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Rien de tel que d'avoir froid dans le dos par ce temps de canicule...
De mieux en mieux, et c'est tojours pour votre bien, bien-sûr.
Vous verrez avec ce temps de canicule, c'est fort rafraichissant. Attention toutefois à ne pas tomber de votre chaise à l'écoute...
Le loup est dans la bergerie et il pourrait faire au final de gros dégâts des niveaux très multiples...
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Podcast du Samedi 27 avril 2019 par Jacques Monin , Cellule investigation de Radio France
SECRETS D'INFOS : "Palantir, cheval de Troie du renseignement américain ?
Podcast de 38 minutes
https://www.franceinter.fr/emissions/secrets-d-info/secrets-d-info-27-avril-2019
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Le big data constitue aujourd’hui "le pétrole" des services de renseignements. Depuis 2016, une société américaine liée à la CIA, Palantir, travaille pour le renseignement intérieur français, la DGSI. Y a-t-il un risque de fuite de données ? Enquête sur l’une des start-up les plus puissantes du monde.
23 mai 2018. Une cinquantaine de patrons de géants du numérique sont invités par le chef de l’État, Emmanuel Macron, lors d’une réunion baptisée Tech for good.
Parmi eux, un homme aux cheveux en bataille : Alexander Karp, le PDG de Palantir. Cette start-up, fondée en 2004, est peu connue du grand public. Elle est pourtant devenue l’un des leaders mondiaux du traitement massif de données. Grâce à des algorithmes, Palantir fait se croiser et analyse des milliers de données différentes.
Alexandre Karp au Palais de l'Élysée, le 23 mai 2018, lors du rendez-vous des géant du web Tech for good.
"La promesse de Palantir c'est de rendre visible ce qui est invisible à l’œil nu en moulinant des données et en leur donnant du sens, explique le journaliste à Téléréma, spécialiste du numérique, Olivier Tesquet. Par exemple, ils vont deviner les zones de famine en étudiant l'évolution du prix du pain ou permettre à des entreprises de détecter des menaces internes en identifiant les fichiers partagés sur les ordinateurs."
La boule de cristal du "Seigneur des anneaux"
Le nom de Palantir n’a rien d’innocent. Il fait référence à la pierre de vision apportée par des elfes dans le célèbre roman de Tolkien, Le Seigneur des anneaux : une boule de cristal qui permet de tout savoir.
Les principaux clients de Palantir sont les banques, les assurances, mais aussi les services de renseignement, particulièrement intéressés par la puissance de ces algorithmes. "Cette technologie permet de traiter des données produites par les compagnies aériennes ou par les entreprises de télécoms, explique Alexandre Papaemmanuel, responsable sécurité et renseignement intérieur à la société Soprasteria. On peut tracer les appels entrants et sortants, faire des graphes relationnels, savoir qui parle avec qui et quand."
Mathématiser le comportement humain
Aux États-Unis, Palantir travaille pour plusieurs agences de renseignement, comme la NSA, mais aussi le FBI, certains secrétariats d’État comme la Défense ou la Justice, ou encore plusieurs polices locales, notamment à Los Angeles ou à la Nouvelle-Orléans.
La "police prédictive" est un marché en pleine expansion dans lequel est également actif une autre société baptisée Prédpol. "Derrière ces sociétés, il y a l'idée qu'on pourrait mathématiser les comportements humains grâce aux données, analyse Philippe Vion-Dury, auteur du livre La nouvelle servitude volontaire. C’est ce qu’on appelle du machine learning. On retrouve les mêmes techniques chez Google, Facebook, ou Youtube. Cela répond à un certain esprit de la Silicon Valley qui pense pouvoir réduire les grands problèmes sociaux et comportementaux de l'humanité à des équations."
Faut-il avoir peur des services de renseignement ?
La technologie de Palantir a également été utilisée par le Consortium international de journalistes d’investigation, l’ICIJ, dont Radio France est partenaire.
En revanche, plusieurs grosses entreprises comme Coca-Cola ou American Express ont préféré se passer de ses services, notamment en raison d'un coût trop élevé.
PayPal, "laboratoire" de Palantir
Derrière Palantir, il y a un homme : Peter Thiel. Ce "petit génie" de la Silicon Valley (qui a investi très tôt dans Facebook) est un libertarien qui prône le rétrécissement du rôle de l’État.
L’homme a aussi "la folie des grandeurs" : il veut repousser l’âge de la mort et finance des projets de cités flottantes dans les eaux internationales, hors de la souveraineté des États.
Peter Thiel s’est fait connaître en investissant avec Elon Musk, dans une autre société qui a beaucoup fait parler d’elle : PayPal, un système de paiement en ligne. "Palantir se trouvait déjà en germe à l'intérieur de PayPal, souligne l’expert en cyber sécurité, Fabrice Epelboin. À l'époque, PayPal a gagné contre les banques, en s’attaquant à la fraude d’une manière très originale. Là où les banques, ses concurrents de l'époque, s'attaquaient à la fraude avec des systèmes automatisés, PayPal a introduit des opérateurs humains manipulant ces données avec des interfaces graphiques."
Le monde selon Palantir
Le siège de Palantir est situé à Palo Alto, en Californie, au cœur de la Silicon Valley. La start-up pèse aujourd’hui 20 milliards de dollars et se veut incontournable dans de multiples secteurs d’activités.
Son patron Peter Thiel est convaincu que Palantir va régler tous les problèmes de la planète, comme il l’écrit dans son livre De zéro à un. Comment construire le futur, paru en France en 2017 :
"En plus d’aider à repérer des terroristes, écrit Peter Thiel, les analystes utilisant le logiciel de Palantir ont été en mesure de prédire là où des insurgés installent des engins explosifs improvisés en Afghanistan, de permettre d’instruire des dossiers de délits d’initiés de grande ampleur, de démanteler des réseaux de pornographie infantile partout dans le monde, de soutenir les centres américains de contrôle et de prévention des maladies dans la lutte contre les épidémies d’origine alimentaire et de faire économiser des centaines de millions de dollars par an aux banques et au gouvernement [américain] grâce à un dispositif de détection avancée de la fraude."
Un circuit parallèle du renseignement
Palantir est également proche de la CIA. L’entreprise a été financée en partie par le fonds In-Q- Tel, lié au service de renseignements américain. "C'est la CIA qui a financé le développement de leur projet, dans toutes ces facettes, explique l’ancien directeur du renseignement à la DGSE, Alain Juillet. Comme tous les services de renseignement du monde, l'agence américaine avait besoin d'avoir le maximum d'informations dans un minimum de temps. Les méthodes de Palantir ont semblé tellement intéressantes que la CIA a dit : 'Banco, on paye, vous y allez'. Palantir a réussi à créer un outil unique au monde."
Sans qu’on sache vraiment s’il s’agit d’une légende, Palantir laisse dire qu’elle aurait permis à l’administration américaine de localiser Oussama Ben Laden. "Nous n’avons pas d’informations à dévoiler sur cette opération, écrit Peter Thiel dans son livre, mais nous pouvons affirmer qu’à eux seuls, ni l’intelligence humaine ni les ordinateurs ne seront en mesure d’assurer notre sécurité."
Contrairement à la plupart des patrons de la Sillicon Valley, Peter Thiel est un proche de l’administration Trump.
Donald Trump et Peter Thiel, le fondateur de Palantir, le 14 décembre 2016 à la Trump Tower, lors d'une rencontre entre le Président-élu et les patrons des entreprises de technologies américaines.
Donald Trump et Peter Thiel, le fondateur de Palantir, le 14 décembre 2016 à la Trump Tower, lors d'une rencontre entre le Président-élu et les patrons des entreprises de technologies américaines. © AFP / DREW ANGERER / GETTY IMAGES NORTH AMERICA
Il est devenu le conseiller numérique de l’actuel président américain. "Dans l'Amérique de Trump qui développe une défiance quasi-pathologique vis-à-vis des services de renseignement, Peter Thiel conseille à Trump de ne plus se fier à des services secrets qui ne seraient pas loyaux, commente le journaliste Olivier Tesquet. Comme si Palantir devenait une espèce de circuit bis du renseignement."
Les codes du jeu vidéo
Depuis sa création, Palantir a cherché à plusieurs reprises à décrocher des marchés en France. "Il y a dix ans, des équipes de Palantir sont venues chez moi en m’expliquant qu’il y avait des marchés publics qui les intéressaient, notamment avec la Direction générale des finances publiques, témoigne le vice-président du Conseil national du numérique, Gilles Babinet. Elles m’ont fait une démonstration. Leur technologie était impressionnante. Ils avaient rendus simples des choses complexes, en utilisant les codes du jeu vidéo."
En 2015, Palantir se porte candidat sur deux appels d’offres publics, notamment sur le traitement des données fiscales. "Je me suis ému de cette situation, se souvient la sénatrice UDI Catherine Morin-Desailly, spécialiste des questions numériques. J’ai alerté sur le fait qu’on ne pouvait pas confier la gestion de ces données ultra-sensibles à une entreprise américaine qui n'applique pas les mêmes règles que nous.»
Un contrat dans l’urgence
Finalement, Palantir ne sera pas retenue sur ces marchés publics.
Mais en mai 2016, la start-up de Peter Thiel et Alex Karp décroche un contrat de 10 millions d’euros auprès du renseignement intérieur français, la DGSI (Direction générale de la sécurité intérieure). "Nous étions après les attentats de 2015, rappelle Guillaume Farde de la société Risk and Co. Dans un contexte de menace extrêmement élevée, nos services avaient besoin, dans l’urgence, de capacités techniques de renseignement. Mais il n'y avait pas d'opérateur national capable de répondre à cette demande. Les services de renseignement n’avaient pas le choix."
En réalité, la DGSI a eu le choix entre un fournisseur américain et un israélien. C’est l’option américaine qui l’a emporté. "Nous ne manquons pas de données, ni de métadonnées, mais nous manquons de systèmes pour les analyser, déclare le patron de la DGSI, Patrick Calvar, devant la Commission de la défense de l’Assemblée nationale, le 10 mai 2016. Les entreprises françaises qui développent des systèmes ne sont pas encore capables de répondre à nos besoins, alors que nous devons acquérir ce big data immédiatement. Nos camarades européens sont dans la même situation."
À l’époque, le directeur de la DGSI parle de "solution temporaire".
"Un risque majeur pour le renseignement"
"Peut-on avoir complètement confiance dans le fait que les informations qui vont être traitées par Palantir ne vont pas fuiter vers les États-Unis ?, s’interroge Serge Abiteboul, membre du collège de l’Arcep, l’autorité de régulation des communications électroniques. Le fait que cette société soit proche des services secrets américains pose question."
Autrement dit : y a-t-il un risque de porte dérobée (back door), un peu comme un cheval de Troie qui serait caché dans le logiciel américain ?
Du côté de la DGSI, on explique que le système est "efficace et parfaitement sécurisé." Une source proche du renseignement explique que "si Palantir a bien formé des agents français à l’utilisation du logiciel, l’entreprise n’a jamais accès directement aux données."
"Au moment où nous avons passé ce contrat avec Palantir, des techniciens ont donné leur feu vert et nous ont garanti l’étanchéité du système", assure encore une source proche de la direction du renseignement, à l’époque.
"Nos services ont des capacités de cyber-défense et de contre-espionnage qui sont très développées, ajoute l’ancien conseiller du garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas, Floran Vadillo. Une porte dérobée ou un cheval de Troie serait facilement repéré. Et puis, il n'est pas dans l'intérêt commercial de Palantir d'offrir des solutions minées à ses clients. Si on apprend qu'elle participe à un détournement de données, tout son système-business s'effondre."
"À partir du moment où Palantir ne donne pas le code source de son logiciel, qui est son secret de fabrication, il y a toujours le risque qu'une porte dérobée soit mise en œuvre et qu’elle recrache des données essentielles, sans contrôle, estime, en revanche, le représentant français des questions numériques auprès de la Commission européenne, Gilles Babinet. C'est un risque majeur pour le renseignement."
Un comité d’éthique payé par Palantir
Palantir n’a pas répondu à nos demandes d’interview mais l’entreprise assure qu’elle respecte l’éthique et la confidentialité des échanges. "Cela nous arrive souvent de refuser de gros clients qui pourraient nous faire gagner des millions parce que l'on considère que nos valeurs ne sont pas alignées avec les leurs, déclare le représentant français de Palantir, Gautier Cloix lors d’un colloque sur le big data, en avril 2016. Nos valeurs, c'est une culture tournée vers l'impact. Ce qui nous motive tous, en tant que 'palantiriens', ce qui est à la base de nos contrats, c'est l'impact que l'on peut avoir."
"Palantir m’a assuré qu’elle avait intégré dans l’architecture de son système des mécanismes protégeant la vie privée et la confidentialité des échanges, rapporte le journaliste Olivier Tesquet qui a enquêté sur la start-up américaine. Ils m’ont aussi expliqué qu’ils avaient un comité d’éthique, composé de chercheurs et de professeurs de droit… mais ils sont tous rémunérés par Palantir !"
Nuages noirs sur le cloud
Palantir travaille également pour l’avionneur Airbus, un concurrent de l’américain Boeing.
Là encore, on peut s’interroger sur les risques pris par l’un des fleurons de l’industrie européenne, étant donné la proximité de Palantir avec le renseignement américain. "Ils ont cinq ans d'avance sur la concurrence, déclarait au magazine Challenges Marc Fontaine, directeur de la transformation digitale d’Airbus. Leurs logiciels permettent d'harmoniser très rapidement des bases de données hétérogènes. Le tout avec un haut niveau de sécurité : chaque donnée affiche elle-même sa propre traçabilité, avec des droits d'accès différenciés en fonction des publics."
"Cette situation est hallucinante. Qu’est ce qui va se passer si Boeing récupère des données pour mieux concurrencer Airbus sur un appel d’offre ?", se demande Benjamin Sonntag cofondateur de La Quadrature du net.
La situation est d’autant plus délicate que depuis avril 2018, les Américains ont mis en place un nouveau dispositif : le Cloud act (Clarifying Lawful Overseas Use of data Act). Cette loi oblige désormais les entreprises américaines à fournir leurs données à l’administration américaine… y compris en dehors du territoire américain.
Par ailleurs, certains clients de Palantir comme la police de New-York ont récemment engagé un bras de fer avec la société américaine pour récupérer des données que Palantir considère comme sa "propriété intellectuelle"...
Le témoignage d’un lanceur d’alerte
L’ombre de Palantir apparait également en marge de l’affaire Cambridge Analytica, cette société britannique qui a siphonné les données personnelles de millions d’utilisateurs de Facebook au service de la campagne de Donald Trump.
En mars dernier, un lanceur d’alerte, Christopher Wylie a témoigné devant les parlementaires britanniques, en citant Palantir (à 1h23) :
"L’un des tous premiers e-mails que j’ai reçu me demandait ce que je savais au sujet d’une société appelée Palantir, déclare Christopher Wylie. Quand je suis arrivé, la première question a été : 'Est-ce qu’on peut faire quelque chose avec Palantir ? Qu’est-ce que vous en pensez ?' Nous avons eu plusieurs réunions avec Palantir, où j’étais moi aussi présent. Il y avait du personnel de haut niveau qui travaillait sur les données de Facebook. Il ne s’agissait pas d’un contrat officiel entre Palantir et Cambridge Analytica. Mais il y avait bien des employés de Palantir qui venaient dans nos bureaux et travaillaient sur les données."
De son côté, Palantir dément tout lien avec Cambridge Analytica. "On voit bien désormais que Palantir a travaillé pour Cambridge Analytica, s’insurge Catherine Morin-Desailly. Nous sommes au cœur du cyclone. Il ne faut pas être naïf et être très vigilant. Car nous sommes en perte de souveraineté numérique."
La sénatrice UDI vient de remettre un rapport intitulée "Prendre en main notre destin numérique : l’urgence de la formation".
"Une guerre de la donnée"
Pour l’instant, il n’y a pas encore de véritable alternative française ou européenne à la technologie de Palantir. "Il y a eu une prise de conscience", estime Alexandre Papaemmanuel de la société SopraStéria, qui travaille avec la Direction générale de l’armement dans un projet de traitement massif de données baptisé Artémis. "Le mot 'souveraineté numérique' apparait dans la revue stratégique pour la défense et la sécurité nationale ainsi que dans la loi de programmation militaire. Il y a une volonté d'autonomie, et même de coopération au niveau européen. Si on ne veut pas perdre la guerre de la donnée, il ne faut pas rater ce virage-là."
De son côté, la gendarmerie française a développé son propre algorithme, dans le cadre d’un programme d’"aide à l’analyse décisionnelle" dans la lutte contre la délinquance. "Nous avons eu des offres de services de sociétés américaines comme IBM, explique le colonel Laurent Collorig, chef de la division du renseignement de la gendarmerie nationale. Mais nous avons fait le choix de garder la main sur notre logiciel, avec nos ingénieurs, programmateurs et 'data scientists'."
Ce logiciel d’"analyse prédictive de la délinquance" (qui n’utilise aucune donnée personnelle) a été testé dans onze départements français avant d’être élargi à l’ensemble du territoire en septembre 2018. "En quelques clics, on accède à une carte de France avec des zones de chaleur qui correspondent à des cambriolages, explique le colonel Collorig. Plus c'est rouge, plus c'est risqué. À l'aide de cet outil, le décideur opérationnel organise ses patrouilles, et occupe le terrain pour dissuader toute commission d'infraction."
Sur cette carte, l'algorithme utilisé par la gendarmerie française détecte les zones de cambriolages à risques, au quartier près.
Vers un Palantir français ?
Face à cette situation, certaines sociétés françaises aimeraient bien se poser en concurrentes de Palantir, comme Flaminem.
Cette start-up, dirigée par Guillaume Prunier, un ancien conseiller d’Emmanuel Macron à Bercy, compte notamment dans son conseil d’administration l’ancien patron de la Société générale Daniel Bouton ou l’ex-chef d’état-major des armées sous Nicolas Sarkozy, Edouard Guillaud. "C'est l'agrégation de toute une série de briques technologiques qui va constituer un système de type Palantir, explique Alain Juillet, présent lui aussi au conseil d’administration de Flaminem. C'est un travail qui prend du temps. Avec les progrès techniques et la qualité de nos spécialistes, nous serons capables de faire comme Palantir d’ici cinq ans."
Mais la route vers une possible souveraineté numérique est encore longue. Depuis 2008, un contrat lie l’armée française… à Microsoft.
Morpho, coqueluche du FBI
Le cas de l’entreprise Morpho est également emblématique de cette bataille sur le terrain des algorithmes.
Cette start-up française créée au début des années 1980, avec le soutien de la Caisse des dépôts (donc de l’État) s’est spécialisée dans l’analyse des empreintes digitales et la biométrie grâce à ses algorithmes.
Dans les années 2000, Morpho décroche de nombreux appels d’offre auprès de polices américaines… et même du FBI ! "Nous sommes devenu la coqueluche des polices américaines, se souvient Bernard Didier, le fondateur de Morpho. Nous avions les meilleures performances par rapport à nos concurrents. Nous avons même résolu des cold cases [des affaires non classées]."
L’entreprise a aussi été critiquée pour son intervention comme opérateur technique dans l’organisation de scrutins en Afrique.
Morpho est devenue une filiale du groupe Safran, avant d’être cédée en mai 2017 à un fonds américain, Advent international, avec le feu vert de Bercy. "C’est un savoir-faire français dans un secteur stratégique qui est parti l’étranger, déplore le député LR, Olivier Marleix, président de la Commission d’enquête sur les décisions de l’État en matière de politique industrielle. Ce n’est pas aux banques d’affaires de faire ou de défaire la politique industrielle de notre pays."
"La décision a été plus technique et financière que politique, estime Bernard Didier. Safran a fait une bonne affaire. C’est l’aspect financier qui l’a emporté. Mais l’objectif d’Advent est à court terme. Ce fonds veut tailler dans les coûts, dégager des résultats et revendre. J’aurais préféré un choix industriel européen."
A contrario, en décembre 2017, le géant français de l’électronique de défense, Thalès, a racheté le roi de la carte à puces, Gemalto.
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Les sbires du magic BCE circus préparent activement leur journée de deuil national pour célébrer la sortie de piste leur chef vénéré Mario Badmoney
On peut être certains qu'il aura droit à un lot témoin des palettes de billets imprimés durant son mandat. Gageons que cela ne se passe pas comme dernièrement en Australie, où les instances monétaires du pays ont imprimés quelques 46 millions de billets $ avec une faute grossière d'orthographe (assurément un coup de Gogole traduction!...) faisant ainsi passer les faussaires en monnaies pour des rigolos de sévices. l'histoire ne dit pas pour l'instant si les faussaires envisage de contrefaire les billets avec la faute, ce qui serait avouons-le une première en soi !
Délectons nous donc des fastes monétaires qui suivent dans un monde peu enclin à croiser des gilets jaunes dans les couloirs et aux bornes de taxi...
Avant de changer de capitaine, la BCE en plein débat sur son cap
AFP | Actualité publiée le 24/05/19 09:28
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Notons que "Fruit de tractations politiques, la prochaine présidence de la Banque centrale européenne se jouera dans la foulée du scrutin continental de dimanche. Mais le choix du capitaine s'accompagne d'un débat complexe: à quoi doit désormais servir la BCE?
"Bon courage pour succéder" à l'Italien Mario Draghi, 71 ans, qui passera la main fin octobre après huit ans d'un mandat scandé par les crises à la tête de l'institution francfortoise, soulignait récemment une source européenne.
De tous les postes clés au sein de l'UE, que les Etats-membres commenceront à se répartir lors d'un sommet mardi à Bruxelles, "c'est celui qui a le plus de pouvoir", insistait le même interlocuteur.
Cité parmi les candidats à la succession de M. Draghi, Olli Rehn, gouverneur de la Banque de Finlande, réclamait en mars "un examen complet des principes directeurs, des hypothèses clés et des outils" de la BCE, pour refléter les bouleversements économiques depuis la crise de 2008.
De fait, l'institution francfortoise "pourrait marcher dans les pas de la Réserve fédérale américaine (Fed), qui mène actuellement une revue de sa politique monétaire et de ses instruments", renchérit auprès de l'AFP Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management.
- Objectif manqué -
La dernière révision de la stratégie de la BCE remonte à 2003: l'objectif de "stabilité des prix" avait été défini par l'atteinte à moyen terme d'une inflation légèrement inférieure à 2%, niveau censé favoriser l'investissement et l'emploi.
Le siège de la Banque centrale européenne (BCE), le 13 septembre 2018 à Francfort en Allemagne (AFP/Archives/Daniel ROLAND)
Depuis, la crise financière puis celle des dettes souveraines ont révélé Mario Draghi en pompier de la zone euro, assurant en 2012 que son institution ferait "tout pour sauver" la monnaie unique en dégainant des instruments inédits.
Mais la BCE a très souvent manqué depuis 6 ans son objectif d'inflation, bien qu'elle ait descendu ses taux à leur plancher historique et déversé des tombereaux de liquidités sur les marchés en rachetant de la dette.
"Un nouveau président aura l'occasion de lancer un débat" sur la politique monétaire, cible "de nombreuses critiques" ces dernières années, rappelle Paul de Grauwe, professeur à la London School of Economics.
Les pays les plus riches de l'union monétaire, à commencer par l'Allemagne, ont régulièrement accusé l'institut de pénaliser les épargnants et de favoriser la formation de bulles financière ou immobilière.
Plus largement, "dans un monde toujours plus globalisé", la BCE voit les ressorts de l'inflation lui échapper, au point que "se focaliser" sur ce seul critère apparaît discutable, estime Marcel Fratzscher, président de l'institut économique berlinois DIW.
- Chasseuse de bulles -
La montée des services au détriment de l'industrie, avec sa concurrence féroce et ses salaires modestes, tend elle aussi à freiner la hausse des prix, observait récemment Benoît Coeuré, membre du directoire de la BCE.
Pour l'avenir, "veut-on aller vers une stratégie duale fondée sur l'atteinte de niveaux de prix et d'emploi, à la façon de la Réserve fédérale américaine ?", s'interroge M. Fratzscher.
Parmi les suggestions des spécialistes figure un ciblage "flexible" de l'inflation, pour atteindre le niveau visé graduellement, ou un double objectif portant à la fois sur "la croissance réelle et l'inflation", selon M. Dor.
La BCE pourrait aussi se charger de prévenir les bulles financières et superviser les fonds spéculatifs, à l'instar de celle des banques depuis 2014, ou agir sur une gamme élargie de taux d'intérêt, comme la Banque du Japon.
Mais pour M. De Grauwe, au-delà du débat académique, toute refonte de la stratégie monétaire en zone euro "sera déterminée par les circonstances économiques et des marchés".
Aussi, faute de pouvoir remonter à elle seule l'inflation, la BCE devrait voir son action complétée "par une politique budgétaire des Etats plus expansionniste", préconise-t-il, renvoyant la balle dans le camp des dirigeants européens.
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à suivre donc !....
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Et on comprend pourquoi :)
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Petites et grandes magouilles consistant à faire croire que les salaires augmentent....
ou comment les mauvaises surprises des réductions d'impôts de Donald Trump servent à masquer une confiscation supplémentaire de la richesse créée...
L'Amérique a 2 vitesses : une pour les riches, une pour les autres... Et les mécréants et les péones de la croissance américaine pipeau, basé sur une hausse colossale de la dette par réduction de l'imposition des bénéfices des entreprises ne profitent de rien du tout. Non seulement, le salaire horaire moyen n'augmente quasi pas, mais de plus, ils viennent amèrement de constaté que leur cher président les arnaquent un peu plus au portefeuille...
Il est vrai que le canard à trompette national est plus préoccupé à satisfaire ses amis électeurs du KKK et du lobby pro armes en obtenant grâce à la préssion du Shut-doown de quoi réaliser encore 90 km de mur à la fontière avec le Mexique.
Vous aller voir au dessus comment on se débrouille pour faire avaler les couleuvres indigestes aux mécréantes classes moyennes et aux péones de la croissance... Tout ce qu'il faut espérer maintenant, c'est que ça n'arrivera pas en France...
Quelle merveilleuse invention du XXIème siècle, ce Bonneto fiscal... Je te prends 2 grosses poignées et je t'entendrais une demi, à toi de trouver dans quelle main!...
Notons que :
De nombreux contribuables américains ont eu la mauvaise surprise de découvrir que leurs remboursements d'impôts ne sont pas aussi replets que le leur avait promis Donald Trump en faisant voter "la plus grosse réduction d'impôts de l'histoire".
Des milliers d'entre eux ont ces derniers jours déversé leur mécontentement sur Twitter autour de hashtags comme #GOPTaxscam ("#arnaquefiscaleduPartiRépublicain"), certains menaçant même de ne plus voter pour Donald Trump.
"Le pire remboursement d'impôts jamais vu depuis dix ans! J'ai voté pour @realDonaldTrump mais il vient officiellement de perdre ma voix pour 2020", lance une électrice.
Aux Etats-Unis, où l'impôt est retenu à la source, les contribuables aiment avoir recours à une forme d'épargne forcée en déclarant moins de parts ou de déductions, ce qui entraîne une rémunération mensuelle un peu plus faible mais une jolie somme de trop-perçu à la fin de l'année. Ce remboursement est versé entre février et mi-avril de l'année suivante.
Pas moins de trois quarts des quelque 130 millions de foyers fiscaux américains choisissent cette formule, attendant chaque année le fameux "refund" qui leur permet de faire un achat important ou de rembourser des emprunts.
Mais les règles ont changé avec la réforme de décembre 2017 du code fiscal par Donald Trump, censée bénéficier à la classe moyenne.
- Confusion -
"Le remboursement est inférieur à ce que les contribuables attendaient, mais ce n'est pas la même chose que la somme dont ils sont redevables. Les gens ont tendance à confondre les deux", explique à l'AFP Mark Mazur, ancien secrétaire adjoint au Trésor de l'administration Obama.
"Certains ont, dans un sens, déjà touché leur réduction d'impôts sous forme d'une augmentation sur leur fiche de paie", qu'ils ont à peine remarquée, ajoute-t-il.
L'IRS, ou fisc américain, a reconnu qu'en ce début de saison des déclarations d'impôts, le remboursement moyen accordé aux contribuables avait baissé de 8,4%, à 1.865 dollars au lieu de 2.035 dollars l'année dernière, selon des chiffres provisoires.
Pour d'autres, la chute est encore plus violente, certains devant allonger une forte somme en fin d'année alors qu'ils espéraient un retour.
Néanmoins, si 80% des contribuables américains vont payer moins d'impôts, 5% vont en effet en acquitter davantage. "5%, cela fait 7,5 millions de personnes, c'est beaucoup et il semble qu'ils ne soient pas contents", affirme M. Mazur, vice-président de l'Urban Institute, un centre d'études sur la politique budgétaire.
La réforme a par exemple limité les déductions du revenu imposable d'autres impôts des Etats, comme l'impôt foncier. Il en résulte que de nombreux foyers de la classe moyenne propriétaire, dans des Etats où les impôts sont importants, comme les Etats démocrates, voient leur facture fiscale s'alourdir.
"Les gens sont en colère, déçus, se sentent trahis", dit à l'AFP Neil Frankel, un comptable fiscal de New York. Il ne cache pas avec ses clients "avoir droit à de longues diatribes sur leur haine du gouvernement".
L'administration Trump aurait-elle manqué de communiquer suffisamment sur les arcanes de sa réforme? Sur la pointe des pieds durant l'année, Steven Mnuchin, secrétaire au Trésor, avait invité les contribuables à simuler leur feuille d'impôts sur un "calculateur" sur internet afin d'éventuellement modifier leurs retenues à la source.
Le Trésor en tout cas a contesté lundi sur Twitter "les informations trompeuses" sur les diminutions de "refunds", relevant qu'il est encore trop tôt dans la saison pour tirer des conclusions alors que seulement 10% des contribuables ont effectué jusqu'ici leur déclaration.
Comme le rappelle Mark Mazur, tout est dans la perception.
Quand l'administration de George W. Bush avait décidé un rabais d'impôts en 2001, elle avait envoyé un chèque à tous les contribuables et "tous s'en souviennent".
En revanche, lorsque sous Barack Obama une réduction des taxes, lissée sur les paies au cours de l'année, avait aussi été offerte, "la plupart des Américains pensaient ne pas avoir eu de ristourne d'impôts", reconnaît cet ancien de l’administration Obama. "
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Article "Les mauvaises surprises des réductions d'impôts de Donald Trump"
© 2019 AFP
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Bpifrance n'est pas prêt à sauver tous les canards boiteux malgré sa bonne santé...
Et manifestement, il semble que les dossiers soient étudiés avec soin pour éviter la gabgie financière. Pourtant, au gré des navigation sur les actionnaires des sociétés cotées : on pourra contester que la BPI est pour l'instant embourbé jusqu'au oreilles sur certaines participations tels Vallourec, Parrot,
On attendra de voir les résultats pour constater si oui ou non elle va renouveler l'exploit de publication 2018 : "Bpifrance double quasiment ses plus-values en 2017'" (article)
Pour leur voici le premier bilan de 2018....
Bpifrance: forte croissance du crédit et de l'investissement en 2018
31/01/2019 | 08:22
Notons que " La banque publique Bpifrance a vu la plupart de ses activités croître fortement en 2018, que ce soit pour les crédits accordés aux entreprises ou l'investissement direct dans celles-ci, selon un bilan présenté jeudi.
Les crédits à l'investissement ont progressé de 8,1% à 7,5 milliards d'euros tandis que le financement à court terme des entreprises a bondi de 14% à 8,7 milliards d'euros. En tout, 80'000 entreprises ont été financées.
L'investissement direct dans les PME ainsi que les entreprises de taille intermédiaire (ETI) a crû de 13% à 435 millions d'euros, alors que les achats d'actions dans les grands groupes ont été limités à 96 millions d'euros, sans montant exceptionnellement élevé comme cela avait le cas en 2017 avec une prise de participation dans le constructeur automobile PSA.
Malgré cette forte croissance, "on ne va pas sur toutes les cibles" et "on est très sensibles aux valorisations", a souligné le directeur général de Bpifrance, Nicolas Dufourcq.
Au total, l'investissement de Bpifrance s'est élevé à 2 milliards d'euros en 2018, dont près de la moitié en souscriptions dans des fonds partenaires. Les cessions d'actifs ont atteint 740 millions.
Le financement de l'innovation par des aides et des subventions a reculé de 10,2% à 1,2 milliard d'euros à cause "d'une part de la baisse des ressources financières de l'Etat reçues par Bpifrance, et d'autre part de la sélectivité des programmes nationaux, avec des exigences fortes", selon un communiqué.
Une tendance qui devrait s'inverser en 2019 grâce au plan "Deeptech" de création d'entreprises par des scientifiques et universitaires de haut vol qui va être lancé cette année, a souligné M. Dufourcq. Bpifrance va "contribuer à la création de 2000 start-up +deeptech+ en cinq ans", a-t-il estimé.
En attendant, les prêts aux entreprises innovantes ont bondi de 35% en 2018, à 442 millions d'euros.
Le segment de financement des très petites entreprises (TPE, moins de dix salariés), avec seulement 44 millions d'euros de crédits répartis sur 1000 entreprises l'an dernier, "va croître fortement" en 2019 grâce à une plateforme en ligne développée par Younited Credit, "qui va devenir un partenaire stratégique", a annoncé le directeur général de Bpifrance.
Bpifrance a prévu de porter de 5,7% à près de 15% sa participation dans cette société spécialisée dans le prêt en ligne qui dispose de l'agrément bancaire.
La plateforme doit permettre de commercialiser sur une plus grande échelle des prêts de 10'000 ou de 50'000 euros à l'intention des petites entreprises. Ils seront bonifiés par les conseils régionaux et sans collatéral ni garanties, a précisé M. Dufourcq.
La banque publique d'investissement ambitionne aussi de porter à 900 le nombre d'entreprises accompagnées en 2019, contre 500 l'an dernier, grâce à des programmes "d'accélérateurs" pour faire émerger des ETI, en ligne avec la volonté du gouvernement de rattraper le retard français dans cette catégorie de sociétés.
Enfin, M. Dufourcq considère comme "hyper-prioritaires" les prises de participation dans les groupes d'enseignement privé. A propos du groupe Inseec, actuellement à vendre, il a précisé que Bpifrance garderait ses parts.
Publication de résultat annuel donc à suivre !
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Podscast "AFFAIRES SENSIBLES " : "Lafarge en Syrie : ciment, bakchichs et terrorisme"
https://www.franceinter.fr/emissions/affaires-sensibles/affaires-sensibles-17-decembre-2018
https://www.franceinter.fr/emissions/secrets-d-info/secrets-d-info-14-octobre-2017
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L'usine de ciment Lafarge reste en Syrie durant la guerre et paye des bakchichs à des groupes armés. La France était-elle au courant ?
Enquête de Benoît Collombat et Elodie Guéguen
Lafarge-Holcim est le leader mondial des matériaux de construction. Son chiffre d'affaires s'élève à plus de 13 milliards d’euros. Lafarge, c'est aussi 63 000 collaborateurs et plus de 1600 sites de production dans le monde.
Lafarge en Syrie : du ciment coûte que coûte
En 2008, le groupe achète une usine dans la commune de Jalabiya, proche de la ville de Raqqa, qui deviendra le fief de l’Etat islamique. En 2011, la guerre civile éclate en Syrie. Total, Air liquide et les fromageries Bel quittent le pays. En 2012, il ne reste qu’une seule multinationale : Lafarge, qui fait vivre près de 5000 personnes.
Pourquoi Lafarge reste en Syrie, malgré la guerre civile ?
Le groupe a beaucoup investi dans cette cimenterie et ses dirigeants ne veulent pas abandonner leur usine flambant neuve. Mais Lafarge pense surtout à la suite : la reconstruction du pays. C’est ce qu'affirme Bruno Pescheux, directeur général de Lafarge Syrie, entendu par les douaniers le 3 février 2017 : "On pensait que, quand tout serait fini, il y aurait au moins une cimenterie qui pourrait fournir du ciment pour reconstruire la Syrie."
Pour franchir certaines zones, Lafarge doit accepter de payer les milices. "On était dans une économie de racket, avec des groupes armés, alors que nous n’avions pas d’armes", explique aux enquêteurs le directeur général adjoint du groupe, Christian Herrault.
Soit on acceptait le racket, soit on partait et on organisait le repli.
Pour gérer cette situation, le groupe recrute Firas Tlass, le fils d’un haut dignitaire syrien. Cet homme d’affaires a ses entrées dans tous les milieux, des hauts diplomates aux groupes rebelles les plus radicaux. Embauché comme conseiller en sécurité, sa mission est de sécuriser les routes en négociant avec les groupes armés. Son salaire s'élève à 75 000 dollars par mois, avec en plus un "budget bakchich".
Des notes de frais bidons
Au sein de l’usine syrienne, entre 80 et 100 000 dollars sont destinés à "arroser" les différentes milices, selon les éléments recueillis par les enquêteurs. De l’argent liquide sort des caisses et passe en fausses notes de frais. Cet argent est ensuite distribué à une multitude de groupes rebelles : Armée syrienne libre, forces kurdes, groupes islamistes.
D’autres témoignages accréditent le fait que Lafarge accepte de payer des djihadistes. Christian Herrault, directeur général adjoint de Lafarge, affirme aux enquêteurs : Daech vient dans la liste des racketteurs.
Il précise que ce racket correspondait à "10% des sommes, l’équivalent de 500 tonnes de ciment". "Est-ce qu’on va tout plier pour 500 tonnes ?" se demande-t-il devant les enquêteurs. Quant à Bruno Pescheux, directeur général de Lafarge Syrie de 2008 à 2014, il explique que "Monsieur Tlass discutait avec les factions rebelles et versait une obole pour que nos employés ne soient pas ennuyés aux différents points de passage." Il ajoute que le montant prévu pour Daech était "de l’ordre de 20 000 dollars".
Un laissez-passer de Daech
Existe-t-il des preuves matérielles de ce racket ? L’enquête a, par exemple, montré qu’en 2014, Daech a voulu récupérer la liste des employés qui travaillaient à l’usine, pour pouvoir les identifier.
Ainsi, le 28 août 2014, le "Monsieur sécurité" de l’usine écrit à son responsable français : "l’Etat islamique veut une liste de nos employés avec leurs cartes d’identité pour pouvoir tous les contrôler et les laisser passer lorsqu’ils se rendent à l’usine."
Les enquêteurs ont également découvert une sorte de laissez-passer officiel, avec le sceau de l’Etat islamique. Lorsqu’il est interrogé à ce sujet, le PDG de l’époque, Bruno Lafont, répond, sur procès-verbal : "Si ça a existé, ça n'a pas existé longtemps, mais je n'étais pas au courant de ça."
Officiellement, Lafarge n’a jamais eu de contact, ni payé Daech.
La sécurité des employés de Lafarge en question
Un fragile "cordon sanitaire" autour de l’usine
Les employés expatriés doivent quitter l’usine Lafarge, au début de la guerre civile. Mais les employés syriens, eux, restent sur place pour faire tourner la cimenterie. Ils sont logés à plusieurs dizaines de kilomètres de leur lieu de travail, à Alep ou à Kobané.
Mais se déplacer reste très dangereux. En octobre 2012, neuf employés de l’usine sont kidnappés sur la route de la cimenterie. Lafarge doit payer une rançon de 200 000 dollars pour les libérer.
En avril 2013, la ville de Raqqa, située à quelques dizaines de kilomètres de la cimenterie, tombe dans les mains de l’organisation terroriste Etat islamique.
Le 29 juin 2014, Abou Bakr Al Bagdadhi proclame l’instauration du califat. Daech revendique un Etat islamique en Syrie.
A ce moment-là, pourtant, la cimenterie n’est pas évacuée. Sur le papier, un "cordon sanitaire" de combattants kurdes est censé protéger l'usine. Mais c’est un cordon très fragile. Au sein de l’usine, l'inquiétude grandit.
Le SOS d’un responsable de l’usine
En juillet 2014, le responsable de la sécurité de l’usine écrit à la direction de Lafarge : "Nous avons besoin de votre aide."
"Nos employés sont très perturbés et inquiets. Ils se sentent comme des prisonniers au sein de l’usine. Nous ne sommes pas capables de les rassurer. Nous ne pouvons pas prévoir comment va évoluer la situation autour de l’usine."
Les employés sont cloîtrés à l’intérieur de la cimenterie. L’usine arrête sa production pendant un mois. Et lorsqu'elle redémarre, le même responsable syrien de l’usine écrit à son patron : "Nous avons repris la distribution dans des conditions très difficiles. Pour te dire la vérité, il y a beaucoup de risques pour ma vie. Je deviens une cible (…) Je ne peux pas voir d’avenir prometteur pour la Syrie. Mon intention de quitter le pays est chaque jour plus ferme."
Réponse de son responsable : "C'est un plaisir d'avoir de tes nouvelles, même si elles sont mitigées. Bonne nouvelle d'entendre que la distribution a repris. Malgré la suspension trop longue des ventes, cela montre que nous pouvons toujours être en activité dans un environnement aussi difficile. Mauvaise nouvelle d'entendre que tu envisages de quitter le pays. As-tu été personnellement menacé ?"
Le 20 septembre 2014, l’usine est attaquée par Daech alors que 27 personnes se trouvent encore dans la cimenterie. Elles parviennent à quitter les lieux par leurs propres moyens. Aujourd'hui, onze de ses anciens salariés syriens décident de saisir la justice française par le biais de l’association Sherpa. Ils estiment que leur employeur ne les a pas protégés.
De son côté, Lafarge explique qu’un plan d’évacuation de l’usine était prêt. Le groupe ajoute que "même si les choses ne se sont pas passées comme prévu, il n’y a eu ni mort ni blessé".
Que savaient la France et l’Etat syrien ?
"C’est le drapeau français"
Aujourd’hui, l’association Sherpa demande l’audition par les juges de l’ancien ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius, et de deux anciens ambassadeurs de France pour la Syrie.
Une demande motivée par les déclarations de plusieurs anciens responsables de Lafarge, devant les enquêteurs. Ainsi, Christian Herrault, directeur général adjoint du groupe, affirme : "On allait voir tous les six mois l’ambassadeur de France pour la Syrie. Personne ne nous a dit : "Il faut que vous partiez". Le gouvernement français nous incite fortement à rester, c’est quand même le plus gros investissement français en Syrie. C’est le drapeau français."
Une version formellement contestée au ministère des affaires étrangères. Une source diplomatique évoque, au contraire, des "mises en garde" faites à Lafarge.
La diplomatie française savait-elle que Lafarge était racketté par des milices armées ? Interrogée sur ce point, Agnès Romatet-Espagne, porte-parole du Quai d’Orsay, dément. Elle était auparavant à la tête de la Direction générale des entreprises au Quai d’Orsay, chargée de suivre les entreprises françaises à l’étranger. Elle affirme avoir vérifié, dans les archives de sa direction de l'époque, s’il existait des échanges entre Lafarge et la diplomatie française, au sujet de la Syrie : "je n'ai rien trouvé", dit-elle.
Des notes confidentielles de l’ambassade
Des contacts ont pourtant existé en 2014. Nous avons pu consulter des notes confidentielles de l’ambassade de France, alors en Jordanie, qui font état de deux entretiens entre le patron de Lafarge Syrie et l’ambassade : le 10 puis le 22 septembre 2014, juste avant et juste après l’attaque de la cimenterie par Daech. Ces notes ne disent rien du racket, mais elles montrent que la France était informée de la gravité de la situation sur le terrain.
Des liens avec la DGSE
Les responsables de Lafarge assurent également avoir été en relation régulière avec les services secrets, notamment la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure), par le biais du responsable de la sécurité pour Lafarge dans le monde, Jean Claude Veillard.
Pour les enquêteurs, l’homme a forcément conservé des contacts dans "les services". C’est ce qu’on comprend dans ce rapport de synthèse des douanes : "Le passé militaire de M. Veillard chez les fusiliers marins, dans les forces spéciales et les commandos laissent présumer des contacts encore très étroits avec la DGSE. Il paraît peu vraisemblable qu’une personne aussi expérimentée ait été si peu au courant de la situation d’une cimenterie dans un pays en guerre".
"Un cheval de Troie" au cœur des combats ?
On peut dès lors se demander si cette cimenterie, située au cœur des combats en Syrie, ne constituait pas un "cheval de Troie" idéal pour récoler des informations du terrain. D’autant qu’à l’époque, le contact les services de renseignement français et syriens était rompu. L’usine de Jalabiya pouvait donc présenter un intérêt stratégique.
L’Etat syrien : un œil sur la cimenterie
L’Etat syrien aussi est forcément en contact avec l’usine Lafarge. Le groupe paye des impôts, des taxes, il a aussi des relations commerciales avec Damas, notamment pour l’achat de matières premières.
Mais ce n’est pas tout. Nous avons découvert que le régime syrien était "coactionnaire" de l’usine Lafarge : sa participation s’élève à 1,33% du capital de l’usine. L’Etat syrien siège donc désormais au conseil d’administration de la cimenterie.
Comment est-ce possible ? Quand Lafarge rachète cette cimenterie avant le début de la guerre civile, une riche famille syrienne est déjà présente au capital. En 2012, cette famille fait défection et devient opposante au régime. Sa part dans l’usine est confisquée par le régime de Bachar al Assad, qui met donc officiellement un pied dans l’usine.
La France le savait-elle ? Une phrase dans un document confidentiel rédigé par le conseiller de l’ambassadeur de France en Jordanie atteste que la diplomatie française était au courant. Ce message de septembre 2014 est transmis à Paris, notamment à la direction générale du Trésor, à la direction générale des entreprises au Quai d’Orsay :
Bien qu’ultra majoritaire, Lafarge doit désormais cohabiter avec l’Etat syrien comme coactionnaire de son usine.
Or, à l’époque, les autorités françaises n’ont pas de mots assez durs pour qualifier le régime de Damas.
Qu’en disent les dirigeants de Lafarge ? Devant les enquêteurs, le PDG à l’époque, Bruno Lafont affirme qu’il ignorait que l’Etat syrien avait des parts dans l’une de ses filiales. En revanche, Bruno Pescheux, directeur de Lafarge Syrie, reconnaît sur procès-verbal que "c’était un sujet d’interrogation. On ne savait pas, dans le contexte qui prévalait, ce que l’Etat syrien comptait faire de cette participation."
Le risque des sanctions internationales
Cette participation de l’Etat syrien dans une filiale de Lafarge constitue-t-elle un risque juridique pour le cimentier, alors que des sanctions internationales ont été prises à l’encontre de la Syrie ?
Selon des experts que nous avons contactés, la présence de l’Etat syrien dans une entreprise française, à l’époque, ne tomberait pas forcément sous le coup des sanctions internationales. C’est l’un des nombreux fils que doit démêler la justice française.
A ce moment-là, les entreprises ne peuvent plus commercer comme avant avec le régime syrien : des embargos visant Damas ont été mis en place par les Nations Unies et l’Union européenne.
Bercy porte plainte
Il faut attendre un article du Monde en juin 2016 (lien abonnés) révélant ces soupçons sur Lafarge pour que le ministère des Finances lance l’alerte.
En septembre 2016, Bercy dépose plainte pour soupçons de commerce avec les terroristes de Daech et contournement des sanctions visant la Syrie.
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Trois juges enquêtent depuis juin 2017, deux du pôle financier de Paris, et un du pôle antiterroriste. Ils travaillent à la fois sur des "soupçons de financement du terrorisme" et sur la possible "mise en danger" des employés.
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Le SUPER Flop pour les investisseurs des introductions en bourse de Paris pour 2018.
Bilan 2018 des introductions :
• 18 Valeurs nouvelles introduites
• 1 en positif depuis l'introduction : Neoen
• 1 sans gains : Audiovalley
• 1 ajournée... Elsalys Biotech
• 15 en perte nette.
La palme des pertes est pour : Oxatis, suivi de près par Navya et Volontis qui perdent entre les 2/3 et les 3/4 de la valeur de souscription des titres...
Le Tableau Bloomberg...
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Pourquoi on n'a plus d'argent pour entrenir le réseau routier de France...
Comment les contribuables se sont faits expropriés de leurs biens autoroutiers...
Chroniques d'un scandale avéré.
Podcast "Secret d'infos" : La privatisation très rentable des autoroutes / Poursuites contre la pollution du diesel
https://www.franceinter.fr/emissions/secrets-d-info/secrets-d-info-15-octobre-2016
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Analyse graphique du morale des ménages (Courbe fourni par l'INSEE) :
Support haussier cassé et retour dans le cartouche de latéralisation au plus bas en vue sur 82.
La chûte va se poursuivre : je dis retour au niveau de 2008...
Maintenant que les français seront équipés de toutes les dernières merdes gouvernementales :
• Transfert de l'imposition des personnes morales sur les personnes physiques
• Radar, limitation à 80,
• Linky, Gazpar, Aquarus,
• Taxe carburant, iniquité de l'impôt,
• Croissance de la pauvreté et destruction du poivoir d'achat des classes moyennes et des bas salaires,
... il va falloir payer l'addition, et ça devrait être CASH...
Reste à la louche : -10 points et ils vont faire mal... Prochain Krack 2022.
Soit 2008 +7 +7 = 2022 (Eh, oui... la malédiction des 7 ans). 2015 ayant donné lieu au krack bousier du CSS de Shanghaï le 24 Août après des révélations de bidonnage des taux de croissance et des chiffres économiques officiels de la Chine. Le journaliste avait d'ailleurs été immédiatement arrêté...
Et donc ça coïncidera avec la fin de mandat... Et on pourrait comme souvent en rechûte casser le support vers 82...
: (
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Message complété le 19/03/2018 10:53:22 par son auteur.
tes comparaisons
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