CNP Assurances vend sa filiale italienne à UniCredit pour 619 millions d'euros

Il y a des ruptures discrètes qui en disent long. Celle entre CNP Assurances et UniCredit, en Italie, s’est conclue par un chèque de 619 millions d’euros et un départ ordonné, officialisé par un arrêté publié ce mercredi 18 juin 2025 au Journal officiel. Cette vente concerne les 51 % détenus par l’assureur français dans la coentreprise CNP UniCredit Vita, spécialisée dans la bancassurance vie.

Le divorce était dans l’air depuis septembre 2024, lorsque la banque italienne UniCredit, dirigée par Andrea Orcel, avait annoncé vouloir reprendre la main sur ses activités de bancassurance. Une réorientation stratégique qui s’est traduite par l’activation de ses options d’achat sur CNP UniCredit Vita et sur une autre entité détenue avec Allianz. Si la transaction peut théoriquement être réduite selon certaines conditions précisées dans l’arrêté, le montant de 619 millions d’euros représente la valeur actuelle fixée pour l’ensemble des parts détenues par CNP.

Une opération à 619 millions d’euros pour tourner une page

Cette vente n’est pas un simple désengagement, elle reflète un mouvement plus large de recentralisation des activités d’assurance chez UniCredit, qui souhaite intégrer ces activités à son propre groupe. Côté français, la manœuvre permet à CNP Assurances, propriété de La Banque Postale, de réallouer ses ressources tout en conservant une présence solide en Italie.

En effet, CNP Assurances n’abandonne pas totalement la péninsule. Depuis 2022, le groupe détient CNP Vita Assicura, l’ancienne filiale italienne d’Aviva, rachetée à... UniCredit. Une ironie stratégique qui souligne que si les chemins se séparent sur un dossier, d'autres portes restent ouvertes.

D’un point de vue financier, la cession n’est pas anodine. En 2024, CNP UniCredit Vita représentait 10 % du chiffre d’affaires du groupe CNP Assurances, soit 3,5 milliards d’euros, pour un résultat consolidé de 42,5 millions, soit environ 3 % du total groupe. Un poids certain, mais pas vital, dans l’équilibre global du géant de l’assurance.

Pourquoi UniCredit a rompu ses alliances avec CNP et Allianz

Pour UniCredit, cette réorganisation marque la fin d’un modèle d’alliances qui a longtemps dominé la bancassurance en Europe. Le groupe bancaire avait noué depuis des années des partenariats capitalistiques avec CNP et Allianz pour distribuer des produits vie via son réseau. Mais Andrea Orcel, à la tête d’UniCredit, souhaite aujourd’hui intégrer en interne ces activités afin de gagner en contrôle et en marge.

La fin des accords, annoncée en septembre 2024, visait donc à solder ces collaborations croisées. CNP n’était pas la seule visée : Allianz aussi a été concernée, via UniCredit Allianz Vita, dont 50 % du capital va également revenir à la banque italienne.

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Dans ce contexte, la vente des parts de CNP n’est pas seulement une question d’argent, mais un réalignement stratégique, avec un recentrage sur des zones où CNP Assurances a une autonomie complète, comme avec Vita Assicura.

Ce que cette vente change pour l’avenir de CNP en Italie

L’avenir italien de CNP Assurances ne s’écrira plus à deux, mais en solo. En récupérant à 100 % le contrôle de Vita Assicura en 2022, l’assureur français s’était déjà préparé à cette bascule. Cette filiale, issue du rachat de l’ancienne activité italienne d’Aviva, lui permet aujourd’hui de déployer une stratégie indépendante, hors des alliances capitalistiques contraignantes.

Cette manœuvre pourrait à terme renforcer la rentabilité de ses opérations italiennes. Si CNP perd une part significative de chiffre d’affaires avec la sortie de CNP UniCredit Vita, elle gagne une flexibilité stratégique précieuse, dans un marché de l’assurance vie encore dynamique malgré les turbulences financières.

Désormais, le regard est tourné vers ce que CNP Assurances fera de cette manne de 619 millions d’euros. Renforcement de ses fonds propres ? Investissements ciblés en France ou ailleurs ? Le groupe n’a pas encore détaillé ses intentions, mais le mouvement amorcé en Italie pourrait bien inspirer d’autres arbitrages.