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Apple est devenue une société rentable, très rentable, qui a maintenant
40Mds$ dans les caisses et en dégagera une grosse douzaine de plus cette
année. Ce sans aucune dette !
Avec l'arrivée prochaine de l'iPad - 4ième grande ligne de
produit après les Mac, iPod et iPhone - qui au delà des ventes de hardware
devrait aussi bien faire marcher le très rentable AppStore avec des applications
à plus forte valeur ajoutée et plus coûteuses, la génération de cash va
encore s'amplifier. La ligne iPad devrait selon moi représenter 8 à 10%
du CA Apple en 2011 (je calcule 10 à 12M de tablettes à un prix moyen de 600$)
A ce rythme, fin 2010, c'est donc plus de 50Mds$ de cash qui se
trouveront dans ses caisses, soit la capitalisation boursière de Nokia, 1er
fabricant mondial de mobiles. C'est aussi je crois le record absolu de cash qui
ait été un jour disponible dans une société, tout secteur confondu !
En terme de shareholder value, avoir autant de cash qui dort à
la banque et ne travaille quasiment pas est évidemment très loin d'être optimal.
Il rapporte quelques % par an, ce qui n'est pas le retour qu'attendent des
actionnaires !
Il faut le mettre au travail, ou alors le rendre. Quand une société a des
excédents qu'elle ne sait pas employer à court/moyen terme, elle en rend une
partie en versant des dividendes ou en rachètant ses actions. Mais Apple ne
verse pas de dividende, n'a aucun programme annoncé de rachat d'actions, et n'a
eu jusqu'à présent aucune appétence pour racheter de grosses sociétés.
Quoi que et Tim Cook et Steve Jobs ont récemment annoncé qu'ils
n'excluaient pas une grosse acquisition.
Récemment, quand les analystes financiers ont demandé à Apple à quoi pourraient
servir ce "trésor de guerre", Steve Jobs a répondu que c'était d'abord
une sécurité ! Certes, comme disait Andy Grove, autre superbe
entrepreneur, fondateur d'Intel, "Seuls les paranoiaques survivent". Il y a du
vrai, mais tout de même, à ce niveau de trésorerie...
La plus grosse acquisition historique d'Apple fut le rachat de Next de Steve
Jobs en 1997. Pour 400M$, seulement (!), ça a entre autre permis de ramener
l'enfant prodigue au bercail, qui a lui crée près de 200Mds$ de valeur en une
douzaine d'années.
Le syndrome du NIH ("not invented here") court encore
certainement un peu à Cupertino, qui n'a donc au cours de son histoire fait que
de légères exceptions à cette règle.
Avec 50Mds$ dans les caisses, un CEO visionnaire qui sait comme personne penser
« outside the box » façon XXL, Apple aurait les moyens de faire une mega
acquisition (mais encore une fois ce ne semble pas être trop dans les gênes de
Steve Jobs qui veut plutôt pour concevoir lui-même produits et technologies), ou
du moins de faire de très grandes choses et prendre des mega risques qui
l'amèneraient à une stature très largement plus importante qu'aujourd'hui.
Alors, quels plans ? C'est la question que se posent la plupart des analystes
financiers actuellement, mais je suppose aussi en coulisse les concurrents
(Google, Nokia, Microsoft, etc) qui voient un Apple de plus en plus
puissant et riche, toujours en forte croissance, brillant en
développement et en réinvention de lui-même.
Si Microsoft est toujours aussi solide et très rentable dans
les OS et les applications bureautiques, ses développements, aussi bien dans le
web que dans les consoles, sont loin d'être brillants en terme de rentabilité
(c'est un euphémisme), ce alors qu'Apple a depuis 2000 réussit de toute pièce à
créer 2 nouveaux marchés au delà des ordinateurs (3 si on compte les Stores,
AppStore et iTunes Store) - l'iPod et l'iPhone - très rentables. Quand Microsoft
perd des sous, pendant des années, dans ses nouvelles activités - même s'il peut
largement se le permettre - Apple sait lui créer lui des business
entièrement nouveaux et formidablement rentables !
Résultat, alors qu'Apple vaut 8 ou 9 fois plus environ en
Bourse que fin 1999, Microsoft n'en vaut plus que la moitié. L'un a su se
réinventer, pas l'autre...
A l'identique, Google gagne une fortune avec son business de
base Adwords, mais ne réussit pas vraiment encore à bien monétiser tout le
reste.
Quant à Nokia, elle ne vaut plus en Bourse que le 5ième de ce
qu'elle valait il y a 10 ans.
Apple s'étant dorénavant positionnée comme une "mobile device company",
je ne serais par exemple pas étonné qu'ils intègrent un peu plus la chaîne en
amont en tant qu'opérateur. Activité qui demande des
investissements colossaux, qu'Apple peut aujourd'hui largement se permettre, et
qui génère par la suite des tonnes de cash de façon assez stable, ce qui
assurerait ainsi de bons relais de croissance pour la décennie à venir.
Les paris sont ouverts sur ce qu'Apple peut concevoir comme plan
titanesque pour employer ses énormes liquidités disponibles. Et
déployer efficacement autant d'argent n'est pas à la portée du 1er venu
! Sinon, il faudra bien qu'il le rende aux actionnaires un jour ou l'autre !
En tous cas, en terme d'investissement boursier, Apple a
retrouvé de sacrées couleurs depuis l'hiver dernier : la route est dégagée, le
modèle carbure, la firme a prouvé que même par gros temps de crise elle
continuait de croître et d'être très rentable, vient d'ajouter une nouvelle
ligne de produits à gros potentiel d'après moi, et je ne serais donc pas étonné
si l'action se retrouvait à 300$ en 2011.