Apple vient d'annoncer ses résultats trimestriels Q1 2009... qui ont positivement surpris les analystes.
Hors Q4 calendaire, toujours excellent en raison du boost de Noel, ce fut le meilleur trimestre de l'histoire d'Apple, ce qui montre la performance. En croissance de 8% sur le 1er trimestre 2008, ce qui est pas mal globalement dans ce contexte de crise, avec une firme positionnée sur des produits plutôt haut de gamme et cher.
Celle-ci est cependant contrastée par lignes de produits : les Mac sont en
décroissance de 3% vs l'année dernière, alors que l'iPod (11M d'unités vs
moins de 10M attendues), particulièrement le Touch (+100%) et l'iPhone
(3,8M d'unités vendues vs 3,1M attendues par les analystes) se portent à
merveille. L'AppStore et son milliard de téléchargements n'est certainement pas
pour rien dans ces performances.
Apple bénéficie de fait de son superbe produit - l'iPhone - dans une
catégorie en plein boom malgré la crise.
Avant d'avoir cette surprise, un jour, je voudrais revenir sur les chiffres donnés par Apple concernant sa superbe division "retail".
Lors du Q1 2009, il y a eu +16% de passages en nombre de visiteurs, de 33,7 à 39,1M de personnes (soit encore plus de 400,000 par jour au total). Par contre, signe des temps, le CA n'a que très légèrement monté, passant de 1,45Mds€ à 1,47Mds€.
Pour estimer le taux de conversion, il faut d'abord estimer le panier moyen. On sait que Apple a vendu, sur un CA total de 8,2Mds$ environ, 11M d'iPod (hypothèse prix moyen 170$), 2,2M de Mac (1700$) et 3,8M d'iPhone (250$). Soit un prix moyen par produit de 375$ environ. Comme c'est une analyse très quick&dirty, je vais prendre cette base, même si on sait qu'il y a beaucoup d'autres produits dans des Apple Stores (imprimantes, disques durs, logiciels, étuis pour iPod et iPhone, etc). 1,45Mds$/375$ me donne 3.9M de paniers, et on arrive ainsi à un taux de conversion de l'ordre de 10%. Ce qui ne me choque pas.
La marge opérationnelle de la division a fortement baissé, ce qui est logique puisque le CA quasi équivalent a du être atteint avec une trentaine de boutiques en plus, donc des coûts supérieurs. Elle est passée de 334M$ à 308M€, soit encore de 23% à 21% du CA.
Ceci étant, si vous en connaissez beaucoup des retailers qui font plus de 20% de marge nette, faites moi signe ! Le retail a été particulièrement affecté par la crise aux US, avec parfois des dépôts de bilan retentissants (ie Circuit City par exemple), mais Apple Retail s'en sort très bien et reste formidablement rentable.
L'explication de cette incroyable rentabilité pour du retail est assez simple
: une excellente marge brute "total system" d'entrée de l'ordre de 45%, et des
coûts opérationnels (loyer 6%, personnel 12%) compressés par le fort trafic que
draine les magasins car 1) ils sont très bien placés, 2) les produits y sont
excitants, 3) On ne peut pas les trouver moins cher ailleurs.
Comme Apple contrôle parfaitement ses prix publics, qu'ils sont élevés et qu'il
n'y a pas de guerre de prix dessus, les marges brutes dégagées sont très
confortables, et avec du volume comme savent en drainer les Stores, la
rentabilité finale est excellente.
A l'opposé, le grands retailers généralistes, que ce soit les Walmart, les Carrefour ou encore les Amazon de ce monde, se battent eux en grande partie sur les prix pour des produits de commodités, d'où des marges brutes faibles entre 15 et 25%. Et ils ont beau alors avoir un gros trafic, ça ne leur fera pas générer une marge opérationnelle supérieure à 5-6% au final (P&L typique d'un grand distributeur physique : MB 25%, loyer 2-3%, personnel 10-12%, logistique, IT et G&A de 6 à 8%).
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