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2021, les prévisions choc livrées par des économistes

Par La rédaction ,le 08/12/2020;

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Depuis plusieurs années, c'est une tradition, les des analystes de Saxo Bank nous délivrent leurs prévisions "chocs" pour l'année à venir. Des prévisions totalement folles, de véritables "cygnes noirs" pour l'économie qui ont très peu chance de se réaliser mais qui engendrerait alors des mouvements énormes sur les marchés financiers.

La pandémie de covid-19 ne faisait pas parti de la liste l'an dernier et pourtant elle s'est révélée comme l'un des plus grands "cygne noir" de tous les temps. Comme quoi, l'impossible n'est jamais à écarter ! Voyons ce qu'il en est cette année :

cygne noir

1) Amazon 'rachète' Chypre

En 2021, Amazon et les autres géants du numérique jouissant de monopoles en ligne regarderont d'un œil méfiant les gouvernements qui souhaitent les affaiblir au motif qu'ils sont devenus trop puissants et qu'ils sont soumis à des taux d'imposition trop faibles.

Ces entreprises s'appuient sur une ribambelle de lobbyistes et certaines adoptent même des approches quasi-gouvernementales face à cette situation. Microsoft a ainsi créé un bureau de représentation des Nations Unies à New York et recruté un diplomate pour traiter les affaires gouvernementales européennes. Dans le même temps, Facebook a mis en place une « Cour suprême » pour examiner les réclamations des utilisateurs et d'autres problèmes.

En 2021, alors que la pression se fait de plus en plus forte sur le groupe, Amazon déménage son siège social européen à Chypre. Le pays accueille à bras ouverts le géant de la vente en ligne et les recettes fiscales qui lui permettront de réduire son ratio dette/PIB de près de 100%. Le pays a en effet payé à prix fort les mesures d'austérité que lui avait imposées l'Union européenne (UE) durant la crise de la dette souveraine en 2010-2012.

Les conseillers d'Amazon 'aident' Chypre à réécrire son code fiscal pour répliquer celui de l'Irlande, mais avec un taux d'imposition sur les sociétés et des taxes encore plus faibles, pour le plus grand bonheur des dirigeants et de la population, soumis à la manne financière que cela représente.

Mais les autorités réglementaires comprennent rapidement ce qui se passe et se mobilisent contre Amazon, forçant l'entreprise à changer ses pratiques et obligeant Chypre et les autres pays européens à harmoniser les règles fiscales. Les États-Unis et d'autres pays décident également de lutter contre les monopoles en 2021 et ces entreprises sont punies pour leur arrogance.

En bourse : Position courte sur les géants technologiques, en particulier AMZN.

2. L'Allemagne renfloue la France

La France est l'un des pays européens qui affichera l'un des plus hauts niveaux d'endettement dans les prochaines années.  Avant la pandémie de la Covid-19, la dette publique de la France avoisinait 100% du PIB et la dette privée était en train de s'envoler, pour atteindre près de 140% du PIB, un chiffre nettement supérieur à celui observé en Italie (106%) et en Espagne (119%). Les mesures d'urgence adoptées pour faire face à la pandémie n'ont fait qu'accélérer l'accumulation de dette. Désormais, la dette publique devrait atteindre 120% du PIB en 2021.

Malgré un vaste plan d'aide de €100 milliards et un programme de prêts en vertu duquel l'État garantit jusqu'à 90% des prêts accordés aux entreprises, la France est incapable d'éviter une vague de faillites car de nombreuses entreprises du secteur tertiaire ne peuvent faire face aux diverses mesures successives de confinement et d'état d'urgence. Les investisseurs deviennent de plus en plus pessimistes quant à la rentabilité future des fonds propres des banques, ce qui provoque un dégagement massif sur les méga capitalisations bancaires françaises. Le produit net bancaire chute et les provisions pour pertes de crédit augmentent, faisant chuter les capitalisations boursières des banques françaises et leurs ratios cours/actif net à des points bas historiques. Compte tenu du piètre état des finances publiques et du niveau extraordinairement élevé de la dette publique, la France n'a d'autre choix que de venir demander assistance à l'Allemagne, afin de permettre à la BCE d'injecter suffisamment de liquidités pour renflouer massivement le système bancaire et éviter un effondrement systémique.

En bourse : il est probablement plus judicieux d'acheter des valeurs bancaires après le renflouement plutôt que de les vendre avant, mais les deux sont possibles.

3. La technologie Blockchain a raison des infox

En 2021, la menace croissante que représente la désinformation et la perte de confiance envers les médias traditionnels atteignent un niveau critique, obligeant le secteur à réagir. Les grandes entreprises de médias et les réseaux sociaux sont tenus de mettre en place des mesures pour lutter contre les informations fabriquées de toute pièce et trompeuses. La technologie qui permet cela est un vaste réseau de registres distribués permettant de diffuser des informations inaltérables dont le contenu et la source sont vérifiés. Grâce à une structure de registres partagés, toute altération serait immédiatement visible par tout un chacun et chaque nouvelle est traçable jusqu'à sa source originale, ce qui permet de supprimer toutes les informations trompeuses que les autres sources ne peuvent pas vérifier.

Des entreprises comme Twitter et Facebook investissent massivement dans la technologie Blockchain, animées en premier lieu par un instinct de préservation face à la pression réglementaire, de plus en plus forte. Les sites d'informations alternatives répandant des théories complotistes comme QAnon, des informations trompeuses sur la pandémie du coronavirus, des preuves falsifiées de fraudes électorales et autre disparaîtront subitement des grandes plateformes. La vérité l'emporte et les chambres d'écho disparaissent.

En bourse : acheter des actions de Verizon, IBM et des entreprises de réseaux sociaux.

4. La nouvelle cryptomonnaie de la Chine provoque un mouvement tectonique des flux de capitaux

Le protocole 'Digital Currecy Electronic Payment' (DCEP) sera une version numérique du yuan (CNY), fondée sur la technologie Blockchain. En 2019, 80% des paiements réalisés en Chine l'étaient via WeChat et AliPay. La Banque populaire de Chine veut aller encore plus loin et améliorer l'efficacité de la politique monétaire et de la politique budgétaire via une société dépourvue d'argent liquide, dans le but d'améliorer l'inclusion financière.

Permettre aux investisseurs étrangers d'accéder pleinement et librement aux marchés de capitaux permettra de balayer l'inquiétude principale des investisseurs hésitant à utiliser le yuan en bourse : sa liquidité et un accès direct à leurs investissements sur le territoire chinois. Parallèlement, la stabilité du yuan et les capacités de traçage et de contrôle qu'offre la technologie Blockchain permettraient d'éliminer quasi totalement le risque de fuite des capitaux ou de transferts illégaux hors de Chine.

L'idée cadre parfaitement avec la politique économique à double circulation de la Chine en ce qu'elle permet d'améliorer la transparence en Chine, tout en vulgarisant l'usage du CNY à l'extérieur des frontières, comme alternative attrayante à l'usage du dollar (USD) dans les transactions. En tant que monnaie centralisée promue par le gouvernement, DCEP sera considérée comme une monnaie fiduciaire, mais, du point de vue de la Chine, c'est une caractéristique du yuan numérique en ce que cela permet d'avoir des taux d'intérêt négatifs sur les instruments monétaires et de déterminer beaucoup plus facilement des objectifs de croissance du PIB.

Ouvrir le compte de capital de la Chine et créer une monnaie qui concurrence le dollar comme monnaie de réserve permettra de doper la consommation chinoise, de financer un nouveau système de retraite et d'accroître la profondeur des marchés de capitaux du pays.

En bourse : Position courte sur le dollar et surpondération des obligations d'État et des actions chinoises par rapport au reste du monde.

5. Fusion nucléaire : un réacteur révolutionnaire propulse l'humanité vers l'abondance énergétique

Le monde aura besoin d'une quantité d'énergie beaucoup plus importante si l'économie continue à croître à un rythme aussi rapide, quasiment sans précédent dans l'Histoire. Les nouvelles technologies de production d'énergies propres et alternatives ne permettent pas, pour la plupart, de répondre à cet enjeu. Le monde a impérieusement besoin d'une véritable révolution dans le domaine des technologies de production d'énergie.

2021 sera l'année au cours de laquelle les algorithmes avancés d'intelligence artificielle permettront de résoudre les grandes complexités non linéaires de la physique des plasmas, ouvrant ainsi la voie à l'énergie de fusion à usage commercial. Le réacteur de fusion SPARC conçu par le MIT, qui a été validé en 2020 comme un moyen viable de produire une énergie de fusion à moindre coût, connaît des améliorations considérables grâce à ce nouveau modèle d'intelligence artificielle. Les ingénieurs ajustent la conception du réacteur SPARC : de nouveaux modèles font état d'un facteur de gain d'énergie de 20, créant ainsi le plus gros changement de paradigme dans le domaine des technologies énergétiques depuis le nucléaire. Surtout, les investissements considérables réalisés par les secteurs public et privé permettront de mettre en application le nouveau concept de réacteur en l'espace de quelques années.

La maîtrise de l'énergie de fusion ouvre la perspective d'un monde qui ne connaîtra plus de pénurie en eau ou de pénurie alimentaire, grâce au dessalement et à l'agriculture verticale. Un monde où les transports seraient bon marché, faisant la part belle à la robotique et aux automates, et faisant de la génération actuelle la dernière à devoir 'travailler' par nécessité. Mieux encore, l'énergie de fusion permet à presque tous les pays de devenir autonomes sur le plan alimentaire et en énergie et entraîne la hausse des niveaux de vie la plus rapide de l'Histoire.

En bourse : Le soutien politique et financier aux énergies vertes « traditionnelles » prend fin et l'ETF Wind Energy Fan s'effondre de 50% en 2021.

6. Le revenu de base universel décime les grandes villes

La pandémie de la Covid-19 n'a fait qu'accélérer la reprise en K qui alimentait les inégalités et détruisait le tissu social avant l'épidémie. La financiarisation de l'économie signifie qu'un revenu unique ne suffit pas à pourvoir aux besoins d'une famille. La technologie informatique, de moins en moins chère, l'intelligence artificielle et l'automatisation ont fait disparaître de nombreux emplois dans tous les secteurs. Le risque d'un déchirement total des sociétés fait prendre conscience que les mesures contre la Covid-19 n'étaient pas qu'une simple réaction d'urgence, mais le début d'une nouvelle réalité avec l'émergence du revenu de base universel (RBU).

Dans cette nouvelle ère du RBU, des suppressions d'emplois causées par les progrès technologiques et de l'avènement du télétravail comme nouvelle norme suite à la pandémie de la Covid-19, les immeubles de bureaux des grandes villes se vident totalement, ou presque. Leur valeur s'effondre, tout comme les immeubles commerciaux hébergeant des restaurants et des boutiques accueillant des travailleurs voyageant à bord de taxi-drones.

Le RBU modifie également l'attitude vis-à-vis de l'équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, et permet à de nombreux jeunes de rester dans les communautés où ils ont grandi. Parallèlement, les travailleurs peu qualifiés et les intérimaires travaillant dans les grandes villes commencent également à partir car les opportunités d'emploi se font de plus en plus rares et la « qualité » de vie qu'offrent les petits appartements hors de prix situés dans des quartiers dangereux perd de son attrait.

En bourse : position courte sur les SIIC investissant dans les grandes villes comme SL Realty Trust (SLG), qui investit uniquement dans des immeubles de bureau à Manhattan, à New York, ou Vornado Realty Trust (VNO), qui investit à Chicago, San Francisco ou New York.

7. Le dividende disruptif donne naissance à un « fonds technologique citoyen »

Les progrès technologiques, conjugués à la prévalence des principes hérités de l'économie de marché libre, sapent le contrat social, détruisent même le tissu social. La pandémie de la Covid-19 n'a fait qu'accélérer ce processus. Notre société devra trouver un nouveau chemin politique pour éviter de creuser les inégalités, mais également pour éviter les bouleversements politiques, les troubles sociaux et les risques systémiques. 2021 sera l'année d'une refonte majeure de la pensée politique, caractérisée par l'avènement d'une nouvelle approche visant à réduire les inégalités, qui ne se limite pas à ajuster à la marge le code fiscal.

Un « fonds technologique citoyen » voit le jour, faisant de chaque citoyen un investisseur. Une portion est allouée aux travailleurs détachés, permettant à tout un chacun de participer aux gains de productivité de l'ère numérique. Cette politique, qui s'apparente à un dividende disruptif, concourt à apaiser les inquiétudes économiques et sociales des laissés-pour-compte de la croissance économique. Le dividende disruptif libère l'énergie entrepreneuriale de millions d'individus et de communautés, désormais libérés du poids d'emplois répétitifs et stressants.

En bourse : position longue sur les entreprises des secteurs de l'éducation, des arts, de l'artisanat et des loisirs. Position longue sur l'ensemble du spectre des activités numériques (réalité virtuelle, jeux vidéo et e-sport).

8. Le vaccin contre la Covid-19 sonne le glas des entreprises

La pandémie de la Covid-19 a accéléré de manière brutale l'endettement néfaste de l'économie mondiale survenu pendant la crise financière de 2008-2009. La politique consistant à injecter des liquidités de manière quasi illimitée et l'assouplissement des conditions de financement à tout prix ont fait chuter les taux souverains et les taux d'intérêt des entreprises « Investment Grade » à des points bas historiques et forcé les investisseurs à se tourner vers des actifs plus risqués.

L'appétit des investisseurs pour le risque s'explique par la perspective d'un vaccin efficace contre la Covid-19 qui insufflerait un nouvel élan à la croissance économique. Avec le recul, il s'avère que l'économie a été stimulée à l'excès pendant la pandémie, et la forte reprise post-vaccin met rapidement l'économie en surchauffe. L'inflation accélère et le taux de chômage chute tellement vite que la Fed laisse les taux longs augmenter, entraînant dans la foulée une hausse des taux des titres de dette plus risqués.

Craignant de voir l'inflation atteindre un taux annualisé de 4-5% et les salaires progresser de 6-8% au troisième trimestre, et faute d'avoir contrôlé la courbe des taux, la Fed finit par commettre une erreur stratégique : en rehaussant les taux longs, elle autorise de fait un resserrement trop rapide des conditions de financement. Les taux de défaut des entreprises atteignent leur plus haut niveau depuis des années. Les premières à disparaître sont les entreprises surendettées du secteur de la distribution physique, qui éprouvaient déjà des difficultés avant la pandémie.

En bourse : position courte sur les ETF HYG et JNK High Yield corporate.

9. Le soleil fait scintiller l'argent, qui profite de la forte demande en panneaux solaires

Fort de son statut de métal précieux, l'argent voit son cours progresser à la faveur d'une baisse du dollar, car les investisseurs réalisent que la politique de taux nuls de la Fed est vouée à perdurer. Cette tendance s'amplifie à cause de l'accélération de l'inflation et de l'incapacité des dirigeants politiques à réagir rapidement, désireux d'aider en premier lieu les économies encore en phase de redressement. Dans un contexte marqué par la distribution rapide d'un vaccin contre la Covid-19 en milieu d'année, les injections excessives de liquidité et la politique accommodante à l'excès de la Fed soutiennent fortement les cours des actifs matériels.

La forte demande en argent destinée aux applications industrielles propulse le cours de l'argent, et ce, même face à l'or. Une crise de l'offre d'argent survient en 2021 et vient contrecarrer la politique d'investissement dans l'énergie solaire de Joe Biden, le Pacte vert de la Commission européenne et l'objectif de neutralité carbone 2060 de la Chine, entre autres.

Autre difficulté du côté de l'offre : l'argent extrait provient pour plus de moitié de l'extraction de zinc, de plomb et de cuivre. Les sociétés minières ont donc toutes les difficultés du monde à honorer la demande croissante en argent.

En bourse : position longue sur l'argent car le cours s'envole vers un sommet historique de $50 l'once en 2021.

10. La technologie du futur suralimente les marchés frontières et émergents

Les économistes constatent que les taux de croissance observés dans de nombreux marchés frontières et émergents ont été largement sous-estimés ces dernières années. Une analyse plus poussée révèle que, dans le secteur privé, certaines technologies majeures ont engendré des gains de productivité supérieurs à tout ce qui avait pu être observé dans les marchés développés depuis des décennies.

La première technologie en question est le déploiement de systèmes d'accès à internet par satellite, lesquels devraient faire chuter le prix des abonnements Internet et, surtout, entraîner une augmentation considérable des débits de téléchargement. Le projet Starlink de SpaceX sera le premier à voir le jour, avec 1500 satellites opérationnels d'ici fin 2021. Dans les pays émergents et les marchés frontières, cela se traduira par d'importants gains de productivité dans le secteur de l'éducation et pour les entreprises. Le deuxième facteur porteur sera la révolution en cours dans l'univers des paiements et de la banque en ligne, qui a d'ores et déjà permis à des milliards de gens d'accéder à l'économie numérique via leur appareils mobiles.

Enfin, la dronautique est vouée à révolutionner le secteur des systèmes de livraison et devrait réduire les inconvénients et les coûts liés au fait de vivre loin des grandes villes. Combinée à l'automatisation, la dronautique offre des applications dans le secteur de l'agriculture, qui devraient engendrer d'importants gains de productivité dans de nombreuses zones rurales sous-développées du monde entier.

En bourse : position longue sur les devises émergentes, sur fond de perspectives de croissance supérieures.

Ces prévisions ne sont pas les prévisions boursières officielles de Saxo Bank pour l'année 2021, mais elles nous alertent sur la tendance éventuelle des investisseurs à sous-estimer certains risques, estimant à 1% seulement la probabilité de réalisation de ces scénarios. L'exercice consiste à envisager tous les scénarios possibles, quand bien même ils sont peu probables, tout particulièrement en cette année exceptionnelle marquée par la crise de la Covid-19. Évidemment, les scénarios les plus disruptifs (et, donc, les plus audacieux) sont ceux auxquels le consensus ne s'attend pas.


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