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Il existe un trou abyssal entre les déclarations des Politiques et la
réalité. C'est justement ce que sanctionne le marché. A juste titre, puisqu'on
entend tout et son contraire. On s'en rend compte, aujourd'hui, avec les
scénarios sur la Grèce.
Ce 23 Septembre, le ministre des Finances Grec a déclaré qu'il voyait trois
scénarios possibles pour son pays :
-UN DEFAUT COMPLET,
-UN DEFAUT ORDONNE,
-UNE MISE EN ŒUVRE DU PLAN DU 21 JUILLET.
Je cite la News :
"MARKET COMMENTARY : Greek finance minister told lawmakers sees three scenarios
: messy default, implementation of July 21 deal or orderly default with 50%
haircut".
Qu'est-ce que cela signifierait pour chacun des scénarios ?
-MISE EN ŒUVRE DU PLAN DU 21 JUILLET :
Officiellement, c'est l'issue la plus probable. Les politiques nous expliquent
leur "stratégie est de rendre opérationnel l'accord du 21 juillet adopté par la
zone euro pour venir à nouveau en aide à la Grèce et renforcer le fonds de
sauvetage européen".
Le premier plan d'aide à la Grèce en mai 2010 s'est accompagné d'un dispositif
doté de 500 milliards d'euros afin de mieux garantir la stabilité financière en
Europe. Le montant du second plan d'aide à la Grèce s'élève à 109 milliards
d'euros sur la période 2011/2014 pour la part apportée par les pays du FESF et
le FMI. Il est complété d'un apport du secteur privé de 50 milliards d'euros
(source : site du ministère des Finances).
La Troïka (bailleurs de fonds =UE+BCE+FMI), qui avait quitté Athènes le 2
Septembre, y retournera fin Septembre. Le but était au départ de vérifier la
tenue des objectifs 2011 et de recadrer le budget 2012, mais il inclut désormais
un réexamen des mesures convenues pour 2013 et 2014. L'enjeu : le déblocage en
octobre - vital pour la Grèce - de la sixième tranche de 8 milliards d'euros du
prêt consenti en mai 2010.
Seul problème : ce scénario perd de la crédibilité jour après jour. Alors que
l'aggravation de la récession a été annoncée, il se pourrait que de nouvelles
concessions soient demandées à la Grèce… Si les avancées budgétaires d'Athènes
ne sont pas suffisantes et que les créanciers refusent de débloquer la prochaine
tranche d' octobre, quelle sera la prochaine hypothèse ? Le défaut Ordonné.
-DEFAUT ORDONNE :
En clair, le Privé (banques, assurances et fonds de pension) qui possède 150
milliards d'euros d'obligations Grecques, devra largement contribuer à
l'allègement de la dette de la Grèce.
Si ce scénario se produit, les bilans de certaines grandes banques françaises,
allemandes et belges vont se dégrader très fortement : une recapitalisation de
certaines banques sera alors inévitable.
Pour le moment, le marché a pricé une perte sèche pour les détenteurs
d'obligations grecques de 21% de leur valeur. Un défaut partiel pourrait faire
plonger les marchés encore davantage que ce que nous avons connu à l'heure
actuelle.
Dernier évènement en date ce 23 Septembre : d'après Deutsche Bank, le Privé
devrait en fait perdre plus de 25% de la valeur initiale des obligations
Grecques :
"12:35 DAX Print Deutsche bank (DBK GY) says banks' write downs on Greek bonds
could be higher than the 21% foreseen in July agreementSays :- Write downs
depend on Greek bond yields at time of private sector swap.- Actual write downs
could reach 25% or more".
-DEFAUT COMPLET :
En soit, le marché s'attend à cette éventualité si on s'en réfère aux CDS : la
Grèce a 90% de chances de faire défaut (source : Reuters, 20 Septembre). L'
Agence Fitch déclarait le 21 Septembre qu'elle s'attendait à ce que "la Grèce se
retrouve en défaut de paiement, mais ne quitte la zone euro".
Face à un défaut grec, les banques allemandes sont exposées à hauteur de 22,65
milliards de dollars, et les banques françaises à hauteur de 14,96 milliards de
dollars. Les victimes directes seraient alors la Bulgarie (13,5 milliards de
dollars d'exposition aux banques Grecques), la Roumanie (20,2 milliards de
dollars), la Pologne (8 milliards de dollars), la Serbie (7 milliards de
dollars) mais surtout la Turquie (30,4 milliards de dollars).
Mais derrière cet évènement, ce qui importe sera alors la notion du prochain
domino. Après la Grèce, les investisseurs devraient parier que le Portugal
serait le prochain membre de l'Union européenne à faire défaut, avec une
probabilité de défaut de 66%. Pour l'Irlande, ce chiffre est à 51%. Les chances
de l'Espagne et de l'Italie sont respectivement à 33% et 28% (source : Markit,
19 Septembre 2011).
Pour la France, ce type de scénario de défaut complet évoqué par le ministre
Grec "n'est pas une hypothèse de travail" (source : François Baroin, le 20
Septembre). Bref, c'est inenvisageable à l'heure actuelle selon nos politiques.
De l'aveuglement et une fuite en avant perpétuelle. Les agences de Notation, le
Marché et les Grecs eux-mêmes s'y attendent. Comme quoi, il existe de terribles
dissensions au sein de l' UE et c'est justement ce qui agace...