Renault enregistre une perte de 9,5 milliards d'euros après avoir détaché Nissan de ses comptes
Actualité publiée le 01/07/25 09:31
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C’est un chiffre qui claque comme un coup de frein. Renault a annoncé ce mardi 1er juillet une perte comptable de 9,5 milliards d’euros, liée à une profonde modification de son traitement comptable des actions qu’il détient encore dans son ancien allié Nissan. Ce changement, essentiellement technique, intervient alors que l’alliance historique formée en 1999 entre les deux groupes est en train d’être démantelée, pièce par pièce.
La participation de Renault dans Nissan, dont la valeur a fondu avec les années, ne sera plus intégrée dans les comptes du groupe français. Elle devient désormais un « actif financier », c’est-à-dire un placement passif, décorrélé des résultats consolidés. Un ajustement radical, qui se traduit par une moins-value nette de 9,5 milliards d’euros, calculée en fonction du cours boursier de Nissan du lundi soir.
Un choc comptable, pas un gouffre opérationnel
Le groupe tient à rassurer : cette perte n’a aucun impact sur le dividende versé aux actionnaires, ni sur les fondamentaux économiques de Renault. Elle ne serait pas non plus liée au départ annoncé du directeur général Luca de Meo, comme l’a précisé l’entreprise dans un communiqué.
Il s’agit d’un réalignement comptable destiné à refléter plus fidèlement la réalité d’une relation avec Nissan qui n’a cessé de se distendre. L’objectif est de clarifier les comptes, alors même que les liens capitalistiques entre les deux constructeurs sont appelés à diminuer : Renault et Nissan ont confirmé qu’ils allaient réduire leurs participations croisées à 10 %, contre 15 % actuellement.
En coulisses, ce "détricotage" a commencé dès 2023, mettant fin à plus de deux décennies de collaboration industrielle intense entre Renault, Nissan et Mitsubishi. Mais l’éloignement ne signifie pas rupture, assure le groupe.
Une alliance vidée de sa substance… mais toujours vivante ?
“Cette évolution comptable implique un ajustement important des états financiers de Renault Group, mais ne modifie en rien les engagements stratégiques et opérationnels entre Renault Group et Nissan”, insiste la direction. Autrement dit : la coopération industrielle reste d’actualité.
Certains projets communs sont même cités comme exemples de synergie maintenue, à l’image de la future Nissan Micra, qui s’appuiera sur la plateforme de la Renault 5 électrique. Mais cette coopération se fait désormais sans logique capitalistique forte, et dans un climat de plus en plus asymétrique.
Du côté de Nissan, le temps est aux restructurations massives : le constructeur japonais prévoit la suppression de 20 000 postes dans le monde d’ici 2027, soit 15 % de ses effectifs, et une réduction drastique de sa capacité de production.
Avec cette opération, Renault tourne symboliquement la page d’un mariage de raison devenu encombrant, sans rompre totalement les liens. Le temps dira si cette séparation comptable préfigure un divorce stratégique.