Le gouvernement veut économiser jusqu'à 50 milliards sans toucher aux impôts
Actualité publiée le 14/04/25 08:45
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C’est un chiffre qui donne le vertige : jusqu’à 50 milliards d’euros d’économies à trouver d’ici 2026 pour espérer contenir le déficit public. À la veille d’une conférence sur les finances publiques présidée par François Bayrou, l’exécutif prépare les esprits à un effort qu’il qualifie lui-même de « très considérable ». Objectif : ramener le déficit à 4,6 % du PIB. Et sans toucher aux impôts, jure-t-on dans les couloirs de Bercy.
Dimanche 13 avril, le ministre de l’Économie, Éric Lombard, a donné le ton sur BFM : « Il va falloir faire un effort supplémentaire de 40 milliards d’euros ». Dans le même souffle, la porte-parole du gouvernement, Sophie Primas, a évoqué une fourchette élargie : entre 40 et 50 milliards à trouver, essentiellement via des coupes budgétaires. Un aveu d’ampleur, lancé avant même la grande messe budgétaire prévue ce mardi à Matignon.
Un scénario d’économies sous haute tension politique
L’heure n’est pas encore aux détails, assure Éric Lombard. « Nous sommes en avril, c’est trop tôt », justifie-t-il. Mais une chose est sûre : les économies à venir ne se feront pas sur le dos des contribuables, promet le gouvernement. « Pas d’augmentation d’impôts », ni pour les classes moyennes, ni pour les entreprises. En revanche, les dépenses publiques sont clairement dans le viseur.
L’exercice s’annonce d’autant plus périlleux que le gouvernement avance dans un climat politique sous haute pression. À gauche, Jean-Luc Mélenchon fustige « la Macronie qui vous présente sa facture » et compare la situation de la France à celle de la Grèce en 2010. À droite, Marine Le Pen aiguise ses armes, prête à dégainer une motion de censure. Même dans le camp présidentiel, des voix s’élèvent : le député Renaissance Matthieu Lefèvre rejette toute hausse d’impôts et appelle à « dépenser moins ».
Dans ce contexte, chaque euro d’économie devient une ligne de fracture, un potentiel déclencheur de crise parlementaire.
Une méthode assumée : frapper tôt, frapper fort
Le choix d’organiser la conférence dès avril, et non en juin, comme le veut la tradition, n’est pas anodin. François Bayrou veut frapper vite pour « exposer aux Français tous les risques » et espère ainsi désamorcer les tensions à venir. Il promet un exercice de vérité et de transparence, première étape d’un effort collectif à construire.
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La première partie de la conférence, à huis clos, rassemblera élus, administrations, collectivités et syndicats. Une mise en scène qui vise à renforcer la légitimité du plan. Dans un second temps, le Premier ministre prendra la parole publiquement pour détailler les constats et l’urgence de la situation.
Sur le fond, le gouvernement veut concentrer les efforts sur les dépenses sociales et de santé, tout en engageant les collectivités locales à revoir leur gestion. Les ministères ont reçu une lettre de cadrage stricte début avril : des propositions d’économies « ambitieuses » sont attendues d’ici l’été.
Un équilibre budgétaire rendu plus fragile par l’international
Le défi s’annonce déjà colossal, mais il se complique avec le contexte géopolitique. La croissance française a été revue à la baisse, de 0,9 % à 0,7 %, en raison du choc provoqué par la guerre commerciale lancée par Donald Trump. Et ce n’est pas tout : le revirement américain sur le dossier ukrainien pousse Paris à réévaluer en urgence ses dépenses militaires.
Résultat : 5 milliards d’euros de coupes immédiates ont été décidées la semaine dernière. Le ministre de l’Économie tente de rassurer : « En l’état, l’objectif reste tenable ». Mais le spectre de nouvelles tensions budgétaires plane déjà.
Avec des dépenses publiques atteignant 57,1 % du PIB en 2024, la marge de manœuvre reste étroite. « On peut tout à fait réduire les dépenses et maintenir la qualité des services », insiste Éric Lombard. Reste à convaincre les Français que l’effort vaut la peine… et que l’équation n’est pas impossible à résoudre.