La famille Saadé rachète 20 % de Pathé pour accélérer la production de films et moderniser les salles

Tanya Saadé et Rodolphe Saadé

Ils transportent la planète, et désormais ils veulent faire rêver ses habitants. En investissant 20 % du capital de Pathé, la famille Saadé, à la tête de l’empire maritime CMA CGM, change de cap… ou presque. L’annonce, tombée ce lundi, secoue l’écosystème du cinéma : la holding Merit France, contrôlée par les Saadé, devient un acteur clé du groupe Pathé, géant de la production et de l’exploitation cinématographique en Europe et en Afrique.

Ce partenariat, officialisé par un communiqué de Pathé, vise à accompagner une double ambition : « accélérer son développement, notamment dans la production de films et séries à vocation internationale », tout en modernisant en profondeur son réseau de salles. Derrière cette opération, c’est une vision stratégique qui s’affirme, à l’intersection du divertissement, de l’économie et de l’influence culturelle.

Pourquoi la famille Saadé investit-elle dans Pathé ?

Ce mouvement n’est pas un simple placement financier. Il s’inscrit dans une politique plus large de diversification des activités de la famille Saadé, déjà présente dans les médias via La Provence, BFM-RMC ou plus récemment dans le sport avec l’Olympique de Marseille. En prenant une part significative dans Pathé, les Saadé consolident leur présence dans l’univers des contenus, avec un levier d’influence directe sur le cinéma grand public.

L’environnement macroéconomique actuel, entre reprise post-Covid et transformation numérique accélérée, offre aussi une fenêtre d’opportunité rare. Pathé, confronté à une baisse de fréquentation dans certaines zones et à une concurrence accrue des plateformes de streaming, a besoin de partenaires solides pour relancer son attractivité. Le soutien d’un poids lourd industriel comme la famille Saadé tombe donc à point nommé.

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Le groupe n’a pas révélé le montant exact de la transaction, mais cette prise de participation de 20 % laisse entendre une confiance durable. Selon Pathé, cette alliance vise aussi à renforcer sa capacité à produire des œuvres à rayonnement mondial, dans un secteur où les blockbusters comme les œuvres d’auteur peinent à trouver leur place. 

Modernisation des salles et stratégie internationale : ce qui va changer

L’un des volets les plus attendus de cet investissement concerne la modernisation des salles de cinéma. Depuis plusieurs années, Pathé mise sur l’innovation technologique pour se différencier : sièges premium, écrans immersifs, son Dolby Atmos… Mais l’effort restait partiel, parfois freiné par des contraintes budgétaires.

Avec le soutien des Saadé, l’ambition s’élargit : il s’agit désormais de rénover et réinventer le réseau, en particulier dans les zones moins rentables. Cette opération pourrait permettre à Pathé de faire revenir les spectateurs dans les salles grâce à une expérience enrichie, plus confortable et plus immersive.

Au-delà des frontières françaises, l’enjeu est aussi international. Pathé souhaite s’imposer comme un acteur incontournable dans la production de films et de séries capables de séduire un public mondial. L’expertise logistique et les réseaux internationaux de CMA CGM pourraient constituer un atout inattendu dans cette quête d’influence culturelle.

Un nouveau chapitre pour Pathé et le cinéma français ?

Cette prise de participation illustre une tendance lourde : le retour des grands groupes industriels dans l’univers culturel. Après les investissements dans les médias, les géants du transport ou de l’énergie s’intéressent de plus en plus au divertissement, perçu à la fois comme un levier de prestige et une stratégie de diversification à long terme.

Pour Pathé, fondé en 1896, ce partenariat avec la famille Saadé pourrait marquer le début d’un nouveau cycle. Un cycle où l’indépendance créative devra cohabiter avec des ambitions industrielles et financières de grande ampleur.

En attendant, les spectateurs, eux, pourraient être les premiers bénéficiaires de ce virage. Avec plus de films, plus d’innovations en salle et, qui sait, une nouvelle manière d’aller au cinéma, plus proche des envies du XXIe siècle.