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Au Royaume-Uni, le parcours du combattant des minorités ethniques dans l'entreprise


Actualité publiée le 23/06/20 12:02

"Cela a été plus dur pour moi mais j'ai tenu bon". Entrepreneur à succès, Piers Linney reste une exception au Royaume-Uni où les minorités ethniques sont frappées de discrimination dans le monde de l'entreprise. (BRITISH BUSINESS BANK/AFP/Handout)

"Cela a été plus dur pour moi mais j'ai tenu bon". Entrepreneur à succès, Piers Linney reste une exception au Royaume-Uni où les minorités ethniques sont frappées de discrimination dans le monde de l'entreprise.

Se faire une place en tant que personne issue d'une minorité relève du parcours du combattant, raconte ce membre du conseil d'administration de la banque publique British Business Bank, qui propose notamment un programme de prêts aux entrepreneurs issus de minorité.

"J'ai postulé 68 fois pour un emploi dans un cabinet d'avocat", raconte à l'AFP cet ancien banquier d'investissement de 49 ans, rendu célèbre par sa participation en tant que juge dans l'émission de compétition entre entrepreneurs Dragons' Den sur la BBC.

"Quand j'étais à l'école, personne ne m'expliquait comment être avocat ou travailler dans la finance. Ils voulaient m'apprendre à être plombier. Donc tout ça commence vraiment tôt", explique-t-il.

Un sentiment partagé par Shanika Amarasekara, 45 ans, une des dirigeantes de British Business Bank.

En tant que femme issue d'une minorité, "vous savez que vous allez avoir des batailles à mener", dit-elle à l'AFP. "Mais j'ai décidé de positiver, en partant du principe que tout est possible".

Depuis le meurtre aux Etats-Unis de George Floyd, un Afro-américain asphyxié par un policier blanc, qui a déclenché un mouvement mondial de manifestations pour dénoncer violences et inégalités criantes, de nombreuses entreprises ont entamé leur examen de conscience et promettent plus de diversité.


Shanika Amarasekara, 45 ans, une des dirigeantes de British Business Bank (BRITISH BUSINESS BANK/AFP/Handout)

Mais le chemin reste long au Royaume-Uni, où les études dressent le constat d'une très faible représentation des minorités "BAME" (acronyme britannique pour noir, asiatique et autres minorités ethniques) dans les postes à responsabilité.

Un rapport récent de la commission gouvernementale Parker relevait que les grandes entreprises de l'indice boursier FTSE-350 ne comptaient que 6,8% de minorités parmi les hauts dirigeants.

Et l'association Business in the Community estime à 1,5% le nombre de personnes noires parmi les dirigeants du secteur privé dans son ensemble, sans progrès notable depuis 2014.

Selon plusieurs études, les plus grandes entreprises semblent dans l'incapacité de respecter l'objectif fixé en 2017 par le gouvernement de nommer au moins un membre BAME dans leurs conseils d'administration d'ici 2021.

"Les entreprises doivent travailler plus dur pour repérer les jeunes talents qui n'ont pas toujours le capital social et les contacts pour être aussi visibles qu'ils devraient l'être", souligne M. Linney, dont la mère vient de la Barbade et le père de Manchester (nord-ouest de l'Angleterre).

Même le distributeur haut de gamme John Lewis, connu pour son ouverture sociale, a été critiqué récemment pour ne compter que six personnes de couleur, dont sa présidente Sharon White, parmi ses 158 hauts responsables.

- Changer le "système"? -

Les entreprises britanniques sont toutefois de plus en plus nombreuses à afficher la volonté de faire mieux comme la chaîne de pubs Greene King et le marché de l'assurance Lloyd's of London, qui ont en outre reconnu leurs liens passés avec l'esclavagisme.

"Le manque de représentation des minorités noires et ethniques dans les échelons les plus élevés des entreprises britanniques doit changer", a demandé début juin Carolyn Fairbairn, directrice générale de la CBI, principale organisation patronale britannique.

Plusieurs patrons de grandes entreprises, comme le géant des supermarchés Tesco ou le groupe audiovisuel ITV, se sont également engagés à changer les choses dans une lettre ouverte publiée dimanche dans le Sunday Times.

"En tant que dirigeants d'entreprise, nous devons parler du privilège blanc. Nous devons parler du racisme. Nous devons parler du rôle que nous avons joué en maintenant ce système si longtemps", écrivent-ils.

Pour M. Linney, il est crucial de fournir des exemple de réussite aux plus jeunes.

"Ce qui se passe c'est que vous surmontez les obstacles et ce n'est que quand vous atteignez votre objectif que vous vous rendez compte qu'il n'y a pas beaucoup de gens comme vous autour de vous", dit-il, soucieux que son cas ne soit plus exceptionnel.

© 2020 AFP

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