Cours | Graphes | News | Forum |
Il n’aura suffi que d’un dimanche soir pour secouer à la fois l’industrie automobile et le monde du luxe. Luca De Meo, directeur général de Renault depuis 2020, va quitter le constructeur pour prendre les rênes de Kering, selon des informations du Figaro. L’annonce, bien que non encore commentée officiellement par les deux groupes, marque un tournant stratégique majeur pour le groupe de luxe dirigé par la famille Pinault.
Cette décision intervient alors que Kering s’apprête à séparer ses fonctions de président et de directeur général, une manœuvre décidée par François-Henri Pinault lui-même. C’est Luca De Meo, 57 ans, qui a été choisi pour incarner cette nouvelle ère. Il deviendra donc PDG du groupe, plaçant sa carrière à la croisée des chemins entre innovation automobile et raffinement haut de gamme.
Né en Italie, Luca De Meo s’est forgé une réputation d’homme de stratégie et de redressement. Avant Renault, il a gravité chez Fiat, Volkswagen et surtout Seat, où il a imposé un virage décisif en matière de design et d’électrification. Chez Renault, son arrivée en 2020 s’inscrivait dans un contexte tendu, post-Ghosn, avec une feuille de route exigeante : réinventer la marque tout en maîtrisant les coûts.
En quatre ans, il a orchestré une remontée de la marge opérationnelle du groupe, lancé des modèles stratégiques comme la Mégane E-Tech et repositionné Renault comme un acteur clé dans l’électrique. Mais visiblement, son avenir se dessinait ailleurs, dans un univers où l’image de marque et l’héritage comptent tout autant que la technologie.
Le groupe Kering, qui détient notamment Gucci, Saint Laurent, Balenciaga ou encore Bottega Veneta, traverse une phase de repositionnement. L’enjeu est clair : relancer la dynamique de croissance, particulièrement chez Gucci, où les ventes sont en perte de vitesse. La décision de scinder les rôles de président et de directeur général n’est pas anodine. Elle traduit une volonté de changement de cap opérationnel, avec une direction exécutive confiée à une personnalité extérieure au monde du luxe… mais pas à celui des marques.
Luca De Meo coche toutes les cases : il connaît les grandes structures, parle le langage du design, maîtrise la gestion d’image et a déjà démontré qu’il sait relancer des groupes en perte de vitesse. C’est ce profil de stratège transversal qui semble avoir séduit François-Henri Pinault, dont la holding familiale Artemis contrôle Kering.
Du côté de Renault, cette annonce tombe à un moment délicat. Le groupe est engagé dans la montée en puissance de sa filiale Ampere, dédiée au véhicule électrique, avec des projets industriels majeurs en Europe. Le départ de De Meo soulève immédiatement la question de sa succession, alors même qu’aucun nom n’a encore été évoqué publiquement.
Si la surprise est totale en apparence, certains observateurs estiment que ce départ était en préparation depuis plusieurs semaines. Kering, de son côté, pourrait officialiser l’arrivée de De Meo dès la semaine prochaine, lors d’un conseil d’administration exceptionnel.
Le choc est d’autant plus fort que Luca De Meo s’était imposé comme une figure centrale de la relance tricolore du groupe Renault. Sa bascule dans l’univers du luxe marque un mouvement rare mais pas inédit dans les grandes industries : celui d’un dirigeant qui traverse les frontières sectorielles pour incarner une vision plus globale de la marque et de la croissance.
Vous avez aimé cet article ? Partagez-le avec vos amis en cliquant sur les boutons ci-dessous :