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Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire a appelé jeudi "à une prise de conscience" et "à une décision" européenne sur la taxation des géants du numérique, alors que les réserves de certains membres de l'UE semblent menacer le projet.
"J'appelle mes homologues ministres européens à une prise de conscience. Qu'ils entendent ce que veulent les peuples européens", a déclaré M. Le Maire, invité de l'émission Les 4 vérités sur France 2.
"Les peuples européens veulent de la justice, ils veulent de la justice fiscale. Ils ne comprennent pas que nous laissions des groupes comme Google, Amazon et Facebook avoir 14 points de taxation de moins qu'une PME ou qu'une entreprise européenne", a-t-il ajouté.
Cette déclaration intervient alors que le projet de taxation des Gafa, présenté fin mars par la Commission européenne, sur proposition de la France, suscite des réticences chez certains Etats membres.
Ce sujet sera d'ailleurs l'un des thèmes abordés lors de la réunion des ministres des Finances européens, dite "Ecofin", prévue samedi à Vienne.
Selon le quotidien populaire allemand Bild, qui cite un document confidentiel du ministère des finances allemands, Berlin estimerait ainsi que la "diabolisation" des grandes entreprises du numérique n'est "pas efficace".
"Déclarer publiquement que des entreprises comme Google, Apple, Facebook et Amazon doivent payer des impôts sur leurs chiffre d'affaires n'est plus tenable", assurerait cette note interne, signée du ministre des Finances allemand Olaf Scholz.
Dans une interview accordée jeudi au journal Augsburger Allgemeine, M. Scholz, dont le parti (SPD) a fait de la "taxe Facebook" une promesse de campagne, a démenti toute volte-face, tout en laissant planer le doute sur ses intentions.
"Il y a de nombreuses propositions, qui ont toutes leurs avantages et leurs inconvénients". Une issue sera trouvée, "mais ce n'est pas le genre de solution qui nous vient spontanément le matin sous la douche", a-t-il déclaré.
Le ministre allemand a insisté sur la nécessité d'une décision internationale et pas seulement européenne. "C'est indispensable, parce qu'il ne faut pas non plus que ces entreprises paient cinq fois leurs impôts", a-t-il déclaré.
Interrogé sur les intentions de l'Allemagne, Bruno Le Maire s'est voulu rassurant. "Les Allemands nous accompagnent depuis le début pour obtenir une taxation des géants du numériques. Je suis convaincu qu'ils nous soutiendront à la fin", a-t-il déclaré.
La proposition européenne, que Paris aimerait voir adoptée d'ici le début de l'année 2019, prévoit la mise en place rapide d'une taxe sur le chiffre d'affaires des géants du net, le temps qu'une solution soit négociée à l'échelle mondiale.
Mais la nécessité d'obtenir l'unanimité dans l'UE pour toute réforme de la fiscalité rend le consensus difficile.
© 2018 AFP
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