Prix record du café : pourquoi la flambée va continuer

Le prix du café, en particulier la variété arabica, a explosé pour atteindre des niveaux jamais vus depuis 1997. Lundi dernier, la livre d’arabica coté à New York s’est hissée à 312,80 cents, confirmant une hausse spectaculaire qui s’explique par un ensemble de facteurs économiques et climatiques, avec en toile de fond le Brésil, premier producteur mondial de café.

Les causes climatiques : sécheresse et floraison incertaine

Le Brésil a connu une année particulièrement défavorable pour ses cultures. Après une longue période de sécheresse et de chaleur, des pluies tardives en octobre ont permis une floraison jugée exceptionnelle dans certaines régions. Cependant, cette amélioration est tempérée par des incertitudes. Guilherme Morya, analyste chez Rabobank, alerte sur une possible défaillance de cette floraison : si les fleurs ne se fixent pas correctement aux branches, elles ne produiront pas de cerises, et donc pas de grains de café.

Les producteurs brésiliens, face à ces conditions, ont choisi de restreindre leurs ventes pour protéger leurs marges. Jack Scoville, analyste chez Price Futures Group, résume la situation : les conditions météorologiques extrêmes ont généré des inquiétudes pour les récoltes futures, incitant les cultivateurs à conserver leur production, malgré une demande mondiale croissante.

En parallèle, le Vietnam, principal producteur de robusta, subit des tensions similaires. Le prix du robusta, souvent utilisé dans les cafés instantanés, est également monté en flèche, atteignant 5 829 dollars la tonne en septembre, un record depuis les années 1970 selon Bloomberg.

Les répercussions économiques : des prix au détail en hausse

Cette flambée des prix n’affecte pas seulement les producteurs. Les géants de l’agroalimentaire comme Nestlé ou Starbucks répercutent ces hausses sur leurs consommateurs. Nestlé a confirmé qu’elle continuera à augmenter ses prix de vente en réponse à la montée des coûts des matières premières. De leur côté, des entreprises comme Starbucks et Keurig Dr Pepper, qui s’approvisionnent massivement en grains arabica, voient leurs marges comprimées par cette inflation. 

À ces facteurs climatiques et économiques s’ajoutent des enjeux géopolitiques. Les perturbations dans le transport maritime, notamment dans la mer Rouge, et les menaces de droits de douane américains augmentent encore les incertitudes. En Europe, le futur règlement sur la déforestation, qui vise à limiter l’importation de produits contribuant à la déforestation, pourrait également influencer les coûts et l’offre de café.

Les experts anticipent une récolte 2025/2026 sous haute tension. Avec des stocks de café arabica déjà qualifiés de "niveau exceptionnellement bas" par le service agricole des États-Unis, les prochains mois seront cruciaux pour les récoltes. 

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