Le taux du Livret A va subir une forte baisse dès le 1er août 2025, pour passer de 2,4 % à une fourchette estimée entre 1,5 % et 1,7 %. Ce repli, attendu depuis plusieurs semaines, affectera aussi le Livret de développement durable et solidaire (LDDS), son cousin fiscalement avantageux. En toile de fond : une inflation qui ralentit, des taux directeurs en recul… et une volonté politique de relancer la consommation.
Pour les 56 millions de Français qui détiennent encore un Livret A, le choc sera d’abord psychologique, mais surtout financier. La perte de rendement s’annonce significative dès le mois d’août, et ce jusqu’à fin janvier 2026.
Ce que vous allez réellement toucher (ou perdre)
Avec un taux attendu à 1,7 %, les gains vont fondre. Exemple concret :
- Pour 1 000 euros épargnés, les intérêts touchés entre août et décembre tomberont à 7,08 euros.
- Sur l’encours moyen d’un Livret A (environ 7 000 euros), vous ne toucherez que 49,58 euros, contre 84 euros sur les six mois précédents.
- Et pour un livret plein à 22 950 euros, les gains seront de 162,56 euros entre août et décembre, contre 275,40 euros entre février et juillet.
Autrement dit, vous perdrez plus de 110 euros de rendement annuel à capital égal, simplement à cause de cette révision.
La formule qui détermine le taux du Livret A se base sur l’inflation moyenne et les taux interbancaires de la BCE. Ces deux indicateurs étant à la baisse, la Banque de France devrait proposer mécaniquement un taux faible. Sauf revirement ministériel, le gouvernement suivra cette formule, comme le confirme Philippe Crevel du Cercle de l’Épargne : « Il est fort probable que le ministre de l’Économie ne dérogera pas à la formule, dans une logique de soutien à la consommation ».
Pourquoi le Livret A reste encore si populaire
Malgré cette rentabilité en chute libre, les Français ont encore massivement versé sur leur Livret A en mai : +1,22 milliard d’euros de dépôts nets, auxquels s’ajoutent 660 millions sur le LDDS. Une collecte mensuelle record pour l’année, qui s’explique surtout par une volonté de profiter une dernière fois du taux à 2,4 %.
Mais sur l’ensemble de l’année 2025, la tendance est beaucoup plus mitigée. Entre janvier et mai, la collecte nette n’a atteint que 2,75 milliards d’euros, contre 8,91 milliards un an plus tôt. La baisse de rendement commence déjà à peser.
Le taux d’épargne des Français culmine actuellement à 18,8 %, un record depuis 1981 (hors Covid). Un chiffre qui inquiète Bercy : cette thésaurisation freine la consommation, donc la croissance. Réduire le taux du Livret A apparaît comme un levier économique assumé.
Et maintenant, où placer son argent sans tout risquer ?
Pour ceux qui souhaitent préserver leur épargne sans l’exposer à des risques élevés, plusieurs alternatives existent :
- Les fonds euros de l’assurance vie, avec une rémunération 2024 attendue entre 2,5 % et 3 %, mais soumis à l’impôt.
- Les SCPI de rendement, plus audacieuses, avec des taux autour de 5 %, mais non garanties.
- Les fonds obligataires de court terme, de plus en plus proposés dans les banques patrimoniales, mais réservés aux portefeuilles supérieurs à 10 000 €.
Aucune de ces options n’offre la liquidité, la défiscalisation et la sécurité du Livret A. Mais avec une rémunération divisée par deux, l’arbitrage devient inévitable.
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