L'Allemagne secoue l'Europe avec un méga-plan de relance : envolée des taux d'emprunt
Actualité publiée le 05/03/25 14:47
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Coup de tonnerre sur les marchés obligataires ! L’annonce par l’Allemagne d’un fonds de relance de 500 milliards d’euros et d’un possible assouplissement de son célèbre "frein à la dette" a provoqué une réaction immédiate : les taux d’emprunt des États européens se sont littéralement envolés. Berlin justifie cette initiative par la nécessité de moderniser ses infrastructures et de renforcer sa défense, mais cette décision risque d’avoir des conséquences majeures sur l’économie européenne.
Un choc pour les marchés : les taux d’emprunt en forte hausse
Dès l’ouverture des marchés mercredi matin, la réaction a été brutale. Le rendement des obligations allemandes à 10 ans a bondi de plus de 20 points de base (pb), atteignant 2,72 %, un sommet depuis novembre 2023. Une hausse d’une telle ampleur ne s’était pas produite depuis la crise de 2008.
Dans son sillage, l’ensemble des obligations d’État européennes ont suivi la même tendance :
- Les obligations françaises à 10 ans ont grimpé à 3,44 %,
- Les taux espagnols ont également pris 21 pb,
- Une tension s’est propagée sur l’ensemble du marché européen.
Un plan de relance XXL : Berlin prêt à lever 500 milliards d’euros
À l’origine de cette agitation, une annonce majeure des partis conservateurs et sociaux-démocrates allemands, qui négocient actuellement la formation du futur gouvernement. Leur ambition : créer un fonds de 500 milliards d’euros destiné à moderniser les infrastructures et à stimuler la compétitivité économique du pays.
Mais la vraie bombe est ailleurs : Berlin est prêt à contourner le "frein à la dette" inscrit dans sa Constitution pour financer ses dépenses de défense. Ce mécanisme limite habituellement le déficit budgétaire annuel à 0,35 % du PIB. Or, face aux défis géopolitiques et au retrait des États-Unis du conflit ukrainien, l’Allemagne veut désormais investir massivement dans son armée.
Friedrich Merz, le futur chancelier conservateur, a justifié cette décision en des termes forts : « Compte tenu des menaces pesant sur notre liberté, nous devons agir coûte que coûte ». Une déclaration qui fait écho au célèbre « whatever it takes » de Mario Draghi en 2012.
Une fracture au sein de la BCE et une nervosité grandissante
L’annonce allemande intervient dans un contexte déjà très tendu sur les marchés. La Banque centrale européenne (BCE) doit bientôt annoncer une nouvelle baisse des taux directeurs, mais un débat fait rage en interne.
- Les membres les plus orthodoxes de la BCE veulent ralentir les baisses de taux, estimant que la situation budgétaire des États se détériore rapidement.
- Selon Bloomberg, les marchés ne tablent désormais que sur deux baisses de taux en 2025, contre trois initialement prévues.
Cet environnement incertain contribue à alimenter l’instabilité des taux d’emprunt, qui sont en partie déterminés par les anticipations sur la politique monétaire de la BCE.
Une réforme du "frein à la dette" en préparation ?
Depuis plusieurs années, le "Schuldenbremse" (frein à l’endettement), adopté en 2009, est critiqué comme un frein à la relance économique en Allemagne. La Bundesbank elle-même a proposé une réforme permettant d’augmenter la marge de manœuvre budgétaire jusqu’à 1,4 % du PIB, sans remettre en cause la discipline budgétaire du pays.
Le débat sur cette réforme est d’autant plus crucial que :
- L’endettement allemand reste relativement bas (63,6 % du PIB),
- La Commission européenne a évoqué la suspension des règles de stabilité budgétaire pour faciliter les investissements militaires.
Un rééquilibrage du marché obligataire en vue ?
Ce plan massif pourrait également transformer le marché de la dette en zone euro. Jusqu’ici, les obligations d’État allemandes (Bunds) étaient rares et très recherchées, poussant les investisseurs à se tourner vers d’autres titres comme ceux de la France ou de l’Espagne. Avec 500 milliards d’euros de nouvelles obligations allemandes sur 10 ans, l’offre va exploser, modifiant les stratégies d’investissement.
Stéphane Déo analyse : « Cette situation va réduire la pression sur les autres obligations européennes, mais à court terme, la nervosité des marchés est évidente ».
L’Allemagne est en train de redéfinir les règles du jeu budgétaire en Europe. Reste à savoir si cette audace économique et militaire pourra être menée sans provoquer de nouvelles turbulences financières.