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Quand devez-vous vendre vos actions ?

Par Sovanna Sek, le 31/01/2022

Sovanna Sek

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Les actions sont historiquement rentables sur le long terme. Mais cela ne signifie pas que vous devez y investir à l'aveuglette. En réalité, l'objectif serait de trouver des entreprises de belle qualité intrinsèque qui arriveront à croître au cours des prochaines décennies, et ce, malgré les défis structurels à venir. L'investissement de long terme n'est pas éternel. D'une part, le temps vaut de l'or. D'autre part, la mort nous séparera un jour ou l'autre en espérant que ça soit le plus tard possible.

C'est pourquoi vous devez être rigoureux sur la sélection de vos actions qui constitueront votre portefeuille. Je suggère que chaque décision d'investissement prise de votre part fasse l'objet d'un suivi régulier, soit une fois par mois.

Ce diagnostic m'amène à cette question suivante : quand devez-vous vendre vos actions ? Si acheter des actions exige de respecter une méthode bien établie en fonction de votre philosophie et vos convictions d'investissement, les vendre est une autre paire de manche. Cette question se posera tôt ou tard dans la tête des investisseurs.

Les screeners, l'analyse fondamentale, l'analyse technique et les études de marché sont conçus pour vous guider vers les meilleurs idées d'investissement du moment ou de demain. Les sociétés de gestion d'actifs, les analystes de marché et les médias financiers ont la fâcheuse tendance à formuler des recommandations d'achat. Ce qui explique en partie pourquoi vous trouverez plus de réponses pour savoir quand acheter une action que quand vendre une action.

Une fois que plusieurs lignes de votre portefeuille se comportent bien à long terme, il est plus aisé d'adopter un ton complaisant. Certaines personnes tombent dans le piège d'être trop attachées à leurs actions, alors que d'autres persistent à les détenir plus longtemps qu'elles ne le devraient malgré une une réalité fondamentale qui est en leur défaveur.

Étant donné de l'importance de réussir vos investissements, vous ne devez pas occulter l'hypothèse de vendre vos actions. Des facteurs internes ou externes peuvent remettre en cause vos convictions d'investissement. Alors quels sont-ils pour pousser à prendre cette décision de céder ou réduire certaines lignes de votre portefeuille ?

 

Une baisse du dividende

Voir une entreprise baisser son dividende est la pire des chose qui puisse arriver pour un investisseur. Elle reflète en grande partie la détérioration de ses fondamentaux intrinsèques tant au niveau financier que du business. Pour ne rien arranger, cela se traduit également par une instabilité managériale, qui elle-même, entraîne une défiance des investisseurs.

Une baisse du dividende a généralement des conséquences dévastatrices sur le cours de Bourse de l'entreprise, et donc, une perte de capital à la clé. Les entreprises du CAC 40 n'étaient pas exemptes de tout reproche depuis la crise des subprimes. Plus récemment suite au Covid-19, de gros poids de lourd de la cote parisienne ont vacillé à l'image de Airbus, Christian Dior, Kering, EssilorLuxottica. Cela vaut également pour les entreprises américaines telles que Disney, TJX Companies, Ross Stores, ou encore Boeing>.

Ainsi, les dernières exemples passées nous montrent que les grandes entreprises de renommée mondiale ne sont pas à l'abri de mettre en veilleuse leur dividende bien que la situation financière de certaines d'entre elles ne s'y prêtait pas.

 

Une moins-value importante

Vous pensez que vous avez investi sur une action de belle qualité sur le long terme. Cependant, il arrive que les choses ne tournent pas. Vous vous retrouvez par la suite avec une baisse de -30 à 50 % après une période de détention de quelques mois/trimestres/années. Dans ce genre de situation, il vaudrait mieux que le bon sens l'emporte au lieu d'affronter aveuglément la dure loi des marchés financiers.

Même si les faits pourraient vous donner raison à terme, la meilleure décision dans ce genre de situation serait de solder votre moins-value. Le temps, c'est aussi de l'argent qui vous coûte cher. Autant être prudent que de trop se poser des questions plus tard.

 

Les prémices d'un marché baissier

Si les actions restent l'un des meilleurs placements à long terme, vous n'êtes pas à l'abri de marchés baissiers comme en septembre 2001-mars 2003, octobre 2007-mars 2009 et mars 2020 qui restera gravé dans les mémoires des investisseurs. Même si vous avez beau diversifié votre portefeuille, les pertes peuvent être conséquentes.

Historique des marchés haussiers et baissiers de l'indice S&P 500

L'analyse technique s'avère un outil très utile pour repérer les prémices d'un marché baissier. Vous pouvez vous faire référence aux phases de Weinstein sur les principaux indices boursiers (S&P 500, Nasdaq Composite, CAC 40, DAX). Si la majorité d'entre eux se trouvent en phase 3 ou phase 4 et cassent des seuils clés en validant des figures chartistes baissières, vous avez intérêt à rester sur vos gardes. Au niveau fondamental, les prémices d'un marché baissier viendront de l'accélération des fusions acquisitions et d'un resserrement des conditions de crédit à des taux difficilement accessibles aux agents économiques. Ils symboliseront la fin du haut de cycle économique.

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S&P 500 et Nasdaq Composite sous tension en 2022 ?

Si le marché baissier devenait réalité dans un futur proche, il ne faut pas tout vendre, mais alléger certaines positions qui ne vous semblent pas stratégiques et économiser du cash pour laisser passer l'orage.

Bien que l'histoire ne se répète pas forcément en Bourse, une rotation entre actions value et actions de croissance a généralement eu lieu à chaque marché baissier. Il se pourrait que ça soit l'heure de la revanche des actions value. Sous prétexte que les taux nominaux ne peuvent être plus bas, l'écart de performance entre les deux catégories d'action auraient de fortes chances de se réduire. Les premières semaines de l'année 2022 nous ont donné un aperçu avec le secteur de l'énergie, de la consommation défensive et la finance alors que la technologie et la consommation discrétionnaire qui ont fait les belles heures de la décennie 2010, en 2020 et 2021 piochent sérieusement.

 

Un besoin de cash pour couvrir vos appels de marge

Il existe des situations qui vous amènent à ne pas avoir le choix. Ce qui m'était arrivé personnellement lors de la crise du Covid-19. À cette époque, je possédais de nombreuses positions en vente d'options put en complément de mon portefeuille actions.

Pour rappel, le but de la vente d'un option put consiste à générer un revenu via un prime perçue au moment de la transaction et s'assurer que le cours du sous-jacent reste au-dessus du prix de l'exercice de l'option à la date d'échéance. Mais la principale contrepartie est le risque de perte illimitée en cas de forte baisse du cours du sous-jacent. Ce qui impliquerait de mettre en danger le niveau de mes appels de marge.

L'enchaînement des semaines baissières durant le mois de mars 2020 m'ont pris au dépourvu. Mes appels de marge se sont réduits brutalement. Pour éviter l'irréparable, j'ai été contraint de vendre certaines de mes lignes de mon portefeuille comme Apple pour les couvrir en partie. En conséquence, le fait de voir mes liquidités fondre comme neige au soleil, ne m'ont pas permis de profiter du marché baissier le plus violent de l'histoire de la Bourse, pour réaliser de bonnes affaires.

En tout cas, l'effet de levier sur les produits dérivés doit être utilisée en tenant compte de la taille de votre portefeuille et votre niveau d'aversion au risque. Et si vous êtes moins rôdé sur les mécanismes des marchés financiers, autant ne pas en mettre pour éviter une situation de stress tant que niveau financier que psychologique.

 

Vendre vos actions, c'est aussi une stratégie intelligente

Maintenant que vous savez quand vendre vos actions, il ne faut pas résumer cette décision d'investissement comme un acte pessimiste. Il existe également des motifs qui ne sont pas liés aux fondamentaux intrinsèques de l'entreprise, mais plutôt à la gestion de portefeuille.

Rééquilibrer votre portefeuille

Le premier motif serait de rééquilibrer votre portefeuille. C'est une façon disciplinée d'assurer une meilleure diversification et répartir la gestion du risque. Si une ligne de votre portefeuille représente 25 % de sa performance, il serait judicieux de prendre une partie de vos plus-values et réduire dans le même temps sa pondération.

L'autre exemple de rééquilibrage d'un portefeuille aurait pour but d'être moins dépendant sur un secteur ou une zone géographique. Les investisseurs français ont la fâcheuse d'être trop patriotiques dans leur choix. Par conséquent, ils passent à côté de 97 % d'opportunités d'investissement dans le monde, et plus particulièrement aux États-Unis qui représentent plus d'une transaction sur deux en Bourse.

Dernier exemple : vous pouvez également planifier quelques ordres d'achat sur des actions de belle qualité que vous possédez si elles ne pèsent pas assez dans la performance globale de votre portefeuille.

Une action survalorisée

Si vous détenez une action de belle qualité et sa valorisation semble excessive par rapport à sa valeur intrinsèque, vous seriez peut-être tenté de prendre quelques bénéfices. Bien que la qualité mérite un prix, la crainte que l'entreprise ne réponde pas au consensus des analystes, devient extrême. La sanction pourrait se payer cash même si ça ne remet pas en cause ses fondamentaux intrinsèques.

 

En résumé

Vendre vos actions ne doit pas être automatiquement interprété comme une erreur. Même les meilleurs se trompent comme Warren Buffett, Bill Ackman, Peter Lynch ou Ray Dalio. Ne vous tracassez pas la tête et avancez dans un bon état d'esprit pour poursuivre votre progression en tant qu'investisseur. Les erreurs sont la voie royale de vos futurs succès. Il existe toujours des opportunités pour les rattraper intelligemment.

rentabilité actions

Rentabilité des actions et des obligations en fonction de la durée de détention

Vous constatez que vendre ne tombe pas du ciel. C'est aussi une décision d'investissement motivée par diverses stratégies que ça soit d'ordre tactique ou personnel. Cependant, détenir des actions sur une longue période (au-delà de 10 années) est statistiquement plus rentable et curieusement moins risqué. Le fait de percevoir des dividendes en provenance des entreprises ayant fait leurs preuves en temps de crise, contribue à doper la performance de votre portefeuille. Ainsi, dans certains cas, vendre vos actions peuvent vous laisser des regrets dans un futur proche ou lointain.


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