Boeing réduit ses pertes au 1er trimestre grâce à une hausse des livraisons
Actualité publiée le 23/04/25 15:59
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Boeing sort la tête de l’eau, mais le moteur tousse encore. Au premier trimestre 2025, l’avionneur américain affiche une perte plus légère qu’attendu. En toile de fond : une montée en puissance des livraisons, un chiffre d’affaires en hausse et la promesse d’un redécollage industriel. Tout cela après une année noire, marquée par des déboires qualité, des grèves massives et une production en chute libre. À Renton comme à Charleston, le défi est désormais clair : reconstruire la confiance, stabiliser la production et rassurer un marché sous tension.
Porté par son nouveau PDG Kelly Ortberg, le groupe joue la carte de l’assainissement. Vente d’actifs, cadence relancée, communication millimétrée… Boeing veut prouver qu’il peut tenir ses promesses. Mais entre problèmes persistants de chaîne d’approvisionnement et tensions géopolitiques avec la Chine, la trajectoire reste fragile. Et l’industrie aérospatiale, elle, ne laisse aucun droit à l’erreur.
Boeing tente de rassurer après une année noire
Boeing a annoncé ce mercredi une perte ajustée de 49 cents par action pour le premier trimestre, nettement moins que les 1,29 dollar attendus par les analystes de LSEG. Ce résultat en demi-teinte intervient après une série de crises ayant paralysé une partie de sa production en 2024, dont une grève impliquant 30 000 salariés sur la côte ouest des États-Unis.
Le chiffre d’affaires, lui, a progressé de 18 %, atteignant 19,5 milliards de dollars, au-dessus des prévisions des experts qui tablaient sur 19,45 milliards. C’est la première fois depuis plusieurs trimestres que Boeing dépasse ainsi les attentes du marché. Une bouffée d’air bienvenue pour un groupe qui, l’an dernier, affichait une perte annuelle colossale de 11,8 milliards de dollars.
Le regain d’activité est porté par l’augmentation des livraisons d’avions, notamment des 737 MAX. Boeing prévoit d’ailleurs de remonter la cadence à 38 avions par mois dès cette année. Une décision stratégique qui vise à répondre à une demande mondiale en forte croissance, tout en regagnant la confiance des compagnies aériennes.
Une stratégie de redressement pilotée par Kelly Ortberg
L’arrivée de Kelly Ortberg à la tête de Boeing a marqué un tournant. Dans une lettre adressée aux employés, le PDG a qualifié 2025 d’« année de redressement », insistant sur les efforts internes pour améliorer la qualité des appareils et garantir des livraisons plus fiables. « Nous construisons des avions de meilleure qualité et nous les livrons avec plus de prévisibilité », a-t-il affirmé.
Pour alléger sa dette, le groupe a annoncé la vente de sa division Digital Aviation Solutions, comprenant notamment l’unité Jeppesen, pour 10,55 milliards de dollars. Une opération perçue comme un signe fort de recentrage stratégique sur le cœur de métier.
Ce recentrage passe aussi par une rationalisation des opérations. Ortberg mise sur la simplification des processus, une meilleure intégration des sous-traitants et un dialogue social plus fluide. Objectif : faire oublier les retards, les défauts de production et les tensions internes qui ont émaillé les derniers mois.
Des vents contraires sur la chaîne d’approvisionnement
Mais tout ne se joue pas en interne. Boeing fait aussi face à une chaîne d’approvisionnement encore bancale, avec des retards qui freinent le rythme de production. À cela s’ajoutent les effets persistants de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, qui a récemment contraint Boeing à reprendre deux avions initialement destinés à un transporteur chinois.
Le contexte géopolitique complique les prévisions de vente à l’export, tandis que les sous-traitants peinent à suivre la montée en cadence imposée par le constructeur. Résultat : une tension permanente entre les ambitions de livraisons et les réalités logistiques.
La pression est d’autant plus forte que l’industrie aéronautique connaît une reprise spectaculaire post-Covid, avec un carnet de commandes qui déborde. Boeing, talonné par Airbus, ne peut se permettre un faux pas.