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Giovanni Cicivelli est un trader indépendant, italien d’origine mais vivant
et travaillant en Allemagne. Véritable autodidacte, Giovanni s’est formé seul
aux bases du trading et a développé sa propre méthodologie, basée sur l’analyse
des graphiques intraday et l’actualité financière. C’est en toute franchise
qu’il répond à nos questions et nous parle de son expérience et des leçons qu’il
a apprises. Parfois durement…
ABC BOURSE : Quand avez-vous commencé à vous intéresser au trading?
Giovanni Cicivelli : J’ai débuté dans la Bourse à l’âge de 13
ans, lorsque j’étais au lycée. Une fois mon bac en poche, je suis allé
travailler dans une banque durant un an. Je profitais de mon temps libre la
journée pour m’initier au trading. Ce n’est qu’à l’âge de 21 ans que j’ai
commencé à investir de façon professionnelle. C’est une de mes bonnes amies,
trader sur les marchés actions à Francfort, qui m’a incité à en faire ma
profession de façon indépendante.
ABC BOURSE : Comment avez-vous procédé pour vous lancer tout seul ?
Giovanni Cicivelli : J’ai constitué mon premier capital avec
uniquement 20 000 deutsche marks et ai commencé en me plaçant sur les actions
allemandes. J’achetais et vendais les actions sans avoir défini de véritable
stratégie de gestion. Au bout de deux mois, j’avais réduit de moitié mon
capital. À partir de ce constat, soit j’arrêtais définitivement le trading, soit
je me lançais dans une phase d’apprentissage. J’ai travaillé dur pour comprendre
comment fonctionne le trading. Mais après m’être astreint à cette phase
d’analyse et d’apprentissage, j’ai commencé à avoir du succès en Bourse et ai pu
vivre de cette activité.
ABC BOURSE : Parlez-nous de cette période d’apprentissage. Avez-vous
suivi des cours ou lu des livres particuliers ?
Giovanni Cicivelli : à l’époque, il n’y avait pas grand-chose
pour apprendre le trading. Ni cours, ni mentor, ni vraiment de livres. Je me
suis formé seul en tradant et en lisant la presse financière. J’ai essayé
d’analyser les bons investissements, j’ai observé les cours des actions, les
graphiques pour comprendre le fonctionnement du trading. Beaucoup de traders en
Allemagne ont commencé à trader par leur propre moyen. Aujourd’hui, il est plus
facile d’apprendre grâce aux nombreux livres et cours spécialisés dans le
trading.
Giovanni Cicivelli : Je fais uniquement du day trading,
c’est-à-dire que je ne prends aucune position en dehors des heures d’ouverture
de la Bourse. Je suis les actualités financières en temps réel, les rumeurs de
marchés, ainsi que les carnets d’ordres. Dès qu’une nouvelle m’intéresse, je
vais trader dans les 15 premières secondes afin d’être dans les premiers. Par
exemple, ce matin j’ai vu une actualité intéressante concernant la société RBE.
Du coup j’ai immédiatement investi, avec une position short, car la nouvelle
n’était pas très favorable à RBE. J’ai fixé mon objectif en fonction du
graphique intraday et ensuite mon ordre stop. À l’ouverture de la Bourse, j’ai
pris mon gain très rapidement.
ABC BOURSE : Plus précisément, comment définiriez-vous votre trading ?
Est-ce du scalping ? Du swing trading ?
Giovanni Cicivelli : Je fais essentiellement du scalping,
c’est-à-dire que je fais beaucoup de petits investissements avec des montants
assez modiques (100 ou 200 euros), en suivant les graphiques. Pour le reste, il
s’agit plus de swing trading, en fonction des informations boursières. Dans ce
cas précis, je regarde les graphiques uniquement pour définir mon point de
sortie.
ABC BOURSE : Avez-vous recours à des outils ou des logiciels de trading
?
Giovanni Cicivelli : Je n’utilise pas d’outils particuliers,
sauf pour le forex qui représente seulement 5% de mon investissement global. Je
regarde les graphiques pour visualiser mon investissement, et n’ai pas recours
aux indicateurs. La décision de trader va être fonction d’une actualité, d’une
rumeur, d’une analyse et du carnet de commande.
ABC BOURSE : Comment protégez-vous votre capital ?
Giovanni Cicivelli : Pour chaque action sur laquelle
j’investis, je calcule l’importance de ma position en fonction du risque. Si par
exemple je me positionne sur une action cotée au Dax, je peux prendre une
position longue plus sereinement car les actions du Dax ne sont en général pas
très volatiles, contrairement aux penny stocks. De manière générale, je
recherche un ratio profit/risque qui soit de l’ordre de 2, c’est-à-dire que je
cherche à gagner deux fois plus que ce que je peux perdre.
ABC BOURSE : Plus précisément, comment faites-vous pour garantir ce
ratio profit/risque ?
Giovanni Cicivelli : Je me suis rendu compte que je perdais de
l’argent à chaque fois que j’avais une opinion sur une action. En effet, dans la
mesure où je n’étais pas flexible pour changer ma conviction, je faisais des
erreurs en persévérant dans une direction alors que mon ordre stop était déjà
passé mais je ne l’ai pas respecté et me suis entêté, c’est ce qui m’est
notamment arrivé avec Siemens. Néanmoins, depuis 13 ans que je fais du trading,
je n’ai pas perdu d’argent une seule année. Je suis également en plus values
chaque mois depuis maintenant plus de 7 ans.
ABC BOURSE : Quels sont selon vous les qualités indispensables pour être
un bon trader ?
Giovanni Cicivelli : Il est essentiel d’être extrêmement
discipliné et de ne pas investir pour investir. Je pense qu’il faut avoir de
bons outils pour suivre l’actualité en temps réel et rester informé. Il faut
également protéger son capital et ne pas être trop ambitieux. Beaucoup de
traders perdent de l’argent en voulant trop tout de suite. Mais le trading n’est
pas un jeu, ni le casino. C’est du travail qu’il faut faire consciencieusement.
Analyser, rechercher, bien définir sa stratégie, suivre de près ses positions et
rester flexible pour réagir en fonction du marché sont le quotidien de tout bon
trader.
ABC BOURSE : Quel type de trader êtes-vous ? Plutôt méthodique ou
instinctif ?
Giovanni Cicivelli : Je suis un day trader instinctif. Je suis
une stratégie de gestion mais je réalise également beaucoup d’investissements de
façon discrétionnaire. Avec l’expérience, j’arrive à anticiper certains
investissements.
ABC BOURSE : Pourriez-vous nous donner un exemple de gain et de perte
dont vous vous rappellerez toujours ?
Giovanni Cicivelli : Mon plus gros gain a été de 110 000 euros
en 2002. J’avais acheté une action de biotechnologie américaine cotée en
Allemagne, car il y avait des rumeurs de rachat sur cette société, la valorisant
deux fois son cours de bourse actuel. J’ai pris une position longue. Dans la
journée, le cours a été suspendu, puis la nouvelle est tombée. En une journée,
j’ai doublé ma mise ! J’ai vécu ma plus grosse perte en mai 2005 où j’ai perdu
65 000 euros, sur l’action Siemens. J’avais pris une position longue. Mais une
fois mon ordre stop atteint j’avais la conviction que l’action allait rebondir.
J’ai donc continué à acheter du Siemens, malgré sa chute. J’ai appris suite à
cette journée qu’il ne fallait pas avoir d’opinion sur un investissement. Il
faut rester flexible et respecter ses stops. Il faut savoir rester modeste car
on n’a jamais raison, c’est le marché qui a raison.
ABC BOURSE : Quel conseil pourriez-vous donner aux lecteurs d’ABC BOURSE
?
Giovanni Cicivelli : Je crois que l’important est d’être
vraiment discipliné. Il faut suivre de près ses investissements, les risques et
ses ordres stop. Il ne faut pas croire que la situation va se retourner. Il faut
pouvoir réagir au marché.