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Coronavirus : et si le remède était pire que le mal ? - Page 4



MITTE MITTE
21/03/2020 06:59:47
2

Trop top la vidéo As du Pif !

Je ne suis pas Confinement

  
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mariusb mariusb
21/03/2020 05:43:21
5

Personne ne pose jamais la question du bien fondé du confinement. Ni l'opposition, ni aucun intervenant nulle part. On critique le gouvernement pour des motifs légitimes ou pas mais sans jamais remettre en cause le confinement qui est pourtant une décision lourde, d'autant qu'on parle déjà de prolongement de plusieurs mois (ce qui veut dire que l'idée des deux semaines ne servait qu'à faire passer la pilule, il n'a jamais été question d'en rester là). Pendant des semaines et des mois, il a donc été décidé de suspendre les libertés publiques fondamentales, créer une situation anxiogène, voire de panique (à tel point d'ailleurs que le confinement inquiète plus que le virus) et de mettre à l'arrêt toute l'économie. Ce n'est pas anodin et pourtant, aucune objection, c'est tout à fait malsain, le confinement devrait au moins être discuté. L'histoire a montré que quand les gens vont tous dans le même sens sous l'emprise de la panique ou du fanatisme, en général, ils vont à l'abattoir. C'est exactement pour cette raison que, dans mon métier, je me méfie plus encore plus que de la peste des marchés qui montent ou descendent en ligne droite.


Le mal

Le mal, c'est 1% de mortalité, si l'on se base sur la Corée et Taïwan qui ont testé massivement leur population. Un peu plus ou un peu moins selon les moyens du secteur santé. Si on ne prennait aucune mesure, on arriverait paraît-il à 50-70% de la population contaminée. En France, ça ferait dans les 350000 morts. On arrive au même ordre de grandeur que les 500000 morts au UK avancés par une étude Britanique. A noter que, parmi ces 350000, un nombre significatif seront des personnes -très- âgées et fragiles qui seraient décédées de toute façon. Ce n'est pas méchant ni cynique, c'est juste réaliste.
Voilà à peu près le coût si rien n'est fait, c'est-à-dire si les gens continuent à aller dans des lieux publics bondés sans prendre aucune précaution. Une simple fermeture des lieux publics les plus bondés réduirait déjà considérablement les pertes.


Quid du coût du confinement ?

Premier problème : l'impact sur les gens qui seront ainsi mis à l'isolement.
Il sera sans doute moindre si vous vivez à 3 ou 4 dans une baraque de 200 m2 avec un jardin pour vous aérer que si vous êtes tassés à 6 dans 30m2. Je ne crois toutefois pas une seconde que l'on puisse enfermer les gens chez eux pendant des semaines sans qu'il n'y ait d'accès de folie plus ou moins graves. D'autant que l'on empêche les gens de se promener avec des règles dont on comprend assez mal le fondement. Ainsi, la promenade quotidienne devrait rester dans un rayon de 200m, je comprends mal pourquoi être à 600m augmente le risque de contamination, l'important est plutôt de ne pas approcher d'autres personnes. Finalement, ceux qui augmentent les risques, ce sont les flics qui contrôlent puisqu'ils sont, eux, obligés de parler aux gens, souvent sans aucune protection. Toujours est-il que les gens finiront par devenir dingues si on les enferme pendant des mois.


Second problème : l'adhésion -ou pas- de la population

Que cela plaise ou non, l'unité nationale autour du pouvoir actuel que beaucoup appellent de leurs voeux n'est pas possible. On peut toujours dire que les uns ont tord et les autres raison mais le problème n'est pas là. Le problème est que disons entre 40 et 70% de la population a une haine vicérale de Macron, donc ne fera pas bloc autour de lui. On peut toujours dire que ceux qui ne respectent pas ce confinement sont des irresponsables. Et une fois qu'on a dit ça ? La question est de savoir si les gens vont effectivement respecter les consignes de sécurité et adopter les bons comportements. Dans ce genre de situations, il est plus important de respecter l'esprit de la loi que la loi au sens littéral. Vous faîtes une ballade à pied en forêt en restant bien à 20m des autres promeneurs mais en allant à 1 ou 2 km de chez vous, sur le papier, vous enfreignez les consignes et un flic peut vous verbaliser. Vous faîtes le tour du pâté de maisons, vous êtes dans les clous. Vous en profitez pour postilloner à la figure de vos voisins, vous allez même boire le café chez l'un d'eux après avoir vérifié qu'il n'y avait de flics ni à droite ni à gauche, vous ne serez pas verbalisé. C'est ce qu'ils font dans les endroits hautement hostiles au pouvoir.
https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/opinion-face-au-confinement-la-clandestinite-sorganise-dans-les-campagnes-1186458
Ils ont même dressé la liste des combines pour sortir en évitant de prendre des prunes. Il faut dire qu'ils y ont été encouragés avec cette attestation sur l'honneur qui n'a aucun sens et les déclarations qui se veulent fermes des autorités qui semblent s'imaginer qu'ils mènent une bataille contre la population. Ces gens n'ont aucune confiance ni aucun respect pour le gouvernement, le fait de leur mentir ou de s'adresser à eux sur un ton insultant ou infantilisant n'arrangera rien. L'état n'a tout simplement pas les moyens de mettre un flic derrière chaque personne, l'approche répressive est une impasse.
L'autre volet de ce problème est la panique déclenchée par l'annonce de dimanche soir, panique suivie d'un exode urbain avec des foules immenses dans les gares qui a très certainement permis de nombreuses contaminations et une diffusion de l'épidémie sur tout le territoire. Il n'y a par conséquent plus de territoire que l'on peut isoler pour freiner la propagation. On peut toutefois espérer que les Parisiens qui se sont enfermés dans leur maison de campagne respecteront scrupuleusement l'interdiction, ils resteront cloitrés pendant 15 jours en télétravaillant, ne sortant qu'une fois pour remplir leur coffre de victuailles.
Pour l'instant toutefois, la majorité des gens semble accepter la situation, mais il n'est pas dit que cette acceptation dure des semaines. Que se passera-t-il quand les gens s'énerveront ?


Troisième problème : pas de moyens pour un vrai confinement

Idéalement, il faudrait fermer totalement les supermarchés qui sont à peu près le pire bouillon de culture qui soit. Seulement, il faudrait pour cela organiser des distributions de denrées, sinon à domicile, dans les mairies, avoir un point de distribution ou chacun peut venir retirer ses courses à un créneau donné pour éviter les rassemblement. Ce serait plus efficace que de vérifier si chaque passant a son attestation, ça supprimerait des trajets en voiture et surtout les contacts avec des surfaces potentiellement contaminées, les caissières qui sont de potentiels relais de transmission, ect. Il faudrait l'organisation et le personel qui va avec. En dehors de cet apport technique, un apport pédagogique : difficile d'expliquer aux gens qu'ils ne peuvent pas faire une promenade dans le bois à côté de chez eux mais qu'ils peuvent faire leurs courses dans un supermarché où ils croisent plein de monde.


Quatrième problème : l'impact budgétaire

On en est déjà à 45 milliards de dépenses annoncées, ce chiffre ne tient pas compte du coût des 100000 policiers et gendarmes déployés. 45 milliards, donc, pour sauver 350000 vies, maximum théorique. La vie n'a pas de prix, me direz-vous. C'est très beau, mais il faut donc ouvrir un hopital dans chaque village avec un bloc opératoire dernier cri pour être absolument certain que personne ne mourra faute d'avoir pu être secouru à temps. Si la vie n'a pas de prix, il faut d'urgence interdire tout produit dangereux, cigarette, mais aussi tout pesticide, herbicide, fongicide, toute boisson ou aliment mauvais pour la santé (sodas, plats préparés avec sucre ajouté, ect.). Tout le monde comprend bien qu'il y a un équilibre à trouver, on ne peut pas mettre la moitié du PIB dans la santé. Je sais bien que c'est moins joli que la vie n'a pas de prix, mais c'est la dure réalité. D'où ma question : si on accepte les pertes et qu'on utilise les 45 milliards ailleurs, ne pourrait-on pas sauver plus de 350000 vies ? Par exemple en redonnant des moyens adéquats aux hopitaux, en relocalisant la production agricole et en la rendant moins consommatrice de produits nocifs.


Cinquième problème : l'impact économique

On ne peut enfermer tout le monde chez lui et espérer que l'économie continue de tourner à peu près normalement. C'est impossible. Pour fonctionner, le secteur du batiment a besoin d'approvisionnements, de recruter des intérimaires qui ne peuvent plus se déplacer pour aller à l'agence, de cadres qui se déplacent sur les chantiers. Quand on met tout le monde chez soi, c'est toute l'économie qui s'arrête à part quelques secteurs vraiment indispensables (alimentation). Arrêter l'économie pendant 15 jours et la faire repartir aura un impact considérable, si l'arrêt dure trois mois, ce sera une catastrophe. Les Chinois l'ont fait, me direz-vous. Ils l'ont effectivement fait, mais dans une province, pas à l'échelle du pays et ils ont un système politique et économique radicalement différent qui permet de prendre des mesures qui seraient impossibles chez nous.
Au bout de trois jours le tissu économique commence déjà à être touché, donc trois mois c'est injouable.
https://www.20minutes.fr/societe/2744555-20200320-coronavirus-morbihan-prefet-invite-entreprises-rouvrir-eviter-pire-recession-siecle
Concernant le télétravail, c'est certes une bonne solution qui ne pénalise pas trop les activités disons de bureau, il y a effectivement beaucoup de choses qui peuvent être faîtes à distance mais pas tout. Si la situation devait se prolonger, les télétravailleurs finiraient par se retrouver bloqués dans leur travail eux aussi.
Si on pratique le confinement pendant 3 mois, certains parlent même de le durcir, on se retrouvera avec des millions de chômeurs en plus, une économie ruinée, incapable de payer les retraites ou de financer les hopitaux. On aura peut-être effectivement moins de morts directement liés à l'épidémie mais une mortalité liée à la dépression économique qui explosera avec bien plus de 350000 morts à la clé, ce qui me fait dire que le remède est pire que le mal.


Une fois que l'on a dit tout cela et dressé la liste de tout ce qui aurait dû être fait avant, que fait-on ?


Il me semble assez évident que 15 jours, c'est déjà beaucoup, prolonger serait un remède pire que le mal. On va se retrouver avec des dizaines ou des centaines de milliers de morts, il n'y a rien que l'on puisse faire pour l'éviter, à moins de remonter dans le temps pour annuler les erreurs qui ont été commises ces 10 dernières années. On peut les lister pour éviter de les refaire (bien que je n'y crois pas trop) mais pour cette fois, il faudra bien subir les conséquences et ce n'est pas en limitant à tout prix la casse à court terme que l'on y parviendra.
Si je devais décider, je ferais ceci : on prend le risque de garder ce confinement pendant 15 jours avec tous les inconvénients longuement évoqués mais pas un jour de plus. Ce n'est certes pas parfait au niveau sanitaire mais on peut espérer qu'il n'y ait pas ou peu de contaminations pendant ces 15 jours. Les malades qui n'ont pas encore de symptômes en auront, on saura alors avec qui ils auront été en contact, on pourra donc les isoler et tester les personnes qu'ils sont le plus susceptibles d'avoir contaminé. Le fait d'annoncer cette stratégie et de dire clairement, fermement et sans ambiguité que le confinement sera levé le 1er Avril à midi devrait considérablement atténuer les effets néfastes du confinement :
1/ Psychologiquement, les gens pourraient souffler un peu et se dire qu'il ne leur reste plus que 10 mauvais jours à passer.
2/ Ils seraient peut-être moins tentés d'enfreindre les règles que si ils sont partis pour 6 mois. Peut-être peut-on espérer que, pour 10 jours, ils se prendront quelques bon bouquins, un peu de jardinage sans passer leur temps à inventer des astuces pour ne pas respecter les consignes.
3/ Les agents économiques sauraient sur quel pied danser, ils seraient rassurés en disant que si ça redémarre dans 15 jours, c'est finalement gérable, qu'ils peuvent passer des commandes, ect.
Rien n'empêche de maintenir quelques mesures pas trop contraignantes pendant une semaine de plus : maintien du télétravail, de la fermeture des écoles, voire du confinement des personnes les plus vulnérables.


Voilà, merci à ceux qui m'auront lu jusqu'au bout, j'espère au moins que cette longue analyse vous aura donné à réfléchir.

  
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