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L'heure de vérité a sonné pour l'Angleterre et le pound

Par Michel Santi

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Avec 61 milliards de dollars, les réserves de change de la Grande Bretagne sont inférieures à celles de la Malaisie ou de la Thaïlande. Quant aux dettes vis-à-vis de l'étranger du système bancaire britannique, elles sont de 4'400 milliards de dollars, soit deux fois le P.I.B. annuel du pays! La mise en parallèle de ces deux chiffres est éloquente. Du reste, le marché ne s'y est pas trompé en calmant les ardeurs de Brown – qui a un temps endossé le costume de sauveur du monde - en envoyant par le fonds la Livre Sterling sous le palier de 1.40 vis-à-vis du dollar, soit à son plus bas niveau depuis 2001 alors qu'elle était au-dessus de 2 il y a encore une année. Les CDS ( Credit Default Swaps ) de la Grande Bretagne - mesurant la solvabilité d'une nation - sont plus bas que les CDS du Portugal, le différentiel entre les bons du Trésor à 10 ans Allemand et Britannique ayant doublé en faveur des premiers...

Par ailleurs, l'agence de notation Standard & Poor’s ne dément pas les rumeurs selon lesquelles le rating Britannique serait rétrogradé de sa notation maximale actuelle AAA, humiliation évitée même au pire de la crise de 1976 ayant nécessité l'intervention du F.M.I.! F.M.I. ayant de surcroît publiquement émis il y a quelques jours des doutes quant à la viabilité des dernières mesures de sauvetage de ses banques par le Gouvernement Brown.


La Grande Bretagne tremble pour le prestige de sa notation internationale, l'Espagne ayant perdu en début de semaine sa couronne AAA pour une dette publique rapportée au P.I.B. inférieure à celle de la Grande Bretagne. Car en effet l'aggravation du poids de cette dette publique de près de 12% en une année trouble un marché conscient des implications à long terme du sauvetage d'un système bancaire national en pleine déconfiture. Le Gouvernement Britannique a été extrêmement long à enclencher les baisses quantitatives ( par l'activation de la planche à billets ) et a dilapidé un temps précieux en artifices fiscaux peu utiles dans le contexte de déflation par la dette que doit subir ses banques.

En fait, il n'est pas choquant de comparer la Grande Bretagne à l'Islande, cette dernière ayant accumulé une dette extérieure de 900% de son P.I.B. Ruinée par l'appétit vorace de ses trois grandes banques, l'Islande - qui a du jour au lendemain créé des banques nouvelles - s'est néanmoins payée le luxe de décider unilatéralement de ne pas honorer ses dettes, passant le fardeau de ses pertes à d'autres...Si la Grande Bretagne suivait le modèle Islandais en faisant défaut sur les dettes gigantesques de ses banques vis-à-vis de l'étranger, elle causerait une onde de choc massive qui secouerait l'ensemble de la planète, ses dettes de 4’400 milliards de dollars étant de 8 fois supérieures aux encours de Lehman!

Il va de soi que le Gouvernement Britannique ne voudra pas sacrifier la City et il dispose au demeurant d'au moins une arme pour lutter contre cette situation dramatique : la Livre Sterling. La Livre étant toujours une monnaie de réserves, la Grande Bretagne peut - contrairement à l'Islande - faire appel au financement international afin de renflouer ses caisses, le coût total du sauvetage de son système bancaire étant estimé à quelques 6% de son P.I.B.

La Grande Bretagne n'est du reste pas la seule à devoir affronter son heure de vérité car les dettes souveraines respectives de la Russie, de l'Ukraine, de la Grèce, de l'Italie, de la Belgique, de l'Australie, de la Nouvelle Zélande et de la Corée sont tout autant ballottées. En réalité, il ne reste plus qu'une demi-douzaine de pays dont la dette publique est encore prisée par les marchés, la Grande Bretagne étant dorénavant exclue de ce groupe.


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