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Sous pression, ArcelorMittal débloque plus d'un milliard pour son usine à Dunkerque


Actualité publiée le 15/05/25 18:04

Après la tempête sociale, un virage électrique. Accusé de désengagement en France suite à l’annonce de 600 suppressions de postes, ArcelorMittal tente de redorer son blason avec une promesse massive : 1,2 milliard d’euros investis à Dunkerque dans la décarbonation. Le projet, reporté l’an dernier, revient sur la table avec une échéance claire : un feu vert prévu après l’été.

L’aciériste souhaite construire un four à arc électrique pour remplacer partiellement ses hauts-fourneaux, ultra-émetteurs de CO2. Un geste à la fois technologique, politique et stratégique, conditionné aux décisions de Bruxelles sur la protection du marché européen de l’acier. Ce chantier s’inscrit dans un plan plus vaste de transformation de l’usine dunkerquoise, où l’avenir de l'acier se joue désormais à l’électrique et à l’hydrogène.

L'acier vert avance, mais pas à pleine puissance

Annoncé début 2024 avec l’État, le plan de décarbonation du site de Dunkerque devait atteindre 1,8 milliard d’euros. Il comprenait alors deux fours électriques et une unité de réduction directe de minerai de fer (DRI), pour produire de l’acier sans charbon. Aujourd’hui, seule la construction du premier four semble sur les rails.

« Ce four est la première étape du plan global », insiste la direction, sans cacher que le reste du projet reste suspendu. En coulisses, les calculs budgétaires évoluent : les coûts explosent. « En Allemagne, Saarstahl engage 4,6 milliards d’euros sur un site plus petit que Dunkerque », souligne un expert du secteur.

L’aide publique prévue, 850 millions d’euros, ne couvre que l’ensemble du projet, pas le four seul. Des discussions avec l'État se poursuivent. « Le four électrique seul n’y est pas éligible », confirme le groupe, qui cherche encore un modèle économique viable pour le DRI.

Entre emploi menacé et promesses industrielles

Ce revirement industriel survient dans un climat tendu. Début mai, ArcelorMittal a confirmé la suppression de 600 postes en France, notamment à Dunkerque. De quoi nourrir les doutes sur son attachement aux sites hexagonaux. Le groupe défend une logique économique. « Ces suppressions visent à renforcer la compétitivité du site », affirme Alain Le Grix, président d’ArcelorMittal France.

Pour calmer le jeu, le discours se veut rassurant : « Nous produisons là où se situent nos consommateurs. Avec 470 millions d’habitants, nous restons positifs sur l’Europe », poursuit-il. Mais le feu vert dépendra surtout de l’UE. ArcelorMittal attend la mise en place concrète du plan acier européen, qui doit plafonner les importations asiatiques à 15 % du marché et renforcer la taxe carbone aux frontières.

Ce que changera vraiment le four à Dunkerque

Si le projet se concrétise après l’été, le four devrait être opérationnel en 2028. Il permettra de produire 2 millions de tonnes d’acier décarboné par an. Un chiffre important, mais encore loin d’un basculement total. La fabrication DRI, pivot pour se passer totalement du charbon, reste en attente, faute de solution rentable à court terme.

Le pari est clair : entamer la mutation du site dunkerquois pour ne pas rater le virage de la transition énergétique. Mais entre coûts pharaoniques, incertitudes européennes et climat social tendu, ArcelorMittal marche sur un fil. Les mois à venir diront si le groupe bascule pour de bon vers l’acier vert — ou s’il reste coincé entre deux époques.

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