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Nanex, une fois n’est pas coutume, vient de publier le compte rendu de leurs
recherches sur les flashs crash.
Ils sont partis des hypothèses suivantes :
Un flash crash est caractérisé par un mouvement brutal de plus de 0.8% à la
hausse ou à la baisse créé par plus de 10 cotations en moins de 1.5 secondes.
Personnellement, je trouve les conditions un peu larges pour que ça soit
vraiment du flash crash, mais les conclusions ne seront pas différentes et je
n’ai certainement pas la matière à ma disposition pour recompter derrière eux.
Ils ont donc compté toutes les occurrences jour par jour depuis 2006.
Résultat total : 9266 flashs crash sur des titres à la baisse, 8943 à la hausse.
Plus intéressant encore, ils ont illustré le nombre pour chaque jour sur ce
graphique :
Et là, il y a un certain nombre d’enseignements :
- Avant novembre 2006, ces flashs crash n’existaient pas ou tellement peu qu’on
peut mettre ça sur le compte de mouvements normaux de marché (par exemple un
gros ordre).
- Il y a quasiment tout le temps un nombre équivalent à la hausse et à la
baisse. Cet argument ne va pas dans le sens des conspirateurs qui voient dans
les agissements des HFT l’intention de faire crasher tout le système.
- Le nombre de flashs crash est très fortement corrélé à la volatilité du
marché. C’est à dire que plus le marché est animé, plus il serait facile pour
les HFT d’en provoquer ; à moins que ça soit, plus le marché est animé, plus les
conditions sont réunies pour que ça se passe. Qui de la poule ou de l’œuf ? Vous
connaissez la suite ...
- Sur la partie basse du graphique avec l’échelle logarithmique, on voit que le
pic a été atteint en octobre 2008 lors des pires heures de la crise boursière
avec presque 500 flashs crash par jour pour les baisses. Mais si j’ai de bons
yeux, ces jours là aussi il y avait presque autant de flashs crash à la hausse.
- Depuis juin 2009, à part quelques situations isolées, le nombre quotidien est
très loin des exagérations de 2008. D’ailleurs, on est à peine supérieur à
l’avant HFT en 2006.
- Pour autant dans cette période plus calme, surgit de nul part le flash crash
le plus célèbre le 6 mai dernier.
En tant que trader actif, je ne peux pas avoir changé d’avis. Les agissements
des HFT sont dangereux pour la structure même du marché.
D’ailleurs depuis quelques jours les intentions politiques se multiplient pour
que, au moins en Europe, des mesures soient prises pour limiter les effets.
Juste avant de refermer la parenthèse, je voulais rappeler que la corrélation
entre les bourses est telle que tant qu’il n’y aura rien de fait aux USA, le
danger ne sera pas écarté. Car même avec des mesures en Europe, un problème
systémique outre atlantique nous enverra quand même à terre, c’est certain.
Il est probablement plus facile de faire le premier pas ici en Europe puisque ce
n’est pas le terrain de jeu préféré de ces acteurs et probablement encore moins
le territoire de leur camp de base.
Alors même si c’est une petite victoire, si les politiques européens mettent
leurs menaces à exécution et vont jusqu’au bout en faisant appliquer de
nouvelles règles, on ne va certainement pas leur reprocher, mais il faudra aller
au bout.
Pour une fois politiques, étonnez-moi s’il vous plait !
Ceci étant dit, je dois avouer que je suis quand même surpris par ce graphique.
Je ne m’attendais certainement pas à voir une telle réduction du nombre et de la
fréquence depuis plus d’un an.
Malheureusement, le grave accident boursier du 6 mai n’est pas très rassurant
car il confirme qu’il n’y a pas besoin d’une haute fréquence de problème pour
que les algorithmes partent en vrille sur une seule séance.
J’aurais presque préféré l’inverse. Il aurait été facile de développer une sorte
de filtre qui nous aurait tenus à l’écart si le marché était trop propice à un
de ces accidents.
Nanex a publié le 29/11 et depuis ce jour j’ai ce graphique en fond d’écran pour
y réfléchir.
D’un point de vue trading pur, je m’attendais vraiment à voir une inflexion à
partir du mois d’avril de cette année puisque c’est là que tous les acteurs du
trading systématique ont noté ensemble un marché plus facile (du point de vue
des habitudes historiques). Ce n’est pas le cas, loin de là.
Finie ma théorie personnelle selon laquelle c’est le HFT qui brouillait les
cartes.
A moins que ça ne soit que l’arbre qui cache la foret ?
Je suis convaincu que ces flashs crash ne sont pas voulus par ceux qui les
créent et qu’ils sont des dommages collatéraux du type de trading HFT.
La très forte diminution peut être le simple résultat qu’après avoir laissé leur
algo faire un peu n’importe quoi, les acteurs se sont responsabilisés avec la
baisse de la volatilité. Cela est tout à fait probable.
Donc le nombre d’accidents n’est probablement pas lié au nombre d’acteurs du HFT
ni à leurs volumes d’actions.
Il n’est donc probablement pas possible de savoir si c’est bien la réduction de
leur activité qui laisse un marché plus facile depuis avril.
Vous devez avoir la sensation que je réfléchis à voix haute, et bien c’est
exactement ce que je fais.
Je m’attendais à ce que ce graphique réponde à beaucoup de questions encore en
suspend. Et bien c’est tout à fait l’inverse, il en soulève encore plus.
Pour autant il me paraissait évident que je devais le partager avec vous.