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Le Cashback SCPI est il l'ennemi du développement durable ?


Actualité publiée le 25/05/23 16:29

A la fin des années 80, la notion de développement durable fait son apparition. Plus communément dénommé « sustainable development », la notion sous-entend dès le départ l’idée d’un développement prenant en considération le futur et notamment les ressources futures. Il s’agit ni plus ni moins de la pénétration des contraintes environnementales et sociales dans la sphère économique.

En 1987, dans un rapport de la Commission mondiale sur l'environnement et le développement de l'Organisation des Nations unies, dit rapport Brundtland, cette notion est définie comme « développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs ».

Progressivement, jusqu’à la fin du XXème siècle, la notion va faire son chemin sans véritablement prendre une place majeure dans les différentes sphères de l’environnement économique mondial.

Toutefois, les enjeux écologiques et sociaux vont connaître un tournant au début des années 2000 et le développement durable va devenir un élément crucial de toute activité et ce quelque soit la place qu’elle occupe au sein de l’économie mondiale.

Le monde de la finance n’a pas échappé à la règle et la finance durable désigne l’ensemble des pratiques et réglementations financières visant à favoriser l’intérêt de la collectivité sur le moyen-long terme. Il ne s’agit pas d’un concept nouveau car la finance durable s’est considérablement développée avec la crise financière de 2008 qui a mis en lumière des prises de risques excessives dans la finance traditionnelle, la complexité et l’opacité de certains montages financiers. De plus, l’intérêt collectif dont il est fait état supra est issu d’une volonté de donner du sens à la finance et de la rendre plus transparente. En ce sens, dix-sept objectifs de développement durable ont été définis par l’Organisation des Nations Unies en 2015.

La finance durable recouvre traditionnellement trois concepts : la finance solidaire, la finance socialement responsable et la finance verte. La première recouvre l’ensemble des initiatives et réglementations visant à faciliter le financement de projets destinés à lutter contre l’exclusion et à améliorer la cohésion sociale. La deuxième, recouvre l’ensemble des initiatives et réglementations visant à favoriser des investissements dits socialement responsable. La troisième, recouvre les initiatives et réglementations qui visent à faciliter les investissements avec impact positif sur l’environnement en favorisant la transition énergétique et la lutte contre le réchauffement climatique.

La finance, par son rôle important dans le financement de l’économie et des ménages, peut donc en effet jouer un rôle dans la construction d’un monde plus durable.

Le Cashback SCPI est-il compatible avec la finance durable ?

Tout d’abord, rappelons que sur le marché des investissements SCPI, des acteurs ont tenté une entrée en proposant l’application d’un principe réservé jusqu’à lors aux offres commerciales de grande consommation, à savoir le cashback SCPI. Lorsqu’un distributeur de parts SCPI propose, pour attirer de nouveaux épargnants, de leur rétrocéder un pourcentage du montant de leur investissement généralement de l’ordre de 4%, alors ce dernier applique le principe de cashback SCPI. Cette rétrocession correspond donc à un remboursement d’une partie des frais de souscription. Conséquence ? Une activité économique de masse, assimilable à celle des complexes commerciaux entiers écrasant les petits commerçants du centre ville sur leur passage.

Consommer plus, toujours plus vite et moins cher. N’est ce pourtant pas contre cela qu’un pan entier de notre société de consommation actuelle se bat ? Un retour à une économie plus responsable, maitrisée et mesurée et tout ceci favorisant les projets globaux et respectueux de l’environnement, n’est ce donc pas un des enjeux majeurs de notre société ?

De plus en plus de consommateurs se refusent à consommer des produits allant à l’encontre du développement durable et ce, en privilégiant des circuits courts, des modes de production moins énergivores, des modes de consommation raisonnés ou la seconde main s’impose.

S’il ne devait être souligné que deux termes ici, ceux-ci seraient « raisonné » et « maitrisé ». Est-ce que pousser les investisseurs à se transformer en des consommateurs compulsifs de produits financiers, consommateurs obnubilés par la bonne affaire, la « promo » que peut représenter l’offre de cashback SCPI, est de nature à favoriser un mode d’investissement raisonné et maitrisé ? Peu probable.

Est-ce qu’investir de manière non contrôlée, pour gagner toujours plus et ce même avant d’avoir investi le moindre centime, est susceptible de profiter à la collectivité de manière globale ? Est-ce que ces nouveaux acteurs, chefs de fil des offres de cashback SCPI, entendent participer au développement d’une finance plus verte ? Visiblement pas. Enfin, cette manière de fonctionner, proposée par des acteurs de la finance et de l’immobilier aux données financières très souvent opaques, peut elle permettre de cocher les cases d’une finance plus socialement responsable ? Pas si sûr.

Alors quoi ? Les offres de cashback SCPI avec des rétrocessions autour de 4% sont-elles définitivement incompatibles avec la finance durable et plus globalement le développement durable ? Non, mais encore faut il que les acteurs du secteur y travaillent et communiquent en ce sens, pour, à tout le moins, rassurer l’investisseur et lui faire prendre conscience que consommer des produits financiers doit également s’inscrire dans le cadre d’une consommation responsable. Offrir une offre de cashback SCPI, pourquoi pas, mais à condition que cette offre s’inscrive dans un contexte plus global ou les offres et produits proposés s’inscrivent dans une recherche d’éthique, de durabilité et de respect des nouvelles normes sociales et écologiques, comme les nouvelles « banques vertes » ou comme d’autres acteurs semblent proposer des produits financiers « verts » pour financer l’économie mais de manière éco-responsable par pour gagner plus d’argent au détriment des autres.

Il peut exister un cashback vertueux :

Certains acteurs économiques proposent désormais à leurs clients de distribuer l’argent gagné grâce au cashback, à des associations ou même de le réinvestir dans des projets solidaires. De ce point de vue, une offre de cashback SCPI pourrait bien donc être compatible avec les fondements du développement durable.

En finance, proposer aux investisseurs de gagner de l’argent grâce au cashback, peut-être à certaines conditions une idée compatible avec la finance durable. En revanche, si cela est de nature à aller à contre sens de la finance verte et du développement durable, alors peut-on réellement croire en la pérennité et en la solidité de ce type de business model ?

Avertissement

Les parts de SCPI de rendement sont des supports de placement à long terme (minimum 10 ans) et doivent être acquises dans une optique de diversification de votre patrimoine. Le capital investi dans la SCPI n’étant pas garanti, cet investissement comporte un risque de perte en capital. Comme tout investissement, l'immobilier présente des risques : absence de rendement ou perte de valeur, qui peuvent toutefois être atténués par la diversification immobilière et locative du portefeuille de la SCPI. La SCPI n’étant pas un produit coté, elle présente une liquidité moindre comparée aux actifs financiers.

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