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Samedi le Financial Times relatait quelques chiffres significatifs.
Le Royaume Unis a pris dans les 18 derniers mois, deux décisions sans en mesurer
toutes les conséquences.
1/ ils veulent durcir les règles de contrôle et surveillance des hedge funds.
2/ ils ont augmenté la tranche marginale d’imposition à 50%.
Résultat, avant même que ces règles n’aient eu le temps d’être mise en œuvre, le
FT relate que sur les 4000 emplois de l’industrie des Hedges Funds à Londres,
déjà plus de 1000 ont déménagé à Genève ou autres cieux plus cléments. Dans les
départs, de sérieux clients avec les numéros 1 et 3 mondiaux qui font partie du
voyage.
Le FT estime le manque à gagner fiscal à 500 millions de livres.
Mais attention, 500 millions juste pour la première année et juste de rentrées
fiscales directes
.
Combien croyez vous qu’un salarié bien payé de Hedge Fund dépense par mois dans
l’économie locale ?
Combien croyez vous que ces mêmes personnes représentent en impôts indirects ?
Et on ne parle que de l’industrie des Hedges Funds…
Alors bien sur dans un monde de milliards de dettes, on peut se dire 500
millions de livres, soit à peu prêt 600 millions d’euros, finalement qu’est ce
que c’est aujourd’hui ?
600 millions d’euros c’est la somme que la France rembourse au titre du bouclier
fiscal cette année par exemple. Ce fameux bouclier dont il n’y a pas un jour
sans qu’on nous bassine avec les inégalités.
600 millions c’est aussi (seulement) 5.5 jours d’augmentation de la dette
nationale française (qui augmente en ce moment de 110 millions par jour !).
Cette volte face fiscale est assez nouvelle en Grande Bretagne mais pas sans
précédent, rappelez-vous que Londres abritait une énorme communauté d’étrangers
qui était venue chercher une particularité fiscale : les contribuables
non-résidents ne payaient des impôts que sur leur revenus nationaux et pas sur
leurs revenus mondiaux comme c’est le cas presque partout ailleurs. C’est
notamment grâce à cette règle que Londres était la capitale qui accueillait le
plus d’oligarques russes.
Dès l’annonce de cette réforme, les sociétés de déménagement à Londres ont reçu
tellement de demandes que le gouvernement a été averti de l’énorme danger de sa
réforme et que quelques jours plus tard, il faisait volte face en proposant un
ticket fiscal unique de 32 000 £ pour s’affranchir de tous les impôts mondiaux.
Le coup de chaud passé, certains ont annulé leur départ mais la disponibilité
moyenne des sociétés de déménagement s’est allongée de plus de 3 mois pendant
toute la première année.
Il y a 10 ans, quand j’ai quitté la France, mon départ a suscité beaucoup
d’incompréhension parmi mes proches.
Maladroitement à l’époque je me suis justifié par la recherche d’une fiscalité
moins lourde. En réalité, ce n’est pas cela que je suis allé chercher (d’abord à
Londres puis ailleurs) mais il m’a fallu une expérience supplémentaire pour le
comprendre.
Je n’ai jamais cherché à ne pas payer d’impôt. Personne ne peut contester le
principe même de la solidarité et je n’ai pas de problème à payer ma part
aujourd’hui.
En réalité, un très très grand nombre de personnes dont je fais partie, qui ont
pris la décision de s’expatrier et que j’ai rencontré depuis, sommes tous allés
chercher un contrat fiscal et non pas une situation fiscale.
La plupart des gens qui font cette démarche sont des entrepreneurs et ce dont un
entrepreneur a besoin, c’est de savoir à quelle sauce il va être mangé pendant
toute la durée de son projet ou au moins une grande partie.
Les gens qui nous gouvernent réfléchissent à court terme. La seule chose qui les
préoccupe, c’est leur futur mandat bien avant leurs devoirs.
Depuis que les pays riches ont mis le doigt dans l’engrenage du crédit, tous les
gouvernements, de droite comme de gauche, essaient comme ils le peuvent de
boucher un tant soit peu le trou.
Sauf que tous font la même erreur, à l’heure de la mondialisation il y aura
toujours un paradis plus attirant que le précédent.
En France dans les années 90, j’ai vu chaque gouvernement rogner sur ceux qui
avaient du potentiel.
En Angleterre début 2000 pendant près de 10 ans, j’ai vu le phénomène se
reproduire à l’identique. Ils avaient la croissance la plus forte de l’Europe et
au lieu de se prémunir et d’en mettre de coté, ils ont bouclé tous leurs budgets
en déficit sans exception. Et pour essayer de le financer ils ont tapé d’abord
sur ceux qui avaient le moins de chance de se révolter : les petites structures
et autres artisans.
Aujourd’hui, ils n’ont plus le choix, le problème est tellement grave qu’il faut
taper plus fort et plus large mais pour quelques millions qu’ils vont gratter en
plus sur ceux qui restent, combien de milliards en taxes directes ou indirectes
en consommation vont t’ils perdre ?
Le plus écœurant dans cette histoire, c’est que plutôt que de réfléchir à des
solutions plus intelligentes (ils auraient aussi été assez malins de ne pas s’y
mettre dans ce bourbier..), il est tellement facile de taper sur les solutions
de rechange.
Les paradis fiscaux c’est mal … faisons les disparaître
La bourse et ces milliards échangés c’est mal …. Taxons les avec la loi tobin
Et j’en passe …..
Rappelons quand même qu’il n’y aurait pas de paradis fiscaux s’il n’y avait pas
d’enfers fiscaux et que si on taxe certains types de transactions, on ne tardera
pas à voir éclore de nouvelles bourses ou marchés sans celles-ci.
Il fut un temps ou un vote lors d’élection nous donnait vraiment une chance de
faire changer les choses.
Aujourd’hui il faut être clair, la situation est telle que ce n’est plus
possible. Les anglo-saxons l’ont compris depuis bien longtemps, on ne compte
plus les départs chaque année vers des cieux plus cléments en fonction de ce
qu’on recherche à chaque moment de sa vie.
Vive la mondialisation, vive la banalisation des grands trajets, vive le
nomadisme économique !!
Pourtant il y a des solutions :
- Prenons l’exemple des contrats fiscaux. Les riches et les entrepreneurs (qui
sont quand même souvent les mêmes) n’en ont pas marre de payer des impôts, ils
en ont marre de voir les règles changer tous les 6 mois. Mettons en place la
possibilité de figer les choses pendant plusieurs années.
- On songe à exonérer d’impôts ceux qui veulent ramener de l’argent caché
ailleurs, pourquoi ne pas plutôt proposer un environnement fiscal avantageux
pour ceux qui ont le mal du pays.
- Pourquoi ne pas lutter contre les zones économiquement avantageuses en créant
les nôtres, genre zone franche ou zone de compétitivité.
- Pourquoi ne pas mettre en place dans une région une fiscalité spécifique pour
rassembler des activités complémentaires afin de les renforcer et de les
stimuler.
- Etc, etc … Je suis certain que si mes idées sont foireuses, il y en a bien
plus de vraiment meilleures.
Ah oui j’oubliais, c’est tellement plus simple d’augmenter les impôts, de taper
sur ceux qui ont de l’argent.
C’est tellement plus simple de promettre à la majorité et de prendre aux moins
nombreux.
C’est tellement plus simple de faire des promesses qu’on ne pourra jamais tenir
que d’être créatif et visionnaire.