode qui vous permet de faire une performance de +30% chaque année.

Vous croyez avoir fait le plus dur ?

Pas tout à fait. Maintenant que vous avez la méthode, il va falloir la suivre. Le premier ennemi, c’est soit même.

Mais il y aussi un autre ennemi beaucoup plus sournois que l’on a tendance à sous estimer : le hasard. Oui : la chance ou la malchance peut aussi décider de votre avenir en bourse. Et vous auriez tort de l’ignorer, ce serait le premier pas vers la ruine. 

C’est ce qu’on appelle aussi la répartition aléatoire des gains et des pertes. 

Prenons le cas ou vous avez su développer une méthode qui vous donne un avantage sur le marché. Cet avantage est quantifiable. Parmi les très nombreuses statistiques que vous avez pu tirer de l’observation de votre technique dans le passé retenons juste le taux de réussite. Si je suis ma méthode à la lettre, je vais parfois gagner et parfois perdre. Si c’est une bonne méthode, je vais gagner plus que ce que je ne vais perdre en moyenne pour que le résultat final soit positif. Or je viens d’inclure une notion fondamentale : j’ai dit en moyenne.

Cela sous-entend que c’est valable sur un nombre important de positions. Bien évidemment on ne pourrait pas dire cela de chaque position. Et c’est là ou mon amie la chance ou plutôt mon ennemie la malchance vient jouer les troubles fêtes dans mon scénario parfait qui doit m’amener vers la fortune.

Pour illustrer le problème, prenons un exemple concret.

Je prends une technique qui me donne un taux de réussite de 6 positions gagnantes sur 10. Je pars du principe que ce taux de réussite sera stable dans le futur (on pourrait imaginer d’autres cas pour noircir le tableau). Si j’observe les 10 prochaines opérations que je vais faire avec ma technique, j’ai donc toute les chances que ma série de gains et pertes soit la suivante : (les gains sont représentés par +1 et les pertes –1) : 

+1,+1,-1,+1,+1,-1,-1,+1,+1,-1 ou encore -1,-1,+1,+1,+1,-1,+1,+1,-1,+1 

Les combinaisons sont nombreuses. Parmi elles, on ne peut pas affirmer qu’une est plus probable que l’autre. Si j’ai déjà la chance d’avoir une méthode qui me donne une espérance de gain largement positif, je ne peux pas non plus lui demander d’être parfaite et ne jamais avoir de répartition des gains ou des pertes qui testera ma résistance. Un jour j’ai donc la probabilité d’avoir la série suivante : 

+1,+1,+1,+1,+1,+1,-1,-1,-1,-1 ou bien que –1,-1,-1,-1,+1,+1,+1,+1,+1,+1 

Et c’est là que les choses se compliquent sérieusement. 

Comment va t’on réagir dans le dernier exemple après les 4 premières positions négatives ? 

J’ai pris un exemple caricatural avec 10 positions. Mais dans votre vie de trader, je peux vous assurer que vous allez forcément un jour (ou même souvent) rencontrer une situation de ce type là ou pire. Et plus que votre méthode, que votre gestion du risque, cela va certainement décider de vos performances à venir en trading.

Il n’y a pas de recette miracle.

La pire des solutions c’est que le nombre de positions perdantes soit élevé mais en plus que la taille de chacune de ces pertes soit historiquement forte par rapport à vos habitudes. Vous perdez plusieurs fois d’affilé et vous perdez beaucoup. 

Ensuite on peut faire l’hypothèse que votre technique cesse de fonctionner (mais même dans ce cas gardez à l’esprit qu’on ne passe pas du tout au tout en quelques positions).

Et le meilleur des cas, c’est tout simplement que vous êtes victime d’une mauvaise répartition des pertes au fil du temps.

Pourquoi c’est le meilleur des cas ? Parce que la suite de la série va compenser et rattraper la tendance historique de votre méthode. Dans notre exemple, vous allez avoir 6 gains après avoir eu 4 pertes. Alors que dans les autres cas, le retour à la normale prendra beaucoup plus de temps, ou tout simplement ne se fera pas.

Quand on s’appuie sur une méthode qui a fait ses preuves et qui continuera à les faire, cette mauvaise série s’appelle un drawdown. C’est le montant maximum de perte de cette méthode.

Quand on est totalement discrétionnaire, on appelle ca une baisse de forme. Alors que le trader n’est probablement pas en question.

La différence sur votre compte de trading va se faire dans votre façon de réagir face à un tel évènement.

La pire des solutions, c’est de ne pas assumer les pertes. C’est de couper et d’arrêter le trading après une telle série.

Prenons le cas ou c’est une véritable mauvaise répartition avec une concentration des pertes au fil du temps avant une concentration de gains. Si vous craquez et que vous arrêtez temporairement le trading après la série de perte, vous avez subit les pertes en position et vous ne serez plus dedans lorsque les gains vont se réaliser.

Si vous ne pouvez pas assumer une série exceptionnelle de pertes, c’est que vous êtes trop exposé. Chaque trader dans sa vie va devoir passer au travers de plusieurs périodes de pertes concentrées. Il est très facile de subir les pertes, il est beaucoup plus difficile de prendre les gains, tous les gains.

C’est la raison pour laquelle le trading systématique présente un avantage considérable sur le trading décisionnaire.

Avant de passer un ordre, la machine ne réfléchit pas, elle ne sait pas si elle vient de perdre ou de gagner, elle ne sait pas si elle clôture une position gagnante ou perdante, elle ne sait pas si elle clôture une position gagnante de quelques centimes ou si au contraire elle vient de faire une performance exceptionnelle en un seul coup.

Même lorsqu’on possède une technique dans laquelle on a confiance, ces décisions doivent être mûrement réfléchies.

En bourse, il est facile de perdre, mais très difficile de gagner.

Je ne dois surtout pas me mettre dans une situation qui me ferait manquer ces phases de gains. Mais je dois toujours avoir à l’esprit que je dois protéger mon capital, c’est mon seul outil de travail.

Conclusion :

On dit toujours que chaque trader aura probablement fait faillite au moins une fois dans sa vie avant de réussir. C’est simplement l’apprentissage que même avec la meilleure technique le hasard a encore toute sa place et que nous devons toujours prévoir la pire des situations quand nous choisissons notre risque. Mais souvent l’avidité nous aveugle et nous conduit tous vers la ruine au moins une fois.


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