Qui est Olivier Gavalda, le nouveau patron de Crédit Agricole ?

Un changement de cap orchestré : le Crédit Agricole désigne Olivier Gavalda pour succéder à Philippe Brassac en mai 2025.

Le conseil d’administration du Crédit Agricole SA (Casa) a tranché mardi 17 décembre : Olivier Gavalda, actuellement directeur général délégué de la banque mutualiste, prendra la relève de Philippe Brassac à la tête de l’entité cotée en Bourse. Ce passage de flambeau s’inscrit dans une logique de continuité stratégique, tout en marquant une étape transitoire vers une nouvelle génération de dirigeants.

Une nomination attendue dans un contexte de changement générationnel

Âgé de 61 ans, Olivier Gavalda, décrit comme un pur produit du Crédit Agricole, est le fruit d’un parcours exemplaire au sein de la banque. Ce Montpelliérain a gravi les échelons depuis sa première affectation en 1988 à la caisse régionale du Midi, jusqu’à devenir une figure incontournable de la maison verte. Fort d’une solide expérience dans les caisses régionales (Sud Rhône Alpes, Champagne Bourgogne, Île-de-France) et d’une exposition aux organes centraux de Casa, Gavalda symbolise l’héritage et le renouvellement.

Sa nomination n’est pas une surprise : pressenti depuis plusieurs mois, il a émergé comme le candidat logique parmi les six prétendants initiaux, dont les finalistes Stéphane Priami et Gérald Grégoire. « C’était le plus évident », confie une source syndicale. En outre, cette désignation illustre la capacité du Crédit Agricole à promouvoir ses talents internes, un avantage qui distingue l’institution des autres banques françaises. 

Un mandat bref mais stratégique

Contraint par la limite d’âge statutaire de 65 ans, Olivier Gavalda dirigera la banque jusqu’en 2029, soit une gouvernance plus courte que ses prédécesseurs. Philippe Brassac, en poste depuis 2015, a marqué son mandat par une stabilité remarquable. Ce "pape de transition", comme le qualifie un observateur du capitalisme français, aura quatre ans pour poser les jalons de l’avenir, en préparant déjà sa succession.

Cette phase transitoire vise à faire émerger une nouvelle génération de dirigeants. Les enjeux sont de taille, notamment pour maintenir l’équilibre entre Casa, entité cotée, et la Fédération nationale du Crédit Agricole (FNCA), qui regroupe les caisses régionales. « La concorde doit être préservée », souligne une source proche du dossier, faisant référence aux tensions passées entre ces deux entités.

Un leader charismatique et exigeant

Connu pour son charisme naturel et sa rigueur, Olivier Gavalda est perçu comme un leader accessible, mais intraitable sur la maîtrise des coûts. Ceux qui ont travaillé avec lui se souviennent de mesures fortes, comme la réduction des charges salariales lorsqu’il dirigeait la caisse d’Île-de-France. « C’est un homme de chiffres, focalisé sur le compte de résultat, mais capable de rassembler autour de lui », confie un collaborateur.

Ses talents de communicant et son ouverture sur le monde sont également salués. Passionné par l’innovation, il s’intéresse aux technologies émergentes et a présidé la branche « Technologies et Services » du Crédit Agricole. Ce curieux insatiable a su naviguer dans toutes les sphères du groupe, renforçant ainsi sa légitimité auprès des dirigeants et actionnaires.

Des défis d’envergure

À son entrée en fonction en mai 2025, Olivier Gavalda héritera d’un établissement florissant. Le Crédit Agricole est le deuxième bancassureur français et un acteur majeur dans la gestion d’actifs, avec des positions fortes en Italie, en Pologne et dans le leasing via Amundi. Cependant, le défi immédiat sera de gérer la concurrence accrue, notamment avec l’offre publique d’échange d’actions récemment lancée par UniCredit sur Banco BPM, un rival stratégique.

Par ailleurs, des décisions cruciales se profilent avec le renouvellement d’autres postes clés, comme celui de Xavier Musca en 2025 et de Dominique Lefebvre en 2026. Ces nominations détermineront l’avenir du triumvirat dirigeant du Crédit Agricole.