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Sous la pression médiatique de quelques figures écologistes en vue, le
gouvernement s'apprête à soutenir une loi proposée par un député UMP, Christian
Jacob, qui vise à prohiber toute exploration et exploitation de gaz de schistes
en France par utilisation des techniques de fracturation hydraulique. Dès le
mois de février, Nathalie Kosciusko Morizet avait fait prononcer un moratoire
sur les forages. Le projet de loi sera discuté par l'assemblée le 10 mai 2011.
Naturellement, José Bové et quelques autres représentants de la mouvance
éco-régressiste se félicitent de ces reculades, évidemment qualifiées d'
"avancées". Les gaz de schistes, voilà le nouvel ennemi que certains ont décidé
d'abattre. Une véritable campagne visant à effrayer les populations sur "les
dangers du gaz de schiste" a été lancée par diverses associations écologistes,
opération de communication dont le point d'orgue est un film documentaire appelé
"Gasland", dont nous reparlerons. Résultat, après quelques manifestations de
colère d'activistes anti-schistes et de riverains des gisements, le gouvernement
se réfugie derrière le principe de précaution et baisse sa culotte devant les
revendications prohibitionnistes.
Un préjudice de plusieurs centaines de milliards
Ainsi sont prises les décisions en République Pétocharde de France. Les réserves
de gaz de schistes sous notre sol sont pour l'instant estimées "prudemment",
faute d'exploration complémentaires, à 2400 milliards de m3 de gaz naturel
extractibles selon les technologies connues, autour de Montpellier. D'autres
réserves non encore chiffrées mais possiblement considérables seraient enfermées
dans le sous-sol du bassin parisien. Par analogie avec des gisements de taille
inférieure, tel que celui découvert à Tamar en Israel (et que les
entreprises de l'état Hébreu vont exploiter, elles), on peut estimer très
prudemment la valeur plancher du gisement de Montpellier-Montélimar à 400
milliards de dollars. En fait, la valeur estimée est beaucoup plus élevée aux
cours actuels (800 milliards), mais comme on découvre de ces gaz un peu partout,
le cours devrait tendre à baisser à monnaie constante. Mais cela reste une somme
tout à fait considérable.
Puisque l'état Français s'arroge la propriété du sous-sol dès qu'une ressource
exploitable s'y trouve, interdire l'exploitation de ce gaz revient à stériliser
un patrimoine de 400 milliards au bas mot. C'est un peu comme si le gouvernement
décidait de fermer autoritairement environ 2 millions de logements pour en
empêcher toute exploitation commerciale, ou de prononcer la fermeture
administrative de toutes les entreprises artisanales du pays : une spoliation
pure et simple, et un atterrant gaspillage d'opportunités.
Selon la DGEMP (Direction Générale de l'Energie et des Matières Premières),
la France a importé 44 Milliards de mètres cubes en 2006, devrait en
importer 66 en 2020, et 78 en 2030. Les réserves estimées pour le seul bassin du
Roussillon représentent donc une grosse quarantaine d'années d'importations.
Certes, le texte de loi n'interdira pas formellement l'exploitation, mais il
prohibe l'usage de la seule technologie aujourd'hui capable d'extraire ces gaz,
à savoir, je cite : "l’exploration et l’exploitation des mines
d’hydrocarbures liquides ou gazeux non conventionnels, par des forages verticaux
comme par des forages horizontaux suivis de fracturation hydraulique de la
roche, sont interdites sur le territoire national." - Par conséquent,
l'exploitation de ces richesses est subordonnée à une rupture technologique dont
on ne sait absolument pas si elle a une chance de se produire demain ou dans 20
ans. Il ne faut donc pas s'y tromper, en l'état actuel, l'adoption de cette loi
constituerait un arrêt de mort de la filière des gaz de schistes en France,
puisqu'aucun exploitant sur notre sol n'aurait les moyens de financer la R&D
nécessaire à l'éclosion de nouvelles technologies d'exploration.
Quelles sont les raisons qui motivent une telle stérilisation de richesses de la
part de nos politiciens ?
Vous vous en doutez : c'est la crainte de conséquences environnementales
néfastes qui pousse nos édiles à appliquer le principe de précaution. Ces
craintes sont-elles fondées ?
La fracturation hydraulique des roches profonde : coupable ?
Le présumé problème provient de la technologie employée, la fracturation
hydraulique des roches profondes, indispensable pour séparer le gaz emprisonné
dans des micropores de schistes, de sa roche "hôtesse" et le faire remonter à la
surface. Il faut noter que cette technique, constamment perfectionnée depuis les
années 40, est utilisée couramment depuis 40 ans dans le domaine de l'extraction
pétrolière, dans certains types de gisements, sans que personne ne s'en émeuve.
Cette technologie utilise de l'eau, du sable, et des adjuvants chimiques
(environ 0.5% de la solution), dont la plupart ont de nombreux usages grand
public, comme la gomme de Guar, que l'on trouve dans... les crèmes glacées. Mais
je ne puis être certain que toutes les substances indiquées soient totalement
sans risque dans les conditions d'emploi considérées.
La crainte agitée par les adversaires de l'exploitation des gaz de schistes est
que tant le gaz que les adjuvants chimiques remontent par capillarité des
couches profondes vers les nappes aquifères plus élevées, plutôt que par le
tuyau de forage qui est, lui, sécurisé. En outre, la fracturation des roches
utiliserait d'immenses quantités d'eau, et la création des puits gaspillerait
des ressources fossiles importantes.
Naturellement, écologistes et industriels se rendent coup pour coup, les
premiers accusant les seconds de sacrifier la nature pour du profit à court
terme, les seconds traitant les premiers de menteurs défendant un agenda
politique anti-capitaliste. Je schématise, bien sûr.
Ainsi, le documentaire "GasLand", produit par un certain Josh Fox, a été nominé
aux oscars, et montre une vision apocalyptique de notre monde lorsque les roches
fracturées auront libéré de véritables poisons vers nos nappes phréatiques,
condamnant des générations entières à boire une eau durablement polluée.
Ce à quoi une association américaine des producteurs d'hydrocarbures, l'EID,
(qui comprend surtout des PME, pas des "too big to fail") répond par
une traditionnelle séance de "debunking", c'est à dire de recensement de
tous les mensonges ou omissions contenus dans le documentaire, sources
à l'appui. Et il semblerait qu'effectivement, Josh Fox n'ait pas grand-chose à
envier à Michael Moore ou Al Gore, dès qu'il s'agit de déformer la réalité.
Naturellement, les écologistes affirment qu'ils ont eux-mêmes "démystifié
la démystification", et le match continue par blogs interposés.
Alors qui croire ?
Quand le débat rationnel cède la place aux attaques ad hominem
Naturellement, le réfutation de l'EID par les écologistes n'attaque pas
uniquement le message mais aussi le messager : la réfutation de GasLand, selon
eux, provient d'une organisation professionnelle de pétroliers et gaziers, donc
ces gens là sont intéressés donc il ne faut pas les écouter.
Cet argument, fréquemment utilisé, est pernicieux. En effet, ce sont justement
chez ces professionnels que l'on trouve la plus forte concentration d'ingénieurs
et de chercheurs compétents sur les techniques de fracturation de roches. Leur
faire en toute occasion un procès d'intention pour "biais d'intéressement", afin
de pouvoir refuser la prise en compte de leurs arguments sans contre-argumenter,
relève donc d'une forme de terrorisme intellectuel visant à
empêcher tout débat sur des bases saines et à éliminer de la discussion un des
rares points de vue réellement scientifiquement informé.
Voici un exemple emblématique de ce terrorisme : Un géologue de l'état de New
York, Langhorne "Taury" Smith, professeur de géologie de haut niveau aux
multiples publications et distinctions, a osé déclarer à la presse qu'après
trois années d'études approfondies, il concluait que les dangers imputés
à la fracturation hydraulique des roches étaient très exagérés. Pour
ces propos, il se voit sanctionné par le département de l'éducation de l'état de
New York, et interdit de déclarations à la presse par son
employeur suite à une campagne de dénigrement de diverses organisations
écologistes.
Ce monsieur Taury Smith est il un suppôt d'Exxon Mobil ? Non. Smith se définit
lui même comme un "gauchiste très inquieté par le changement climatique", et
estime que la fracturation des roches doit être fortement encadrée par le
département de la conservation de l'environnement, parce que "ni les
industriels, ni les organisations écologistes, ne peuvent être objectives". Pas
vraiment le portrait type du lobbyste à la solde d'Halliburton... Et que dit il,
ce monsieur ? Extraits d'un article du Times Union :
"(T. Smith) a examiné la science de la fracturation des schistes pendant 3
ans et n'a pas trouvé de cas dans lesquels le processus a engendré une
contamination des nappes, (contrairement aux) affirmations des groupes opposés à
la fracturation. Les problèmes de contamination relevés près de forages n'ont
pas été causés par les forages eux mêmes mais par des incidents comme il s'en
produit souvent"
"(les opposants) font comme si les pires scénarios des pires incidents
allaient devenir la norme"
"(la fracturation) est un sujet porteur pour les organisations écologistes
pour lever des fonds".
"La consommation d'eau d'un complexe d'exploration est 2 à 3 fois moins
élevée que la quantité d'eau qui sert à arroser les terrains de golf"
Parmi les arguments des opposants à la libre expression du Pr. Smith, on
retrouve une fois encore en bonne place le fait qu'il ait été engagé comme
consultant occasionnel pour des compagnies pétrolières : eh oui, les pétroliers,
lorsqu'ils cherchent des gens compétents, ne s'adressent pas aux débutants
endoctrinés généralement recrutés par les organisations écologistes mais à des
gens expérimentés, de haut niveau qui s'intéressent d'abord aux faits et à la
science, et ensuite à la politique.
Sinon, les critiques envers Smith relèvent essentiellement de l'émotionnel et
manquent cruellement d'arguments de fond. Le comble du ridicule est
atteint par une certaine Stéphanie Low, manager musicale de profession,
et activiste au sein du groupe "anti fracturation" du Sierra Club, une des plus
puissantes ONG vertes des USA, qui a déclaré à propos de T. Smith, que
"travaillant pour l'industrie gazière, il lui est difficile de se rendre compte
que la plupart de ses constats ne sont pas supportés par les faits.
Peut-être ne lit il pas le New York Times ?".
C'est à pleurer : pour ces gens là, un géologue professionnel devrait apprendre
son métier dans un organe de presse généraliste naturellement orienté à gauche,
et faire fi de tout ce que ses travaux de recherche lui ont apporté...
Pathétique.
En face, M. Hobbs, le président de l'American Geological Institute, fédération
forte de 120 000 membres, excusez du peu, a défendu Taury Smith,
condamnant une "diffamation" (le terme employé, "character assassination", est
nettement plus fort que sa traduction automatique) de la part de ses nouveaux
adversaires géologues, en estimant que le département de l'éducation de New York
devrait être fier de compter un homme de la valeur dans ses rangs, qualifiant
son savoir et son travail de "extraordinaire", et louant son objectivité et son
a-politisme.
Comme le conclut le Times Union, qui a couvert l'affaire, "une politique
publique basée sur une bonne information ne naîtra pas en réduisant au silence
les opinions divergentes"...
Bref, on retrouve dans cette affaire le même type de comportement hargneux ad
hominem des organisations éco-régressistes vis à vis des "dissidents" qu'en
matière de changement climatique. Le traitement infligé à Taury Smith ne diffère
guère de celui qu'a dû subir Richard Lindzen, un éminent climatologue aux
multiples palmes académiques qui a claqué la porte du GIEC, considérant que
cette organisation n'avait plus rien de scientifique.
Voilà le type de procédés auxquels les gens qui n'adhèreront pas à la doxa
intégriste verte doivent s'attendre à être confrontés*...
Mais à choisir entre des scientifiques confirmés qui tiennent un discours
raisonnable et équilibré, et des activistes prompts à se lancer à la chasse à
l'homme dès que l'argumentation rationnelle et scientifique contredit leurs
outrances, le bon sens commande d'être plus méfiant vis à vis des seconds que
des premiers !
Quels sont les risques ?
Cela veut-il dire les forages ne comportent aucun risque ? Non, le risque zéro
n'existe pas. Ainsi, dans un cas célèbre repris par Gas Land, celui de
Dimmock, en Pennsylvanie, une nappe phréatique a été contaminée par des
gaz s'échappant d'un puits dont le scellement extérieur de ciment avait été très
mal fait. La technique d'hydrofracturation n'est pas en cause ici, cela aurait
pu se produire dans n'importe quel puits de gisement traditionnel. La compagnie
responsable du dommage a été condamnée à payer deux fois la valeur de leur
maison aux propriétaires lésés, soit 4 millions de dollars au total.
De même, dans certains puits, la réglementation (exprimée en termes de moyens et
non de résultats... Toujours le même problème) permettait aux foreurs de limiter
la profondeur de la protection en ciment du tuyau de forage peu en dessous des
aquifères. Il est évident que certaines compagnies pourraient privilégier le
rendement à court terme et se retrancher derrière une réglementation mal faite
pour échapper à leurs obligations environnementales. D'où la nécessité que les
réglementations se focalisent sur les résultats, et que certaines compagnies ne
puissent exciper de leur bonne entente avec les régulateurs pour échapper à
d'éventuelles poursuites en cas de manquements. Ces craintes là, compte tenu de
certaines dérives oligarchiques de nos sociétés, sont légitimes. Mais elles sont
un problème institutionnel, pas un problème technique lié à la fracturation des
schistes proprement dite.
Il faut savoir que les couches de gaz de schistes sont situées plusieurs
centaines, voire plusieurs milliers de mètres en dessous des aquifères, et
qu'une partie des couches situées au-dessus des poches de gaz sont généralement
imperméables, sans quoi la poche de gaz n'aurait pu se former. Il est donc
infiniment peu probable que des contaminations puissent se produire par remontée
capillaire des gaz ou des produits de fracturation.
Et dans tous les cas, ces contaminations, déjà rares, ne seront pas la norme.
Les technologies progressent, et rien n'interdit aux services de contrôle
environnemental de surveiller la qualité des nappes proches des puits et de
fermer d'urgence un puits si le moindre risque de contamination apparait.
Les compagnies qui extraient le gaz d'un puits auront à coeur de ne pas avoir à
payer trop souvent 4 millions de dommages à des riverains, car la rentabilité du
puits concerné se trouvera alors réduite à néant. Il est donc probable que des
incidents tels que ceux de Dimmock provoquent une amélioration des processus de
sécurisation des forages, et rien n'interdit, là encore, des services compétents
d'exercer un contrôle.
D'une façon générale, les USA exploitent les gaz de schistes depuis plusieurs
années, et les rares incidents qui se sont produits n'ont pas provoqué de
catastrophe sanitaire ou écologique, et ont donné lieu, comme il se doit, à des
réparations assorties de dommages.
Interdire l'exploitation des gaz de schistes, une hérésie économique
L'interdiction d'exploitation que projettent les députés français, dans ces
conditions, apparait comme une sur-réaction fondée sur la peur et non sur la
science, qui aboutirait, si la loi était votée, et elle devrait l'être, à
stériliser dans notre sol une richesse immense, richesse qui nous permettrait,
en outre, de nous affranchir d'importations de certains pays avec lesquels se
trouver en situation de dépendance énergétique n'est pas réellement confortable.
Barricader l'accès à 400 milliards de richesses par peur d'incidents rares dont
les coûts se chiffreraient, s'ils se produisaient, au pire, en millions, voilà
bien la preuve de la faillite intellectuelle et morale de nos élites. Le
raisonnement est aussi stupide que si le gouvernement prétendait nous interdire
de prendre une automobile parce qu'il y a 4000 morts par an sur les routes.
Continuons à importer le gaz sous le contrôle de MM. Poutine et consorts,
puisque dépendre de ce régime primesautier et très à cheval sur les droits de
l'homme pour notre approvisionnement énergétique est sans doute bien moins
risqué que l'usage des dernières technologies de fracturation en cours de
développement, si j'ai bien compris...
Les promoteurs politiques de l'interdiction, les éco-activistes de la
régression, agissent une fois de plus de façon criminelle en la matière,
utilisant tour à tour mensonge, déformations, et intimidations si nécessaires
pour tenter de faire taire les opinions de bon sens.
La propriété, solution de bon sens
Ceci dit, la législation minière française et l'organisation sociale de notre
pays donnent un sérieux coup de main à ces malfaisants, pour leur permettre de
recruter des légions d'opposants à bon compte.
En effet, comme le souligne Max Falque, aux USA, les
propriétaires du sol sont aussi propriétaires du sous-sol, et les propriétaires
fonciers bénéficient donc, par la perception de loyers, des produits financiers
de l'extraction des richesses du sous-sol, laquelle est souvent opérée par des
petites entreprises, des "wildcatters", et pas uniquement par des géants côtés
en bourse. Par conséquent, les propriétaires sont en position de force pour
imposer des résultats environnementaux respectueux des aquifères aux
Wildcatters. En cas de dégâts comme à Dimmock, la justice peut facilement
évaluer les torts et imposer, en outre de la juste réparation, des dommages
punitifs. Enfin, tout porte à croire que l'impact paysager des puits sera
fortement diminué dans les années à venir, parce que la préservation paysagère
est devenue une revendication puissante des propriétaires de terrains pour
autoriser les wildcatters à opérer.
En France, rien de tout cela. L'état donne des permis d'exploiter, de préférence
à des grandes entreprises amies, car la bureaucratie française n'est guère
avenante vis à vis des petits intervenants du secteur. Ces grandes entreprises
feront tout, en cas de problème, pour jouer sur leurs connexions avec l'état
pour s'exonérer de leurs fautes, et cela, les riverains ne le savent que trop
bien. L'état touche directement les royalties d'exploitation, et la réforme de
la taxe professionnelle, certes fort souhaitable, n'en a pas moins comme effet
collatéral de couper tout lien entre une implantation industrielle et le budget
de la collectivité voisine. Or, dieu sait que les perspectives offertes par les
recettes d'une centrale nucléaire ont beaucoup fait pour aplanir les oppositions
parfois violentes des activistes les plus virulents.
Les propriétaires voisins des forages de gaz de schistes en subiront tous les
inconvénients, réels (vue sur les derricks, activité bruyante) ou supputés
(risques phréatiques), sans aucun avantage : pourquoi accepteraient-ils que ces
forages aient lieu à côté de chez eux ?
Il va de soit que rendre la propriété du sous-sol aux propriétaires du sol, et
laisser aux associations de propriétaires fonciers le soin de gérer les
relations contractuelles et conflictuelles le cas échéant avec les exploitants
gaziers, et redonner confiance dans l'impartialité d'une justice dont nombre de
français doutent, parfois à juste titre, en coupant les liens entre grands
groupes et état, améliorerait considérablement l'acceptabilité des forages de
gaz de schistes, et serait de nature à en accélérer grandement la fiabilisation
complète.
Dans ce domaine comme dans bien d'autres, la primauté du droit de propriété sur
les jeux politiques est plus que jamais une nécessité.
Que faire à court terme ?
A court terme, un tel changement paradigmatique du droit du sol ne se produira
pas en France. Or, c'est le 10 mai que des décisions importantes et lourdes de
conséquence doivent être examinées.
Les pouvoirs publics ne doivent pas céder à la manipulation des activistes. Des
forages exploratoires visant à estimer la taille précise des gisements et à
évaluer la composition et l'épaisseur des couches séparant les schistes gaziers
des aquifères, et leur imperméabilité, doivent pouvoir être conduits dès à
présent.
Quant à l'exploitation, qui ne commencera pas dès demain, pourquoi ne pas
demander à l'académie des sciences de conduire un travail de synthèse de 6 mois
visant à faire un état des lieux objectif de l'état de la technologie, et à
établir un cahier de recommandations visant à réduire au maximum les risques
environnementaux imputés aux techniques de fracturation hydraulique ? Ces
recommandations, issues d'un organe à la légitimité scientifique peu contestable
et à la composition suffisamment diverse pour que son indépendance soit
garantie, viseraient à la fois les caractéristiques minimales du substratum
révélées par le forage exploratoire pour autoriser l'exploitation, ainsi que les
spécifications en matière de protection des tuyaux de forage et de composition
chimique des solutions de fracturation.
Les éventuelles taxes minières auxquelles les exploitants ne manqueraient pas
d'être assujettis (on est en France, tout de même) devraient être perçues par
les communes concernées, ce qui recréerait un lien entre l'exploitation du gaz
et le bassin de vie concerné.
Enfin, il conviendrait de rappeler, quand bien même cela ne devrait pas être
nécessaire si notre construction juridique avait bien vieilli, que même si un
forage respecte des normes législatives, cela n'exonère en rien les foreurs
d'assumer les coûts des réparations éventuelles aux riverains si un préjudice
environnemental venait à se matérialiser.
Voilà qui serait plus constructif que l'application pavlovienne de
l'insoutenable principe de couardise, pardon, de précaution, que l'on prétend
nous imposer le 10 mai prochain, au mépris de toute forme de bon sens.