L'UE lance sa première salve de riposte contre les droits de douane américains
Actualité publiée le 09/04/25 15:57
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C’est un coup de semonce économique. Dès le 15 avril 2025, l’Union européenne appliquera des droits de douane de 25 % sur une large gamme de produits américains. Une décision prise à une écrasante majorité des États membres, seule la Hongrie s’est opposée, en réponse aux taxes imposées par l’administration Trump sur l’acier et l’aluminium. Après la Chine et le Canada, c’est donc au tour de l’UE de contre-attaquer, attisant les tensions commerciales à l’échelle planétaire.
La liste des produits ciblés est aussi stratégique que symbolique : maïs, blé, riz, volaille, bois, motos, vêtements, mais aussi fil dentaire et produits cosmétiques. Ces mesures européennes frapperont l’équivalent de 21 milliards d’euros d’importations américaines, contre 26 milliards d’euros d’exportations européennes de métaux désormais lourdement taxées par Washington. Si Bruxelles temporise encore sur sa riposte face aux nouvelles taxes de 20 % sur presque tous les produits européens, et aux 25 % prévus sur l’automobile, la mécanique d’escalade semble bel et bien enclenchée.
Officiellement, la manœuvre européenne se veut équilibrée. "Ces contre-mesures peuvent être suspendues à tout moment, si les États-Unis acceptent une issue négociée juste", précise la Commission européenne. Mais dans les faits, les Vingt-Sept ont choisi de frapper fort, sans attendre la réponse américaine à leurs appels au dialogue. Et ils ont surtout visé des produits emblématiques d’États stratégiques sur le plan électoral, notamment les bastions républicains de Donald Trump.
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Le bourbon du Kentucky, un temps dans le viseur, a finalement été retiré de la liste après des pressions de la France et de l’Italie, inquiets d’éventuelles représailles contre le vin et les spiritueux européens. Ce retrait tactique reflète l’ambivalence européenne : volonté de fermeté, mais aussi crainte d’un engrenage incontrôlable.
Les premières salves de ces représailles douanières s’appliqueront le 15 avril, puis le 16 mai et le 1er décembre, selon les catégories de produits. Le comité commerce des 27 États membres a entériné cette répartition progressive mercredi après-midi.
Du côté de Washington, le tempo s’accélère. Depuis le 2 avril, les États-Unis imposent des droits de douane "réciproques" de 20 % sur quasiment tous les produits européens, en plus des 25 % sur l’aluminium et l’acier. À cela s’ajoutent des surtaxes de 104 % sur les importations chinoises, qui ont précipité une nouvelle chute des marchés financiers.
Pékin n’a pas tardé à répondre : la Chine appliquera dès le 10 avril des droits de 84 % sur les produits américains, aggravant la nervosité sur les places boursières. L'UE, jusque-là plus prudente, semble donc contrainte de suivre le mouvement au risque de perdre en crédibilité.
Selon des diplomates européens cités par Reuters, la liste initiale des produits visés a été ajustée après consultation des États membres, pour éviter des effets boomerang sur certains secteurs sensibles. Mais l’unité européenne reste fragile : la Hongrie, proche du président Trump, a dénoncé une politique "contre-productive", susceptible de pénaliser les consommateurs européens eux-mêmes.