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Coronavirus: "oubliée", la sécurité privée en quête de reconnaissance


Actualité publiée le 02/05/20 13:39

Un agent de sécurité devant l'entrée des urgences de l'hôpital Emile Muller, le 22 mars 2020 à Mulhouse (AFP/Archives/SEBASTIEN BOZON)

"On est la cinquième roue du carrosse alors que sans nous, la France est à l'arrêt": Entre manque de reconnaissance, besoin de protections et baisse d'activité, les agents de sécurité se disent "oubliés", en "première ligne" depuis le début du confinement.

Devant un magasin de bricolage dans le nord de Paris, Franck*, visière sur la tête, régule la file d'attente, longue d'une vingtaine de personnes et tente de faire respecter la distanciation sociale.

"On m'a donné cette visière il y a seulement quelques jours.. Avant, j'avais un simple masque qui me recouvrait mal le visage, j'allais travailler avec la peur au ventre", explique cet agent depuis une dizaine d'années.

Enzo*, chef de poste dans un supermarché à Paris, dénonce également le manque de protection: "Parfois, je dois ramener mes propres masques... On est la cinquième roue du carrosse alors que sans nous, la France est à l'arrêt", soutient l'homme de 32 ans. Malgré ça, si c'était à refaire, "j'y retournerai, il faut bien manger", glisse-t-il.

Pourtant, il y a quelques semaines, il a perdu un ancien collègue, Satia, 58 ans, décédé des suites du Covid-19, alors qu'il travaillait à l'aéroport de Roissy.

Selon les organisations représentatives du secteur, une dizaine d'agents sont décédés depuis le début de la pandémie en France: huit selon la CGT et quinze selon la Fédération Française de la Sécurité Privée (FFSP).


Un agent de sécurité dans un hall désert de l'aéroport d'Orly, la veille de sa fermeture, le 30 mars 2020 (AFP/Philippe LOPEZ)

Supermarchés, hôpitaux, Ehpad, bâtiments publics... Autour de 150.000 agents de sécurité sont mobilisés en France "depuis la première heure", le 17 mars. Tous se disent en "première ligne", notamment dans les hôpitaux et les Ehpad, où ils enchainent contrôle d’accès, rondes de surveillance, respect des consignes ou palpations.

"Nous souhaitons juste un message de soutien de la part de Christophe Castaner, notre ministre de tutelle, un peu de reconnaissance", déplore Cédric Paulin, secrétaire général chez Groupement des Entreprises de Sécurité (GES), l'organisation patronale du secteur de la sécurité privée.

- "Système D" -

Harold Heredia, PDG de la société Lynx, l'assure: "On fait avec les moyens du bord, c'est le système D". "On a un gros problèmes avec les équipements de protection individuels (EPI), j'ai dû faire fabriquer des masques et des visières avec des imprimantes 3D", insiste-t-il, tout en soutenant que les 1.000 salariés sont aujourd'hui protégés.

Ce manque de protection entraîne une multiplication des arrêts de travail. "Entre les personnes malades, les personnes ayant été au contact de malades, les arrêts de travail pour garde d'enfants et les droits de retrait, nous atteignons assurément plus de 10.000 personnes en arrêt, l'impact est inédit", affirme le président de la FFSP, Claude Tarlet.

Un manque d'effectifs qui va provoquer une "grosse tension", selon GES, notamment pour le déconfinement car "les besoins traditionnels vont revenir".

Autre inquiétude pour le secteur, une baisse d'activité qui avoisine les 25%, due à l'arrêt total du secteur de l'évènementiel et la fermeture des aéroports, tous deux gros employeurs d'agents de sécurité.

C'est le cas de la société de Yannick Lorphelin, Cyno Explo, une société de sécurité privée spécialisée dans les chiens de détection: "Toute l'activité est arrêtée car nous travaillons qu'avec des prestataires de l'évènementiel", explique le directeur qui emploie un réseau d'une dizaine d'agents indépendants. Il avait en ligne de mire le salon Vivatech, annulé.

Face à cela, la société Lynx, qui compte actuellement 70% de ses salariés sur le terrain, a dû redéployer ses agents: "On a transféré nos agents, normalement dans les tribunaux ou aéroports, sur des sites logistiques et supermarchés qui ont encore besoin de surveillance", précise Harold Heredia.

"Alors que certains personnels ont dû être mis au chômage partiel, d'autres ont dû multiplier les heures supplémentaires pour pallier l'absence de certains", précise Claude Tarlet.

Egalement "en première ligne", tous réclament une prime de 1.000 euros comme les salariés de la grande distribution. "Mais c'est impossible, avec la baisse d'activité, je ne peux pas me permettre", assure M. Heredia, PDG de Lynx.

* les prénoms ont été changés

© 2020 AFP

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