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Rendements en chute, guerre commerciale en vue : la BCE baissera t'elle encore ses taux en avril


Actualité publiée le 07/04/25 11:00

Les marchés européens ont commencé la semaine dans un climat électrique. Alors que Donald Trump a sorti l'artillerie lourde sur les tarifs douaniers, les rendements obligataires à court terme de la zone euro se sont littéralement effondrés, atteignant leur plus bas niveau depuis plus de deux ans. Dans le viseur des investisseurs : une Banque centrale européenne qui pourrait bien être contrainte d’agir plus tôt que prévu.

Ce lundi 7 avril, le rendement des Bunds allemands à deux ans a chuté de 16,5 points de base à 1,69 %, avec un creux enregistré à 1,665 %. Du jamais vu depuis octobre 2022. Et ce mouvement violent n’a rien d’anodin. Il reflète un revirement brutal des anticipations sur les taux : les marchés parient désormais à 90 % sur une baisse de 25 points de base dès la semaine prochaine. La BCE pourrait-elle être poussée à accélérer son calendrier de détente monétaire ?

Tarifs américains : une onde de choc immédiate sur les marchés

Tout est parti d’une déclaration à peine voilée de Donald Trump. Vendredi, le président américain a prévenu : les gouvernements étrangers devront désormais "payer beaucoup d'argent" pour lever les nouveaux droits de douane. Une posture musclée qui rappelle les pires heures de la guerre commerciale de l’ère pré-Covid.

Les conséquences ne se sont pas fait attendre. Les marchés et les actions européennes ont fortement chuté, traduisant l’inquiétude des investisseurs. Parallèlement, le rendement du Bund à 10 ans a reculé à 2,479 %, atteignant ainsi son niveau le plus bas depuis un mois. Dans ce climat de nervosité, les spreads souverains se sont tendus, en particulier entre l’Italie et l’Allemagne, où l’écart a atteint 126 points de base, signe manifeste d’une défiance grandissante des marchés envers certains pays de la zone euro.

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Dans ce contexte de fébrilité, les investisseurs anticipent que la BCE n’aura d’autre choix que de renforcer sa politique accommodante. D’autant plus que le choc tarifaire pourrait frapper en plein vol une reprise économique déjà vacillante.

Une BCE piégée entre désinflation et incertitudes

Officiellement, la Banque centrale européenne n’a pas encore tranché. Les prochaines réunions décisives sont prévues les 17 avril et 5 juin. Mais en coulisses, le débat fait rage. D’un côté, certains membres du conseil plaident pour une pause afin de laisser le temps aux précédentes baisses de produire leurs effets. De l’autre, l’accumulation des risques plaide pour une action rapide.

Ce que redoute la BCE, ce n’est pas seulement la réaction des marchés. C’est l’effet domino d’une guerre commerciale sur les exportations, la croissance, et au final l’inflation. Car si les tarifs sur les produits asiatiques peuvent tirer certains prix à la baisse, ceux visant l’Europe pourraient en revanche raviver des tensions.

L’économie allemande est la première exposée, ses exportations vers les États-Unis représentant 3,7 % de son PIB. Les Pays-Bas et l’Italie ne sont pas en reste, notamment à travers leurs industries d’équipements. Face à cela, la BCE se retrouve dans un dilemme cornélien : continuer de baisser les taux pour soutenir la demande ou attendre de mesurer l’ampleur du choc commercial.

Un calendrier monétaire chamboulé

Avant les annonces de Trump, les marchés tablaient sur un taux de dépôt BCE à 1,9 % en décembre. Lundi matin, les anticipations sont passées à 1,65 %, preuve d’un tournant dans la perception des risques. Selon Deutsche Bank, la BCE pourrait même enclencher deux baisses successives de 0,25 point, en avril puis en juin.

La Banque Berenberg reste plus prudente, anticipant une unique baisse au deuxième trimestre. Mais elle admet que « plusieurs baisses supplémentaires sont désormais sur la table » si l’environnement continue de se détériorer.

La présidente Christine Lagarde, de son côté, a lancé un appel à un sursaut politique européen : « Nous avons besoin d’un ‘moment européen’ pour faire front ensemble ». Mais les marchés, eux, ne peuvent se permettre d’attendre une réponse coordonnée.

Et pendant ce temps, la Réserve fédérale américaine, elle aussi sous pression, pourrait baisser ses taux dès le mois de mai.

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