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Dernièrement, j'ai reçu beaucoup de mails de personnes qui me demandent, en
substance, les mêmes questions : que va-t-il se passer pour le titre "xyz" ?
Pourquoi son cours a-t-il été autant massacré ? Est-ce le moment d’acheter "xyz"
?
La raison pour laquelle j’utilise ici "xyz" est parce que la seule différence
dans les questions que j'ai reçues est le nom du titre. Cependant, il y a des
réponses claires qu’on peut apporter pour chaque type de société. C’est ce que
nous allons explorer dans cet article.
Dans un sens plus général, on assiste aujourd'hui à un retour de l’aversion au
risque. Mon confrère Claude Mathy nous a déjà écrit plusieurs articles sur
l’indice de la Peur (le VIX) qui nous ont montré à quel point les investisseurs
ont paniqué : le VIX est passé de 15 à 50 points en 1 mois. J’utilise le mot
panique puisque cette baisse s’est effectuée dans de forts volumes. Et qu’aucun
titre n’a été épargné.
Cependant, le risque de marché n’est pas considéré de la même manière pour un
titre "x", "y" ou "z". Certes, on observe un mouvement similaire. Mais certains
titres sont plus touchés que d’autres. Nous allons ainsi définir ce qui est
considéré comme des Actions à risque et, dans une certaine mesure, pourquoi le
marché les a sanctionnés.
Les titres à risque et/ou modèles d'entreprise peuvent généralement être
regroupés en une ou plusieurs catégories, qui sont les suivantes :
1. Toute entreprise qui repose sur les dépenses discrétionnaires est perçue
comme étant plus risquée qu'une entreprise qui vend des produits de nécessité.
Il suffit de se mettre dans cette configuration : si vous êtes en difficulté
économique, ou même simplement inquiet de ce que l'avenir vous réserve, vous
êtes plus susceptible d'acheter de la nourriture ou de consommer de
l’électricité (des choses nécessaires) que d’acheter un produit ou un service
dont vous pouvez vous passer.
2. Dans cette même lignée, les entreprises qui vendent des biens d'équipement
sont généralement considérées comme des sociétés qui disposent de risques
relativement élevés. Lors de craintes sur un ralentissement économique, les
entreprises qui achètent des biens d'équipement pour supporter leur activité
réduisent ou limitent l'investissement en capital (et les ventes de biens
d'équipement sont alors impactées).
3. Tout modèle qui a des coûts fixes élevés est considéré comme plus risqué que
d'un modèle d'affaires qui a une structure de coûts variables élevés. Si le
volume diminue, les entreprises qui sont basées sur un modèle avec des coûts
fixes élevés peuvent être mises en difficulté en raison de leurs coûts fixes ce
qui aura pour conséquence de conduire ce type de société rapidement vers des
pertes élevées.
4. Toute entreprise qui a un bilan très endetté (la dette dans ce cas n'est pas
compensée par la trésorerie) est perçue comme étant plus risquée qu'une
entreprise qui n'a aucune dette et des réserves de trésorerie abondantes.
Exemple : Apple dispose de 65,8 Milliards $ en Cash soit 7 années de dépenses
opérationnelles et peu de dettes. Son titre a baissé de seulement -4,7% en 1
mois.
5. Toute entreprise qui a des flux de trésorerie négatif (cash-flow négatif) est
considérée comme plus risquée qu'une entreprise qui a un cash-flow positif. Si
une entreprise est dans le rouge alors même que nous ne sommes pas encore en
récession, cette entreprise est par définition considérée comme étant un actif
risqué. Etant donné qu’il existe déjà des questions (ou des doutes) pour savoir
quand la sortie réalisera des bénéfices, la peur d’une demande globale
inférieure exacerbe cette peur et, par conséquent, l'évaluation des risques, car
cela peut repousser la date des prochains bénéfices voir tout simplement
anéantir la société.
6. Toute entreprise qui est en train de faire un revirement stratégique (c’est
par exemple le cas de VEOLIA) peut subir des décrochages car un ralentissement
économique entraîne un risque plus élevé qu’une entreprise qui est bien établie
avec une vision claire sur le Long terme.
7. Toute entreprise qui est présente sur des marchés très concurrentiels est
considérée comme un risque élevé. Lorsque l'activité économique diminue, on
constate généralement une concurrence exacerbée, ce qui entraîne une baisse de
la rentabilité.
8. Les multiples d'évaluation des bénéfices (les PER) sont examinés lors des
phases de cycle à risque. Cela ne signifie pas forcément que des multiples
élevés sont toujours des indicateurs de risque élevé, mais la réalité montre que
certaines sociétés ont tendance à souffrir car la capacité des sociétés à
croître leurs bénéfices et leur modèle de croissance ont remis en cause.
9. Les valeurs avec un "béta" élevé souffrent le plus. Un titre qui aura un béta
élevé sera davantage sanctionné dans les phases de correction (à l’inverse, il
sera boosté lors des phases haussières). Par exemple, si une action baisse de
20% alors que le marché diminue de 10%, le titre aura théoriquement un béta de
2,0.
Ceci n'est certainement pas une liste exhaustive de ce que les investisseurs
considèrent comme un risque élevé, mais je pense que cela peut donner un bon
aperçu de ce que le marché considère comme un risque plus élevé pour apporter
une explication rationnelle quant aux raisons pour lesquelles les titres "xyz"
ont tellement baissé.
La dernière question est de savoir si c' est le moment d’acheter des actions.
Alors même que nul ne peut indiquer à ce stade si nous allons entrer en
récession (notons que seul 1 économiste sur 4 anticipe un « double dip » d’après
un sondage Reuters paru le 8 Août 2011), il y a des raisons de croire que
certains titres pourront bénéficier d’une hausse sur le Long Terme. Comme EDF
(nous aurons toujours besoin d’électricité) ou encore des titres qui sont en
passe de créer une rupture technologique (comme les sociétés du secteur de la
Santé, si on les achète au bon moment).