Eutelsat s'envole de 23%, l'État injectera 1,35 milliard d'euros pour sauver sa souveraineté spatiale
Actualité publiée le 20/06/25 10:55
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3,47 euros. C’est le nouveau prix de l’action Eutelsat ce matin, après une envolée spectaculaire de près de 23 %. Ce rebond suit l’annonce d’un projet d’augmentation de capital massif de 1,35 milliard d’euros, censé repositionner l’opérateur de satellites au cœur de la stratégie spatiale européenne. Le gouvernement français, principal moteur de cette opération, s’impose désormais comme actionnaire majoritaire du groupe, dans une logique de souveraineté numérique.
"L’Europe ne peut pas dépendre d’acteurs étrangers pour sa connectivité", martèle un représentant de Bercy. Le ministre de l'Économie Éric Lombard a appuyé cette vision stratégique en affirmant : "Cette opération traduit notre volonté forte de soutenir un acteur majeur de la connectivité par satellite, secteur stratégique au cœur de la souveraineté numérique européenne."
Une levée de fonds XXL portée par Paris (et ses alliés)
Le signal envoyé par l’État est fort : en devenant le premier actionnaire d’Eutelsat, la France veut garantir un accès autonome aux infrastructures satellitaires à un moment où les tensions géopolitiques s’intensifient. Cette levée de fonds mobilise également plusieurs partenaires stratégiques du groupe :
- Bharti Space, conglomérat indien dirigé par le milliardaire Sunil Mittal
- CMA CGM, géant du transport maritime
- Le Fonds stratégique de participations, alimenté par les assureurs français
L’objectif est clair : redonner de la marge de manœuvre financière à Eutelsat, dont les ambitions sur l’orbite basse (LEO) nécessitent des investissements colossaux. Grâce à cette levée et à des cessions d'actifs terrestres, l’entreprise espère ramener son ratio dette nette/Ebitda à 2,5x. Mais cette bouffée d’air est-elle suffisante ?
Les analystes divisés sur la vraie valeur d’Eutelsat
Si la Bourse a salué l’annonce, les analystes, eux, restent prudents. Chez Bernstein, on valorise désormais le titre à 3,16 euros, soit 11 % de plus que le cours de clôture précédent. Pour eux, le plan permet une flexibilité financière suffisante, mais les prévisions 2026, chiffre d’affaires stable, déçoivent, alors que le marché attendait une croissance de 5 %.
New Street Research va plus loin : "L’augmentation de capital réservée est relutive car assortie d’une prime", justifiant le rebond immédiat. Mais les objectifs de long terme, notamment pour l’Ebitda 2029, semblent flous et ambitieux, et pourraient heurter la confiance des investisseurs.
Même son de cloche du côté d’Oddo BHF, qui qualifie le plan de "crédible" mais alerte sur une phase de volatilité accrue jusqu’à la fixation du prix définitif. Le verdict final pourrait dépendre de la publication des résultats annuels à fin juin 2026, notamment sur l’évolution du mix entre satellites géostationnaires (GEO) et constellation en orbite basse (LEO).