L’Afrique, ces derniers temps, a été à « la une » dans le registre des
guerres civiles (Tunisie, Egypte, Libye, Mali) et des conflits religieux (lutte
contre l’islamisme avec prise d’otages au Cameroun ou au Nigeria).
Ces
événements douloureux ne devraient pas néanmoins nous faire oublier les progrès
réalisés sur ce continent depuis quelques années.
Notons, pour commencer,
que la croissance dans l’Afrique subsaharienne dépasse actuellement les 6%
(depuis 2003, le taux de croissance s’est maintenu entre 5% et 7%). Dans la
décade passée, 6 des 10 pays en développement le plus rapide appartenaient à
l’Afrique (en 2012, 5 Etats africains ont dépassé le rythme élevé de la
Chine !).
En termes démographiques, l’Afrique qui comptait 900 millions
d’habitants en 2000(1) devrait atteindre 2 milliards en 2050, alors que dans le
même temps l’Europe aura vu sa population baisser de 10%. Un Africain sur deux a
moins de 19 ans. On estime, par ailleurs, que la classe moyenne africaine,
s’élèvera à 250 millions, dès 2030, ce qui représentera un marché potentiel de
1800 milliards de dollars par an de dépenses (à comparer avec les 1400 milliards
que dépense actuellement la classe moyenne chinoise). Pour l’instant, le revenu
par habitant n’a pas beaucoup augmenté depuis 1980(2) , en raison de l’essor
démographique ; mais si le taux de croissance économique se maintient au dessus
de 5% , le niveau de vie va progresser plus rapidement que pendant les 50 années
précédentes. En outre, l’urbanisation s’est accélérée : plus de 45% de la
population vit désormais dans les villes, ce qui est favorable au développement
d’une classe moyenne consommatrice(3) .
En ce qui concerne les autres
données économiques, on notera une baisse progressive du taux d’inflation moyen
(en dessous de 8% depuis 2011) et une dette publique en diminution rapide : de
90% du PIB en 1998 à 38% en 2012, grâce, en partie, à des remises de dettes, à
l’aide au développement et aux entrées de capitaux (plus de 50 milliards par an,
rien que pour l’Afrique subsaharienne). Mentionnons également la richesse
potentielle du continent : 9% des réserves de pétrole, 8% des réserves de gaz et
30% des gisements de métaux.
Bien sûr, il ne faut pas oublier les
handicaps de l’Afrique, à commencer par la corruption, largement répandue ;
selon un rapport de la Banque Mondiale(4), la prévarication liée aux services
publics, tels que l’électricité, l’eau et le téléphone atteindrait environ 6
milliards de dollars par an (soit plus de 1% du PIB africain). On peut rajouter
le contexte sanitaire médiocre (épidémies de SIDA ou de malaria, par exemple) et
un taux de chômage extrêmement élevé (270 millions sans travail pour l’ensemble
du continent (5)) ; en outre, il faudra accueillir de nouveaux travailleurs
potentiels (110 millions entre 2013 et 2050 !) et donc créer de nouveaux
emplois. Enfin, le système éducatif est relativement inefficace et les
inégalités entre classes sociales tendent à s’accroître.
Dans ce contexte
globalement positif, on ne sera pas étonné de constater l’intérêt pour
l’Afrique, désormais largement démontré, par certains pays tels que la Chine,
l’Inde ou les pays du Moyen-Orient. Ainsi, la Chine est devenue le premier
partenaire commercial de l’Afrique (les échanges dans les deux sens ont été
multipliés par 4 en 7 ans(6)). 80% des achats chinois portent sur des matières
premières (pétrole, fer, manganèse, cuivre). De même, les investissements
chinois en Afrique progressent rapidement (achat de mines, de terres agricoles,
établissement de « comptoirs ») et atteignent désormais 20 milliards de dollars.
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