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Investir dans les terres rares : opportunité d'avenir ou risque spéculatif ?

Par La rédaction, le 19/08/2025

bourse

Les terres rares, ces métaux aux propriétés uniques, sont devenues un enjeu économique et géopolitique majeur. Essentielles dans les technologies vertes, l’électronique et la défense, leur approvisionnement est dominé par la Chine, qui contrôle plus de 80 % de la production mondiale. Cette dépendance expose les économies occidentales à des risques de pénurie, surtout dans un contexte de tensions commerciales croissantes entre Pékin et Washington.

Pour les investisseurs, ce déséquilibre offre des opportunités boursières intéressantes. Les entreprises qui exploitent, recyclent ou innovent autour des terres rares attirent l’attention des marchés. Cependant, ce secteur reste volatile, influencé par les politiques douanières, les avancées technologiques et les rivalités internationales. Analysons pourquoi ces métaux pourraient figurer dans un portefeuille diversifié, tout en mesurant les risques associés.

Au cœur des tensions commerciales et géopolitiques entre la Chine et les Etats-Unis

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Les tensions entre la Chine et les États-Unis ont remodelé les flux commerciaux des terres rares. En 2023, Washington a renforcé les restrictions à l’exportation de technologies clés vers la Chine, tandis que Pékin a riposté en limitant temporairement les ventes de gallium et de germanium, deux métaux critiques. Ces mesures rappellent la guerre des tarifs douaniers de 2019, où la Chine avait menacé de couper ses exportations de terres rares vers les États-Unis.

Aujourd’hui, l’Occident cherche à réduire sa dépendance. L’Europe et les États-Unis investissent dans des projets miniers locaux et des partenariats avec des pays comme l’Australie ou le Canada. Par exemple, le Mineral Security Partnership, lancé par Washington, vise à sécuriser les approvisionnements. Pour les investisseurs, ces initiatives ouvrent des perspectives sur des sociétés hors de Chine, mais aussi sur celles capables de recycler ces métaux précieux.

Les terres rares, un rôle important dans des industries stratégiques

Dans le secteur de la défense, les terres rares sont indispensables. Le néodyme et le samarium entrent dans la fabrication d’aimants permanents utilisés dans les missiles guidés, les drones ou les systèmes radar. Sans eux, les avions furtifs comme le F-35 ne pourraient fonctionner. Les pays occidentaux, soucieux de leur souveraineté, accélèrent leurs stocks stratégiques, boostant la demande.

L’aéronautique civile et les semi-conducteurs dépendent aussi de ces métaux. Les moteurs d’avions commerciaux, les éoliennes offshore et les véhicules électriques utilisent des aimants à base de terres rares pour améliorer leur efficacité énergétique. De même, les puces électroniques haut de gamme intègrent du terbium ou de l’europium pour leurs propriétés luminescentes. Avec l’essor de l’IA et des data centers, cette demande devrait exploser dans la décennie à venir.

Quelles entreprises cotées en Bourse à surveiller ?

Parmi les acteurs majeurs, Lynas Rare Earths se distingue. Cette société australienne exploite la seule grande mine hors Chine et a signé des contrats avec le Département de la Défense américain. Son usine de Malaisie traite les minerais pour en extraire des oxydes de terres rares, évitant ainsi le monopole chinois.

Aux États-Unis, MP Materials opère la mine de Mountain Pass en Californie, l’une des plus riches au monde. Partenaire de General Motors pour les aimants des véhicules électriques, elle bénéficie des subventions gouvernementales liées à l’Inflation Reduction Act. En Europe, Solvay, bien que diversifié, développe des solutions de recyclage pour les terres rares issues des déchets électroniques.

Avantages et risques

Le potentiel de croissance est indéniable. Avec la transition énergétique et la digitalisation, les besoins en terres rares pourraient tripler d’ici 2035, selon BloombergNEF. Les entreprises bien positionnées profitent de subventions étatiques et de contrats à long terme, offrant une visibilité rare dans les matières premières.

Cependant, les risques sont multiples. Les cours des terres rares sont très cycliques, sujets à des bulles spéculatives comme en 2011. De plus, l’extraction minière soulève des défis environnementaux, souvent critiquée pour son usage intensif d’eau et de produits chimiques. Une réglementation plus stricte pourrait alourdir les coûts. Enfin, les avancées technologiques, comme les aimants sans terres rares, pourraient bouleverser la demande.

Conclusion

Investir dans les terres rares revient à parier sur l’avenir des industries high-tech et la réorganisation des chaînes d’approvisionnement. Les tensions sino-américaines et les politiques climatiques poussent les gouvernements à sécuriser leurs ressources, créant un terreau fertile pour les sociétés minières et de recyclage.

Toutefois, ce marché n’est pas sans écueils. Sa volatilité, ses enjeux éthiques et les alternatives technologiques imposent une vigilance constante. Pour les investisseurs, une approche diversifiée entre actions et ETF spécialisés, semble la plus judicieuse. Les terres rares ne sont pas qu’un métal : elles redessinent actuellement les batailles économiques du XXIe siècle.


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