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Pour le porc basque, un long chemin vers la renaissance


Actualité publiée le 26/02/20 19:55

Des porcelets de la race basque "kintoa" en novembre 2018 dans une ferme à Aldudes (AFP/Archives/IROZ GAIZKA)

Recruter de nouveaux éleveurs, surveiller le patrimoine génétique des animaux: les défis restent nombreux pour assurer la pérennité du porc basque qui a failli disparaître il y a quelques décennies au profit de races plus productives.

Un groupe d'éleveurs passionnés est parvenu à préserver ce porc rustique du sud-ouest de la France, élevé en plein air et mis à l'honneur mercredi au Salon de l'Agriculture, lors du Concours général agricole.

Dans un petit enclos, six cochettes - des femelles qui n'ont pas encore mis bas - déambulent tranquillement, sans prêter attention les unes aux autres, ni aux visiteurs qui les observent derrière les barrières.

Les juges s'affairent autour de chaque animal à la tête et à l'arrière-train noirs, pour évaluer sa couleur, sa taille ou encore la robustesse de ses pattes, cruciale pour évoluer sur les terrains pentus ou accidentés du Pays basque.

"La race est encore menacée, il faut renouveler les générations d'éleveurs, inciter les jeunes et les moins jeunes à s'intéresser à cet animal. Comme il est moins prolifique, il faut lui trouver d'autres qualités que le rendement", explique à l'AFP Arnaud Maintenu, secrétaire de la filière.

Les personnes qui se lancent "adhèrent à notre philosophie de vie", basée sur l'élevage en plein air et à taille humaine, souligne cet éleveur installé à Beyrie-sur-Joyeuse, dans les Pyrénées-Atlantiques, qui présente deux animaux au concours.

On dénombre un peu plus de 70 producteurs de cette race de porc "pie noir du Pays basque", réputée pour la qualité de sa viande et son jambon haut de gamme séché "kintoa". Il a obtenu l'été dernier la reconnaissance d'une Appellation d'origine protégée (AOP) européenne, garantissant la zone et les méthodes de production ancestrales.

Ces éleveurs produisent 4.000 porcs par an, ce qui représente quelque 6.000 jambons. Des chiffres toutefois très modestes par rapport à ceux de l'Espagne voisine, qui produit des millions de jambons chaque année.

- Reproduction surveillée de près -

La filière a dû adopter des mesures draconiennes pour que ses porcs en liberté ne soient pas exposés par accident au virus de la peste porcine africaine véhiculé par la faune sauvage. Pour se développer, elle a besoin en particulier de naisseurs, ces éleveurs chargés de la reproduction des animaux.

"Etre naisseur c'est plus contraignant, mais au moins, votre cochon est chez vous du début jusqu'à la fin", commente auprès de l'AFP Jacques Laby, 56 ans, en attendant que sa cochette soit évaluée.

Pour cet éleveur, qui travaille avec son fils, Bixente, participer au concours général est une vraie fierté.

Après les cochettes, c'est au tour de cinq truies, plus imposantes, d'être jugées. Un peu agitées à leur arrivée dans l'enclos, certaines s'écharpent, avant d'être séparées par des éleveurs.

Outre leur aspect physique, le jury s'intéresse à leur patrimoine génétique.

"Il faut faire très attention à la génétique, on s'est fixé un taux de consanguinité de 14% à ne pas dépasser, ce qui est quand même beaucoup", explique à l'AFP Miren Tristant, technicienne et membre du jury.

"Il faudrait arriver à environ un millier de truies, soit le double de ce qu'on a, pour considérer que la race est sauvée", précise-t-elle. Un travail de longue haleine.

"Le gros travail des naisseurs, c'est de maintenir bas le coefficient de consanguinité", confirme à l'AFP Pierre Urruspil, naisseur, qui participe au concours agricole pour la première fois.

Après avoir travaillé pour l'industrie porcine, cet éleveur de 64 ans, qui s'occupe d'une quarantaine de truies, s'est réorienté vers cette petite filière produisant des produits AOP et offrant une meilleure "sécurité de revenus".

En attendant de pouvoir rentrer chez elle, avec sa plaque de récompense, sa truie Lomendi, du nom d'une colline basque, se repose. Etalée sur le podium, ses longues oreilles noires lui couvrant les yeux.

© 2020 AFP

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