Meta investit 14 milliards de dollars dans Scale AI pour revenir dans la course à l'IA

Meta se relance dans l’intelligence artificielle à coups de milliards. Alors que son modèle Llama 4 peine à convaincre, le géant californien a confirmé un investissement massif dans la jeune pousse américaine Scale AI. Montant estimé : plus de 14 milliards de dollars, soit la deuxième plus grosse opération financière de son histoire, derrière l’achat de WhatsApp.

L’annonce officielle est tombée jeudi. Elle évoque un “partenariat stratégique” entre les deux entités, mais les médias américains avancent un chiffre bien plus significatif : 49 % du capital de Scale AI pourrait passer sous pavillon Meta. Une manœuvre spectaculaire qui rebat les cartes de la compétition mondiale autour de l’intelligence artificielle générative.

Pourquoi Meta mise autant sur Scale AI ?

Scale AI, basée à San Francisco, reste méconnue du grand public, mais joue un rôle crucial dans les coulisses de l’IA. Son expertise : la “mise en état” des données, c’est-à-dire leur préparation, annotation et structuration pour entraîner les grands modèles de langage (LLM). Une étape clé pour garantir la qualité et la pertinence des résultats fournis par une IA.

Fondée en 2016 par Alexandr Wang, alors âgé de 19 ans, la start-up s’est imposée comme une pièce maîtresse dans l’écosystème IA, travaillant avec des géants comme Nvidia, Intel ou Amazon. Elle était valorisée 13,8 milliards de dollars lors de sa dernière levée de fonds en mai 2024. L’opération avec Meta double cette valorisation, la portant à 29 milliards de dollars.

Cette montée en puissance intervient dans un contexte de remise en question pour Meta. Malgré des milliards investis, le groupe dirigé par Mark Zuckerberg reste en retrait par rapport à ses rivaux. Llama 4, sa dernière version de modèle de langage lancée en avril, a été fraîchement accueillie. En cause : des performances jugées décevantes, notamment en génération de code, et des pratiques critiquées lors des tests d’évaluation.

Une opération stratégique pour regagner du terrain

En coulisse, l’objectif est clair : recréer une dynamique autour de l’IA et remettre Meta au centre du jeu face à OpenAI, Google DeepMind ou Anthropic. Selon le New York Times, cette alliance est aussi une manière très directe d’attirer les meilleurs talents du secteur.

L’un des signaux forts de ce rachat partiel : Alexandr Wang lui-même va rejoindre Meta pour contribuer à la création d’un nouveau laboratoire dédié à la “superintelligence”. C’est ainsi que Meta désigne la prochaine étape de l’intelligence artificielle : un niveau de raisonnement et de compréhension supérieur à celui de l’humain.

Dans une note interne révélée par plusieurs médias américains, Zuckerberg aurait personnellement approché Wang, lui promettant d’emporter avec lui une partie de son équipe. Au total, ce sont plusieurs dizaines de salariés de Scale AI qui devraient faire le saut vers Menlo Park. Une manière aussi de racheter les actions détenues par les employés, difficilement revendables jusqu’ici faute d’introduction en bourse.

Un virage vers la "superintelligence" piloté par Zuckerberg

Pour Meta, cette opération marque un tournant dans sa stratégie. Après avoir concentré ses efforts sur le métavers, le groupe fait désormais de l’IA sa priorité absolue. Les difficultés rencontrées avec Llama 4 ont montré que le simple développement de modèles ne suffit plus. La qualité des données et le capital humain sont devenus essentiels.

Alexandr Wang, souvent décrit comme un prodige de la Silicon Valley, prend une place centrale dans cette nouvelle ère. À seulement 28 ans, il incarne une génération d’entrepreneurs IA visionnaires, capables de combiner expertise technique et sens du timing.

Jason Droege, jusqu’alors en charge de la stratégie chez Scale AI, assurera l’intérim à la tête de la start-up. Mais la dynamique enclenchée par Meta semble bien partie pour redéfinir les rapports de force dans l’univers ultra-concurrentiel de l’intelligence artificielle.