Ils vendent beaucoup, mais achètent peu. Et ça pourrait leur coûter cher. À l’approche d’un nouveau bras de fer commercial orchestré par Donald Trump, une dizaine de pays se retrouvent dans le viseur américain, accusés de déséquilibrer les échanges. La Maison-Blanche promet d’imposer des « droits de douane réciproques » dès le mois d’avril, ciblant précisément les nations dont les excédents commerciaux explosent. Objectif : corriger les « injustices » et revaloriser la production locale.
Parmi les principaux concernés, on retrouve sans surprise la Chine, l’Union européenne, le Mexique ou encore le Vietnam. Ces partenaires cumulent des excédents commerciaux colossaux avec Washington, en exportant bien davantage qu’ils n’importent. Un déséquilibre que l’administration Trump compte bien faire payer littéralement.
La Chine et l’Union européenne largement en tête
Sans surprise, la Chine domine de très loin le classement, avec un excédent de 295,4 milliards de dollars en 2024, selon le Bureau of Economic Analysis (BEA) américain. Pékin reste, malgré les tensions diplomatiques et économiques, le fournisseur numéro un du marché américain. Une dynamique alimentée par les géants industriels et la stratégie monétaire du pays, que Trump accuse de maintenir artificiellement bas le yuan pour doper ses exportations.
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L’Union européenne suit, avec un excédent cumulé de 235,6 milliards de dollars. Mais ce chiffre cache de fortes disparités internes. L’Irlande, grâce à sa fiscalité ultra-compétitive et ses nombreuses filiales de groupes pharmaceutiques américains, surclasse les autres avec 86,7 milliards d’euros d’excédent. L’Allemagne (84,8 milliards de dollars) et l’Italie (44 milliards) affichent aussi des surplus importants. Même la France, habituellement déficitaire dans ses échanges globaux, enregistre un excédent de 16,4 milliards d’euros avec les États-Unis.
Le Mexique et le Vietnam, gagnants de la guerre commerciale
Derrière les mastodontes chinois et européens, le Mexique tire son épingle du jeu avec un excédent de 171,8 milliards de dollars. Sa proximité géographique avec les États-Unis, combinée à un coût de production faible, en fait un relais de production idéal pour les multinationales. À tel point que le Mexique est devenu en 2023 le premier pays exportateur vers les États-Unis, devant la Chine.
Même logique pour le Vietnam, dont l’excédent a grimpé à 123,5 milliards de dollars. Ce pays d’Asie du Sud-Est a été le grand gagnant de la première guerre commerciale lancée par Trump en 2018. De nombreuses entreprises, cherchant à contourner les surtaxes sur les produits chinois, ont déplacé leur production au Vietnam, provoquant une explosion des exportations vers les États-Unis entre 2017 et 2023.
Japon, Inde, Canada… la liste s’allonge
Au-delà de ce top 5, d’autres pays se taillent aussi une belle part du gâteau :
- Taïwan : 73,9 milliards de dollars d’excédent
- Japon : 68,5 milliards
- Corée du Sud : 66 milliards
- Canada : 63,3 milliards
- Inde : 45,7 milliards
- Thaïlande : 45,6 milliards
- Suisse : 38,5 milliards
- Autriche : 13,1 milliards
- Suède : 9,8 milliards
Tous ces pays pourraient se retrouver confrontés à des surtaxes « personnalisées », annoncées par Trump comme étant calibrées pays par pays, en fonction de l’ampleur des déséquilibres commerciaux.
Washington prévoit d’ouvrir le bal le 2 avril, en ciblant « les problèmes les plus flagrants ». Une nouvelle ère de tensions commerciales semble se dessiner.
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