Retraites : faut-il taxer les plus aisés pour financer la protection sociale ?
Actualité publiée le 22/01/25 10:05
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Le débat sur le financement de la protection sociale s’enflamme à nouveau en France. La ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, a proposé, mardi 21 janvier 2025, de faire contribuer davantage les retraités les plus aisés à travers une taxation spécifique. Une mesure qui, selon elle, vise à équilibrer les charges entre les actifs, les entreprises et les retraités.
Une proposition personnelle qui suscite des réactions
Sur le plateau de TF1, la ministre a déclaré qu'il serait envisageable d’introduire une taxe "en fonction du niveau de pension", citant les seuils de 2 000 à 2 500 euros comme potentiellement concernés. Selon elle, cette mesure pourrait toucher jusqu'à 40 % des retraités. Cette suggestion, qualifiée de "personnelle" par Matignon, a néanmoins rapidement provoqué une levée de boucliers.
François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre de l’Intérieur, s’est dit "extrêmement réservé" sur FranceInfo, affirmant que cette idée "n’a jamais été discutée au sein du gouvernement". Il a ajouté : "Les Français ont besoin de souffler et de penser au pouvoir d’achat", plaidant plutôt pour des réformes structurelles et des économies avant d’envisager toute nouvelle taxe.
Une proposition qui divise les élus et la société civile
Les réactions sont tout aussi vives parmi les élus. Laurent Jacobelli, député du Rassemblement national, s’oppose fermement à cette initiative : "Ils n’ont volé personne, ils ont travaillé toute leur vie, on n’a pas à leur demander d’efforts supplémentaires." De son côté, Mathieu Lefèvre, député macroniste, a publié un laconique mais clair "trois fois non !" sur les réseaux sociaux.
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À l’inverse, Patrick Martin, président du Medef, voit cette idée d’un bon œil, à condition qu’elle soit "temporaire" et "ciblée". Selon lui, cette mesure pourrait permettre de répartir les efforts "de manière équitable".
Un tabou qui s’effrite
Jusqu’ici, toucher au portefeuille des retraités était un sujet politiquement sensible. Cependant, l’idée de taxer les plus aisés semble de moins en moins taboue. Le patron du Medef a récemment suggéré de supprimer l’abattement fiscal de 10 % sur les pensions de retraite pour les plus riches, une proposition déjà portée en 2023 par la sénatrice Christine Lavarde, mais rejetée.
Les partisans de cette réforme la justifient par une "équité générationnelle", argumentant que les retraités aisés profitent d’une situation financière souvent meilleure que celle des actifs. Toutefois, la résistance demeure forte, notamment en raison du poids électoral des retraités, qui votent davantage que les autres tranches de la population.
Cette proposition intervient dans un contexte de pression sur les finances publiques. La branche autonomie de la protection sociale, principalement financée par les actifs et les entreprises, représente un défi majeur. La ministre Catherine Vautrin a récemment relancé l’idée d’une nouvelle journée de solidarité, qui permettrait de dégager 2 milliards d’euros, mais elle reste controversée.