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Trenitalia investit 1 milliard d'euros pour concurrencer Eurostar entre Paris et Londres


Actualité publiée le 08/04/25 14:01

L'annonce a fait l'effet d'un petit coup de klaxon dans le paysage ferroviaire européen : la compagnie italienne Trenitalia prévoit de lancer d'ici 2029 une ligne à grande vitesse entre Paris et Londres, brisant ainsi le monopole historique d’Eurostar. Derrière ce projet ambitieux se cache Ferrovie dello Stato (FS), le groupe public italien bien décidé à étendre sa toile sur les rails européens, avec un investissement d’un milliard d’euros et des trains inspirés du célèbre Frecciarossa.

Le tunnel sous la Manche, jusqu’ici domaine exclusif d’Eurostar, attire désormais les convoitises. Car s’il ne voit circuler que 400 trains par jour, il est techniquement capable d’en accueillir 1.000, selon Eurotunnel. De quoi attiser l’appétit des nouveaux entrants, d’autant plus que le régulateur britannique vient d’ouvrir la porte à l’accès au dépôt londonien de Temple Mills, jusque-là chasse gardée d’Eurostar. Et Trenitalia n’est pas seule à s’engouffrer dans la brèche.

Une nouvelle bataille sur les rails entre Paris et Londres

Ce projet transmanche n’est pas une lubie passagère. Il s’inscrit dans une vision très structurée de FS : bâtir un réseau ferroviaire européen plus intégré, compétitif et durable, comme l’a martelé son directeur général Stefano Antonio Donnarumma. Trenitalia ne cache pas ses ambitions : ses rames Frecciarossa circulent déjà entre Paris, Lyon et Milan, et une desserte de Marseille a été lancée en mars.

Mais le coup de théâtre vient surtout de l’accord discret mais stratégique signé avec l’opérateur espagnol Evolyn, lui aussi en lice pour une ligne Paris-Londres. Cette synergie latino-européenne pourrait rebattre les cartes de l’offre ferroviaire. Les détails de cet accord restent secrets pour l’instant, mais son timing, quelques jours après la validation de l’accès au dépôt Temple Mills, en dit long sur les coulisses d’une bataille qui ne fait que commencer.

Et si le scénario d’un embouteillage de concurrents semblait farfelu il y a encore peu, il devient chaque jour plus crédible. En mars dernier, le groupe britannique Virgin a annoncé vouloir lever 700 millions de livres pour se lancer lui aussi dans l’aventure transmanche à l’horizon… 2029.

Le tunnel sous-exploité attire de nouveaux appétits

Eurotunnel, qui gère l'infrastructure du tunnel, pousse activement à la diversification des opérateurs. Son patron, Yann Leriche, le répète : seul 40 % du potentiel est actuellement utilisé. London St. Pancras Highspeed, exploitant britannique de la ligne vers le continent, a même annoncé des incitations financières pour attirer de nouveaux acteurs. Les portes sont grandes ouvertes.

« Une concurrence accrue permettra davantage de choix pour les voyageurs, des tarifs plus bas et de nouvelles destinations possibles », affirme Robert Sinclair, directeur général de London St. Pancras Highspeed. Sa ligne actuelle, pourtant vitale, ne tourne qu’à moitié de ses capacités.

Tout converge donc vers un horizon 2029 ultra-concurrentiel, avec une poignée de mastodontes du rail prêts à en découdre dans ce corridor stratégique entre deux capitales majeures. La bataille s’annonce féroce, tant sur le terrain technologique que tarifaire.

Quels changements pour les voyageurs et l'écosystème ferroviaire ?

Pour les voyageurs, la promesse d’une guerre des prix est alléchante, tout comme celle de voir de nouveaux standards de confort et de service à bord. Trenitalia n’en est pas à son coup d’essai : son Frecciarossa a déjà été salué pour son confort en classe business et sa ponctualité sur les lignes franco-italiennes.

L’arrivée de ces nouveaux opérateurs bouscule également l’hégémonie de la SNCF, via sa participation majoritaire dans Eurostar. Après avoir vu Trenitalia empiéter sur ses lignes nationales (notamment sur Paris-Lyon), la compagnie française pourrait bien se retrouver à devoir défendre ses positions sur l’un de ses joyaux historiques.

Mais le grand gagnant, à terme, pourrait bien être le tunnel lui-même. Longtemps sous-exploité, il pourrait devenir une autoroute ferroviaire hyper fréquentée, à l’image de ce qu’il aurait toujours dû être. Un lieu de passage vivant, compétitif, et résolument européen.

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