La Banque centrale européenne alerte sur un emballement des valeurs technologiques, dopées par l’intelligence artificielle. Un avertissement qui résonne comme un signal de prudence pour les marchés mondiaux.

Un simple tweet d’un PDG, une rumeur sur un modèle IA plus performant, et c’est toute une capitalisation qui grimpe en flèche. La scène se joue à Wall Street, mais l’écho est mondial. Ce lundi, la Banque centrale européenne a mis en garde contre une flambée spéculative alimentée par l’intelligence artificielle, qui pourrait faire vaciller la stabilité financière globale.
C’est Luis de Guindos, vice-président de la BCE, qui a sonné l’alarme lors d’un congrès bancaire à Francfort. En ligne de mire : les mastodontes américains de la tech - Apple, Microsoft, Google, Amazon, Nvidia - portés par des valorisations vertigineuses et des attentes démesurées autour de l’IA générative.
Des marchés "vulnérables" à un choc brutal
La BCE ne mâche pas ses mots : les marchés financiers restent "vulnérables à des baisses soudaines de cours". Selon Luis de Guindos, l’enthousiasme post-avril a "encore fait grimper" des actions déjà très élevées. Une situation risquée, d’autant que la montée en puissance de "quelques grands groupes technologiques américains" crée une concentration jamais vue, rendant les marchés particulièrement sensibles aux secousses.
Cette dépendance à une poignée d’acteurs, dont les modèles reposent quasi exclusivement sur l’intelligence artificielle, pourrait exposer l’ensemble du système à des "risques liés à d'éventuels chocs". Le vice-président évoque en particulier des "modèles économiques fondés sur l'IA", dont la viabilité à long terme reste incertaine.
Il pointe également un "décalage apparent" entre "l'incertitude" économique mondiale - avec la montée des dettes publiques ou le retour des tensions commerciales - et "la sérénité" des investisseurs, comme si ces signaux n’étaient pas perçus à leur juste mesure.
Des fonds à haut risque peu régulés dans le viseur
Au cœur des inquiétudes : les acteurs non bancaires, dont le poids dans le système financier ne cesse de croître. Ces entités, comme les fonds d’investissement ouverts et les hedge funds, échappent largement à la régulation classique. Or, en cas de chute brutale, leur manque de liquidité pourrait aggraver la situation. Selon Luis de Guindos, ces déséquilibres peuvent "provoquer des ventes forcées et accentuer les tensions sur les marchés".
Un avertissement qui fait écho à celui lancé en octobre par le FMI : les failles du système non bancaire, qui gère désormais près de la moitié des actifs financiers mondiaux, pourraient rapidement contaminer les banques traditionnelles.
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