Boeing paralysé : une grève historique frappe ses usines en pleine crise
Actualité publiée le 13/09/24 11:10
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Les salariés de Boeing viennent de prendre une décision qui pourrait paralyser l’entreprise pour les semaines à venir : une grève massivement votée, qui débute ce vendredi 13 septembre. Le rejet de la convention collective proposée par l’avionneur, pourtant soutenue par le syndicat IAM (International Association of Machinists and Aerospace Workers), met en lumière les tensions internes et les frustrations accumulées au fil des ans.
La grève, approuvée par 96 % des employés concernés, affectera plus de 30 000 ouvriers dans les régions de Seattle et Portland, responsables de la production des modèles phares de Boeing : le 737 Max, le 777 et le 767 cargo. Ces usines, situées près de Seattle, verront leur activité complètement stoppée. Les répercussions pour Boeing, déjà confronté à des retards de livraison, seront immédiates et lourdes de conséquences financières.
Un accord rejeté malgré les concessions
L’accord rejeté par les travailleurs de Boeing incluait une augmentation salariale de 25 % sur quatre ans, un bonus de 3 000 dollars et des avancées en matière d’assurance santé. Les syndicats avaient également obtenu un engagement de la part de l’entreprise de continuer à produire de futurs avions dans la région de Seattle, assurant ainsi des emplois à long terme. Pourtant, ces promesses n'ont pas suffi à apaiser les tensions.
Selon Jon Holden, président du syndicat des machinistes de Boeing, "nos membres se sont exprimés haut et fort ce soir". Ce rejet résulte, en grande partie, des frustrations accumulées au fil des ans. En effet, les employés avaient déjà dû faire face à des accords passés, en 2011 et 2014, qui avaient été signés sans leur consentement direct. Ces accords avaient notamment réduit les subventions accordées par Boeing aux cotisations d'assurance santé et limité les hausses de salaires.
Un impact direct sur la production
Les conséquences de cette grève pour Boeing risquent d’être colossales. La production des avions phares de l’entreprise sera totalement stoppée, et les livraisons, déjà en retard, subiront de nouveaux délais. Pour Boeing, qui perçoit environ 60 % des paiements à la livraison des appareils, cette grève pourrait se traduire par des pertes financières considérables. Une interruption de 50 jours priverait Boeing de 3 à 3,5 milliards de dollars de liquidités, selon des analystes cités par l’AFP.
Malgré cela, Boeing reste "engagé" dans les négociations. Dans un communiqué, la direction a déclaré : "Nous restons déterminés à rétablir nos relations avec nos employés et le syndicat, et nous sommes prêts à retourner à la table des négociations pour parvenir à un nouvel accord."
Un futur incertain pour Boeing
Cette grève marque un nouveau tournant pour Boeing, qui traverse déjà une période de turbulences inédites. Depuis 2019, l’entreprise a enregistré des pertes de 22 milliards de dollars, et sa dette atteint les 60 milliards de dollars. Avec cette grève, l’avionneur pourrait se retrouver dans une situation encore plus précaire, à un moment où sa réputation est déjà entachée par les accidents du 737 MAX et des retards dans la production.
Les négociations entre Boeing et le syndicat IAM sont loin d’être terminées. Cependant, cette grève montre clairement que les salariés ne sont plus prêts à accepter des compromis qui ne répondent pas à leurs attentes. Boeing devra trouver rapidement une solution pour éviter une paralysie prolongée de ses opérations, au risque de compromettre encore davantage sa situation financière et sa reprise économique.