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Le compromis obtenu récemment aux USA sur le plafond de la dette implique des
réductions de dépenses de 2100 milliards de dollars sur 10 ans.
Si ce chiffre paraît considérable, il ne règle en fait en aucun cas le problème
du déficit budgétaire des USA qui reste abyssal. Les réductions de dépenses
seraient de 210 milliards de $ par an...en théorie, et en supposant que les
responsables politiques tiennent parole sur les 10 ans à venir.
En face, nous avons un budget qui est actuellement en déficit de plus de 1500
milliards de $ par an, soit 10,8% du PIB 2011 selon les prévisions du FMI
relevées par zerohedge :
Les économies proposées ne règleraient donc que 15% du problème, et encore, à
condition que la croissance se maintienne à un niveau convenable, que les
recettes ne soient pas réduites par une nouvelle récession, et que le
gouvernement ne soit pas obligé d'engager de nouvelles dépenses en cas de
nouveaux problèmes dans le système bancaire et financier des USA.
Si ce plan ne changera pas grand-chose aux déficits actuels, il a quand même des
conséquences pour les marchés : Le gouvernement US aura les plus grandes
difficultés à engager de nouveaux plans de relance de l'économie dans un
contexte où l'opinion publique est de plus en plus hostile à l'augmentation de
la dette. Il en va de même en Europe où les problèmes de l'Europe du Sud
interdisent de fait tout nouveau plan de relance à la sauce keynésienne. Les
marchés ne pourront donc plus compter comme en 2009 et 2010 sur un afflux massif
d'argent public pour les soutenir, et ce changement se constate déjà
graphiquement sur l'eurostoxx :
- la première vague de hausse de mars 2009 à janvier 2010, avait donné un rebond
de plus de 65% de l'indice européen. Cette vague de hausse était associée à la
philosophie de l'hélicoptère et à une foi totale dans le keynésianisme (on va
déverser autant de liquidités que nécessaire dans le système pour faire repartir
la croissance, peu importe les conséquences budgétaires). Puis les premières
inquiétudes sur les dettes souveraines sont apparues, en Grèce, au Portugal et
en Irlande.
- La seconde vague de hausse qui a suivi la correction du printemps 2010, de
juin 2010 à mars 2011 a été déjà bien plus laborieuse et entrecoupée de
nombreuses corrections. Les marchés ont gagné 25% seulement, et le plus haut de
février 2011 était seulement 1% au-dessus de celui de janvier 2010. L'état
d'esprit des dirigeants a aussi changé, même si cela était encore peu apparent.
Le programme Q.E.2 était plus modeste que le Q.E1 (600 milliards de $ contre
plus de 1500 milliards pour le QE1), et les premiers plans de rigueur
apparaissaient en Europe du sud.
Y aura-t-il une troisième vague de hausse ? Je ne le crois pas du tout. La
dynamique haussière est cette fois bien cassée, et les gouvernements n'ont plus
les munitions pour la relancer. L'eurostoxx en est aujourd'hui à ses niveaux de
juillet 2009, et 20% sous ses plus hauts de 2010.
La crainte croissante de l'opinion publique américaine sur la dette et les
déficits publics se retrouve dans les derniers sondages d'opinion, qui indiquent
déjà que Barack Obama ressort comme grand perdant du dernier débat sur le
relèvement du plafond de la dette US, avec une hausse de 10% du nombre de
mécontents en un mois.
Pour finir, si je puis me permettre un petit conseil cynique à ceux qui seraient
tentés par une carrière politique, aux USA ou en France, pour 2012 : faites le
nécessaire pour perdre l'élection ! Et si vous êtes simplement débutant dans le
métier, engagez-vous dans le parti qui aura perdu l'élection.
Vous laisserez ainsi à votre adversaire "vainqueur" la grenade dégoupillée que
constitue ces déficits insoutenables, et la crise qu'ils vont déclencher (qui
sera sans doute la plus grande des 100 dernières années).
Vous serez confortablement installé dans l'opposition, occupé à désigner votre
adversaire comme bouc émissaire aux yeux de l'opinion publique, et n'aurez plus
qu'à "récolter" toutes les échéances électorales suivantes.