(ABC Bourse) - Les actionnaires d’Eutelsat ont voté à plus de 99 % une augmentation de capital de 1,5 milliard d’euros, portée par la France et le Royaume-Uni. Un pas décisif pour réduire la dette du groupe et renforcer la constellation OneWeb face à Starlink.
Jean-François Fallacher, Directeur Général Eutelsat
Depuis l’assemblée générale tenue mardi, les actionnaires d’Eutelsat ont accordé leur feu vert à une augmentation de capital massive de 1,5 milliard d’euros, destinée à financer ses ambitions spatiales et à réduire une dette largement affaiblie. Cette opération, soutenue par l’État français et le Royaume-Uni, est présentée comme un premier jalon stratégique dans la course européenne à la connectivité via satellites. La manœuvre survient au moment où l’Europe se questionne sur sa dépendance aux opérateurs spatiaux américains, notamment Starlink d’Elon Musk, et où la France revendique une posture de souveraineté dans ce domaine.
Pourquoi cette levée de fonds est cruciale pour Eutelsat
Lors du vote, les actionnaires ont approuvé à plus de 99 % les résolutions permettant cette opération. Le nouveau directeur général Jean-François Fallacher a déclaré que l’augmentation de capital « constitue le premier jalon d’une stratégie plus vaste » et qu’elle contribue « à la pérennité du modèle économique à long terme et ouvrait la voie à d’autres sources de financement ».
Dans le plan dévoilé, l’État français s’engage à injecter 750 millions d’euros pour obtenir une participation de 29,65 %, tandis que le Royaume-Uni mettra sur la table 163,3 millions d’euros pour atteindre 10,89 %. Parmi les autres parties prenantes figurent Bharti Space (Sunil Mittal), CMA CGM et le Fonds Stratégique de Participations.
L’un des principaux objectifs est d’alléger l’endettement du groupe, actuellement à 2,6 milliards d’euros, et de financer le déploiement de 340 satellites en orbite basse (LEO) dans le cadre de la constellation OneWeb, pour un coût de plus de 2 milliards d’euros. Eutelsat avait acquis OneWeb en 2023, mais la concurrence reste rude : la constellation compte un peu plus de 650 satellites, contre près de 8 000 pour Starlink.
Pour l’analyste Aleksander Peterc (Bernstein), le soutien français et britannique change significativement la donne, mais l’avenir dépendra de l’amélioration de la rentabilité. Plus prudent, Antoine Lebourgeois (Stifel) estime que « le soutien des gouvernements européens est une première étape cruciale et un signal fort, mais il pourrait ne pas suffire à lui seul à garantir la viabilité à long terme de OneWeb ». Selon lui, « compte tenu de la concurrence intense et des économies d’échelle d’acteurs comme Starlink, OneWeb aura probablement besoin d’un engagement plus substantiel et plus soutenu du secteur public pour véritablement prospérer en tant qu’alternative européenne ».
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