Vous aimez écrire ? vous souhaitez que vos textes soient publiés dans cette rubrique ? contactez-nous
Le message principal de la
partie 1 était que le consommateur de demain,
après quelques années de folie où on a payé un peu n'importe quoi, privilégiera
les sociétés qui offrent bien tangiblement "a great value for money"
(non pas un prix bas), une superbe "expérience produit" le tout
sur fond de grand respect client et de valeurs.
In fine, j'estime qu'il acceptera de payer un peu
plus cher (qu'un produit ou un service a priori de la même
catégorie), mais pour avoir beaucoup plus.
Le point ne sera pas d'être le moins cher, mais d'être le moins cher pour la
valeur apportée.
Les sociétés qui auront réussit à se positionner correctement face aux nouvelles
attentes des consommateurs progresseront bien plus vite et continueront à faire
des profits très confortables.
Il n'est pas facile de qualifier ce "beaucoup plus" que le consommateur
retirerait de son achat, mais cela incorpore aussi bien
1. Des spécificités tangibles du produit/service :
caractéristiques techniques, qualité, durabilité, innovations techniques
diverses, design, etc.
2. De l'émotionnel intangible sur le produit/service : image et
héritage de la marque, valeur émotionnelle, etc.
3. Un bénéfice humain personnel : à savoir que le client se
sente considéré, écouté, respecté, ce qui peut prendre de très nombreuses
formes.
4. Une adhésion de la firme à des valeurs : green, éthique,
sociale, etc.
Quelques exemples de firmes qui en offre beaucoup pour leur argent aux
consommateurs :
1. Amazon, rarement le moins cher mais parmi les moins cher et
avec un niveau de service exceptionnel, des recommandations pertinentes, etc.
MAlgré la crise, croissance au 1er trimestre de 18% du C (et 24% des profits).
2. Apple, 20% plus cher en général que des PC comparables, mais
une intégration sans souci du hard et du soft, pas de virus, un design superbe.
Quant à l'iPhone, près de 30M d'unités écoulés en 2 ans montre qu'Apple sait en
offrir beaucoup pour le prix. Un magazine décernait hier à l'iPhone 3Gs "the
best smartphone experience".
3. Toyota, qui a su se positionner depuis pas mal de temps sur
la voiture verte, et est devenu l'année dernière le 1er constructeur mondial.
4. Coach, n°2 mondial de la maroquinerie après Louis Vuitton,
dont j'ai abondamment parlé ici, positionnée dans le luxe accessible (prix moyen
300-350$).
Dans les faits, pouvoir offrir aux consommateurs beaucoup pour leur argent est
difficile et suppose que la firme soit extrêmement efficiente
partout, voire qu'elle se réinvente.
Un exemple très concret, justement celui de Coach. Au cours des années fastes,
elle avait progressivement rehaussé ses price points moyens, passant de
200-250$/sac à 300-400$.
Ecoutons le CEO, Lew Frankfort, et méditons son analyse :
"We took the view that the world will forever be different, and we need to
acclimate ourselves. We believe that the habits and expectations developed
during the recession will last far beyond it".
Peut-on faire plus clear cut ?
Et pour s'adapter à ce monde où le consommateur s'attend à en avoir
beaucoup plus pour son argent, Coach "began a nearly yearlong quest to
design a line of purses and accessories that could be priced to fit the times
without cheapening, or otherwise damaging, Coach's image. Doing so would require
executives to find new sources of leather, fabric, and hardware, renegotiate
deals with suppliers, and collaborate more than we ever had".
Concrètement, Coach a annoncé hier sa nouvelle ligne "Poppy" avec des
price points environ 15% plus bas au minimum.
Et Lew Frankfort, dans la firme depuis près de 30 ans, déclarant tout simplement
sur ce qu'il vivait actuellement dans la firme : "I've never worked harder".
Clairement, la firme a du tout repenser, tout renégocier avec ses fournisseurs,
adapter sa structure de coûts également : Coach a ainsi licencié 10% de son
staff HQ et fermé plusieurs unités insuffisamment rentable.
Pointe de réalisme économique aussi sur le fait de sortir une collection avec
des price points plus bas : "...and that we could design and manufacture these
products and still provide acceptable -- no, excellent -- returns". Oublions les
rentabilités exceptionnelles, obtenues à l'époque où le consommateur était prêt
à payer un peu n'importe quoi, contentons nous de bons niveaux de rentabilité.
Et pour ceux qui n'auront pas réussit à en apporter plus aux consommateurs, il
leur restera un seul argument, le prix, ce qui les rendra forcément bien peu
rentable et de toute façon bien moins que les autres.
Pour savoir si la proposition commerciale de la firme en délivre vraiment
beaucoup pour leur argent aux consommateurs, il n'y a pas 36 solutions,
il faut l'écouter.
Ainsi, tous les 3 mois, Coach sonde 20,000 clientes, sur ce
qu'elles pensent de la marque et de ses produits, sur leurs attentes mais aussi
sur leurs comportements d'achat au sens large. Cette écoute a
ainsi permis à Lew Frankfort de déclarer au magazine "Women's Wear Daily",
dés janvier 2008, qu'une récession avait commencé du point de
vue de la consommation, et que "it would likely be a serious, prolonged downturn...and
that Coach would need to create even more compelling reasons for consumers to
shop".
Concernant l'écoute des consommateurs, je recommande de se benchmarker
sur 4 dimensions, en demandant de noter sur une échelle de 1 à 5 :
- La marque propose une offre de qualité (inclut aussi la
largeur de l'offre)
- La marque présente un très bon rapport qualité/prix
(qualité/prix, plaisir/prix, value for money). Elle délivre une
excellente expérience (produit ou service) pour le prix demandé.
- La marque ne souffre pas de zones d'ombre en matière d'éthique au sens
large (elle respecte l'environnement, elle respecte ses salariés, etc).
- La marque a de la considération, du respect et de l'égard
pour les consommateurs, elle cherche à dialoguer avec eux, elle est avenante,
etc.
On peut remplacer marque par "distributeur", la problématique de fond est la
même.
Et, bien entendu, de refaire cette étude périodiquement (ie tous les 3 mois
comme Coach), de bien surveiller l'évolution des notes...et d'agir alors en
conséquence. Comme l'exemple de Coach l'a montré, modifier son offre pour
s'adapter aux tendances consommateurs implique parfois un lourd travail
de fond. Cela prend du temps, d'où l'importance d'avoir des capteurs
afin de mettre les chantiers en marche le plus tôt possible.
Chez Photoways, je faisais un sondage de la sorte tous les mois.
Pendant longtemps, bien que nous étions plus cher que la moyenne de nos
concurrents, nos consommateurs nous notaient bien, preuve que notre niveau prix
était accepté. Nous avons ensuite constaté au cours des mois une lente érosion
de la satisfaction sur cette dimension, ce qui nous a conduit, au moment où nous
avons estimé qu'elle était insuffisante, à réduire nos prix; voire à proposer
dés 2004 un nouveau service "PixDiscount" dont le but était de
s'adapter à la frange de consommateurs qui ne cherchaient que du tirage sans les
services de stockage et partage. Ce segment ayant été identifié suite à
une écoute attentive de nos clients.