L’élection de Donald Trump en 2024 a marqué un tournant dans la politique commerciale mondiale. Le retour en force des droits de douane, notamment contre la Chine et l’Europe, a immédiatement secoué les indices boursiers. Mais en parallèle, il offre des opportunités malgré les tensions. Les investisseurs, habitués à la mondialisation, doivent désormais composer avec un paysage économique plus divisé, où les barrières commerciales redistribuent les cartes de la croissance. D'autant que les annonces du 2 avril 2025 risquent d'élargir le débat sur l’avenir de la mondialisation.
Dans ce contexte, les marchés actions réagissent par vagues successives : certains secteurs souffrent, tandis que d’autres profitent de cette nouvelle donne. Au-delà des turbulences, une question se pose : la mondialisation est-elle en train de vivre un recul historique, ou simplement une métamorphose ? Pour les investisseurs, l’enjeu est d’identifier les gagnants de ce choc tarifaire et de se positionner sur des actifs résilients, voire bénéficiaires, dans un environnement plus agité.
L'impact des droits de douane sur le marché actions
Les annonces de nouvelles taxes à l’importation par l’administration Trump ont déclenché des réactions en chaîne sur les marchés. Le S&P 500 et le Nasdaq ont connu des corrections, notamment pour les entreprises fortement exposées aux chaînes d’approvisionnement internationales (technologie, biens industriels). À l’inverse, des secteurs comme l’énergie, la consommation de base, la santé et les utilities ont bien résisté ou voire progressé, portés par des politiques protectionnistes qui incitent à un retour à la raison.
En Europe, le STOXX 600 a subi des pressions, en particulier sur les valeurs exportatrices (automobile, luxe). Les craintes d’une guerre commerciale prolongée risqueraient de peser sur les pays émergents. D'autant que le tableau montré par Donald Trump lors de son intervention les vise particulièrement.
Si les pays concernés ne négocient pas pour alléger la pression douanière, trois effets majeurs se profilent : une réallocation sectorielle favorisant les entreprises locales (utilities, santé) et celles soutenues par les États (énergies vertes, infrastructures) ; une fragmentation des chaînes logistiques, avec des délocalisations vers des pays épargnés par les taxes (Mexique, Asie du Sud-Est) ; et une hausse des coûts, alimentant l’inflation importée et érodant les marges, ce qui pourrait déclencher des révisions à la baisse des bénéfices dans les secteurs les plus exposés.
La mondialisation redessinée
Les droits de douane trumpiens ne sont pas qu’une question économique. Ils symbolisent un rejet croissant de l’interdépendance commerciale. Les accords multilatéraux (ALENA, OMC) sont remis en cause, au profit d'accords bilatéraux souvent inéquitables. Cette dynamique menace les pays exportateurs (Allemagne, Chine, Mexique), mais aussi les multinationales ayant basé leur modèle sur des flux transfrontaliers comme Apple (AAPL) et Nike (NKE)
Pourtant, la mondialisation ne disparaît pas : elle se recompose. Les entreprises accélèrent leur diversification géographique (Vietnam, Inde remplacent partiellement la Chine), tandis que les pays développés relancent des industries stratégiques (semi-conducteurs, pharmacie). Cette transition, coûteuse à court terme, pourrait créer de nouveaux gagnants à long terme.
Où placer votre argent dans un monde agité ?
Face aux tensions commerciales et aux barrières douanières, certaines classes d’actifs émergent comme des paris solides. L’or et les métaux précieux, traditionnellement haussiers en période d’incertitude, offrent une couverture naturelle contre la volatilité. Parallèlement, les matériaux critiques comme le cuivre et le lithium, indispensables à la transition énergétique, profitent des largesses des plans gouvernementaux, à l’image de l’Inflation Reduction Act américain. Ces actifs tangibles devraient rester en demande, quelle que soit l’évolution des relations commerciales.
La relocalisation des chaînes d’approvisionnement crée aussi des gagnants bien identifiés. Les géants du BTP et des infrastructures, comme Vinci (DG) ou Caterpillar (CAT), bénéficient des milliards injectés dans les projets industriels nationaux. Dans le même temps, les entreprises de haute technologie et de défense, telles que Lockheed Martin (LMT) ou ASML Holding (ASML), surfent sur les restrictions à l’exportation vers la Chine, consolidant leur domination sur des marchés stratégiques. Ces secteurs captent une part croissante des budgets publics et privés, offrant une visibilité rare en temps de turbulence.
Enfin, certaines actions résistent mieux aux soubresauts géopolitiques. Les entreprises du secteur de la santé et de la consommation courante – Johnson & Johnson (JNJ) ou Unilever (ULVR) en tête – affichent une résilience historique, leur demande restant stable malgré les conflits commerciaux. Les small caps domestiques présentent aussi un risque moindre que les multinationales, moins exposées aux retournements des politiques douanières. Pour les investisseurs, c’est une chance de diversifier sans trop sacrifier la performance.
Conclusion : S'adapter pour survivre
L’ère Trump 2.0 marque un tournant pour les marchés : moins prévisible, plus conflictuelle, mais pas dénuée d’opportunités. Les investisseurs doivent privilégier la flexibilité – diversification géographique, focus sur les secteurs résilients – et garder un œil sur les politiques monétaires, qui pourraient compenser partiellement l’impact des droits de douane.
Dans ce paysage divisé, une chose est sûre : le protectionnisme n’est pas une tempête passagère, mais une tendance lourde à intégrer dans vos choix d'investissement à long terme. Aux investisseurs de saisir les asymétries créées par ce choc.