Cinq ans après une première mise sous protection judiciaire, Alinéa replonge. L'enseigne de meubles, soutenue par la famille Mulliez, traverse une nouvelle tempête économique.
C’est un air de déjà-vu pour Alinéa. L’enseigne d’ameublement fondée en 1989 à Avignon a été placée en redressement judiciaire le jeudi 20 novembre 2025 par le tribunal des activités économiques de Marseille. Cinq ans plus tôt, la crise sanitaire avait déjà fragilisé la marque, qui avait pu être sauvée in extremis par ses anciens actionnaires, Alexis Mulliez et l’Association familiale Mulliez.
Mais cette fois, malgré une tentative de repositionnement sur une offre moyenne à haut de gamme et des points de vente plus petits, le modèle n’a pas tenu. Le redressement judiciaire ouvre une période d’observation de six mois pour tenter de trouver une issue.
Une stratégie de relance qui n’a pas fonctionné
Loin de redresser la barre, le recentrage opéré ces dernières années a échoué à ramener Alinéa dans le vert. En 2024, l’entreprise a enregistré une perte nette de 47 millions d’euros, pour un chiffre d’affaires de 162 millions. Et ce, alors même que les prévisions de 2023 tablaient sur un retour à la rentabilité.
L’enseigne, qui compte aujourd’hui 36 magasins et emploie environ 1 200 personnes, avait pourtant cherché à se renforcer en reprenant en janvier 2024 les points de vente de Zôdio, filiale du groupe Adeo, lui aussi contrôlé par la famille Mulliez. Ces derniers avaient été progressivement intégrés au réseau Alinéa.
Mais la conjoncture du marché du meuble reste défavorable. Si certains segments, comme la cuisine, parviennent à tirer leur épingle du jeu, la majorité des enseignes souffrent. Maisons du Monde a certes renoué avec la croissance, avec une hausse de 5,9 % de son chiffre d’affaires au troisième trimestre 2025, après quatre ans de baisse. Mais Ikea, de son côté, a vu ses ventes reculer de 4,4 % en France sur l’année, la conséquence directe d’une stratégie de réduction des prix.
Vers une reprise partielle ?
Le placement en redressement judiciaire ouvre désormais la voie à une éventuelle reprise. Mais l’avenir reste très incertain. "La direction a exprimé l'espoir de trouver un ou des repreneurs, mais, pour l'instant, elle est dans la confidentialité et nous ne pouvons rien savoir. Nous craignons cependant que cette éventuelle reprise ne soit que partielle, et ne porte pas sur tous les magasins", confie une source syndicale citée par l’AFP.
Derrière les chiffres, c’est l’avenir de 1 200 salariés qui se joue dans les prochains mois. Et avec lui, celui d’une enseigne iconique du meuble français qui, malgré l’appui d’un puissant actionnaire, peine à s’ancrer durablement dans un marché en pleine mutation.
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